John Fahey, président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), a déploré les faibles «moyens financiers» consacrés à la lutte antidopage, en clôturant jeudi la série d'auditions menée par la commission d'enquête sénatoriale française sur l'efficacité de cette lutte.

«La lutte antidopage manque de moyens financiers. Comment peut-on lutter efficacement avec un budget de 28 millions de dollars - le budget de l'AMA?», s'est-il interrogé.

«Ce n'est pas réaliste. Si nous voulons protéger la santé de nos jeunes athlètes et les rêves de tous ceux qui pratiquent le sport proprement, il nous faut augmenter nos sources de financement, trouver de nouvelles sources directes ou indirectes.»

M. Fahey, qui quittera en novembre la tête de l'AMA après six ans de présidence, a par ailleurs plaidé pour la pénalisation de la consommation de produits dopants, mesure qu'il ne peut pourtant pas «exiger d'États souverains.

Le Parlement norvégien vient de pénaliser la consommation et la détention de produits dopants et je m'en félicite. Plus les lois sont contraignantes, plus la lutte est efficace.»

John Fahey était la dernière personnalité à s'exprimer devant les sénateurs français. Au total, plus de 80 personnes auront été auditionnées par la commission d'enquête depuis ses débuts, il y a trois mois, lançant parfois des pavés dans la mare à l'instar de Françoise Lasne, directrice du laboratoire national antidopage de Chatenay-Malabry (près de Paris), qui avait déclaré le 27 mars que le rugby était le sport le plus touché par le dopage.

L'émoi provoqué dans le monde du rugby avait été décuplé fin mai par les propos tout aussi accusateurs de l'ex-international français Laurent Bénézech.

Laurent Jalabert, Didier Deschamps et Jeannie Longo, auditionnés à huis clos, Travis Tygart, patron de l'agence américaine antidopage, ont chacun leur tour créé l'événement devant les sénateurs qui disposent désormais d'un mois pour rédiger un rapport attendu le 10 juillet pour validation, le 18 pour publication.

Auditionnée mercredi, la ministre des sports française Valérie Fourneyron a confirmé que ce texte serait l'une des références du volet antidopage de la loi-cadre sur le sport qu'elle présentera fin 2013.