L'Agence mondiale antidopage (AMA), qui réunit ses instances dirigeantes ce week-end à Montréal, se retrouve confrontée à la piètre efficacité de la lutte antidopage, qui dépense chaque année des millions de dollars en contrôles pour n'arriver qu'à 1% de cas positifs.

Certes, l'ennemi public N.1, le cycliste américain Lance Armstrong, a fini par être démasqué, déchu de ses titres du Tour de France et totalement discrédité, avant tout grâce à la ténacité d'un homme, Travis Tygart, le patron de l'Agence antidopage américaine (USADA).

Mais au lieu de susciter un nouvel élan, la chute de l'ex-patron du peloton n'a fait que raviver de vieilles querelles souvent très personnelles et creuser les divisions entre la direction de l'AMA, le mouvement sportif emmené par le Comité international olympique (CIO) et les organisations antidopage gouvernementales.

Si le cas Armstrong est réglé, un autre gros front, l'affaire Puerto, en Espagne, n'a toujours pas livré tous ses secrets et pourrait surtout ne jamais le faire.

Le procès du Dr Fuentes, spécialiste en transfusions sanguines pour sportifs, vient de se solder par un nouveau camouflet infligé par la justice espagnole à l'AMA et aux autres parties civiles.

Elles devront ainsi batailler à nouveau devant les tribunaux pour éviter que les quelque 200 poches de sang saisies en 2006 dans l'officine du médecin ne soient détruites avant de livrer l'identité de leurs mystérieux destinataires.

Mais la réalité principale de la lutte antidopage émane des statistiques. 243 193 échantillons de contrôles antidopage ont été analysés en 2011 et seulement 1,2 % ont présenté un résultat anormal. Ce qui signifie que moins de 1% ont donné lieu à un contrôle positif (prononcé après vérification que l'athlète ne souffrait pas d'un éventuel problème médical ou ne disposait pas d'une autorisation d'usage d'un produit à des fins thérapeutiques).

Entre 2007 et 2011, c'est pourtant 1,2 milliard de dollars qui fut dépensé au total dans les contrôles, selon des estimations.

Alors que le directeur général de l'AMA, le Néo-Zélandais David Howman, a maintes fois fait valoir que seuls les «dopey dopers» («les dopés simplets») tombaient dans les mailles du filet, une commission ad hoc chargée d'évaluer l'efficacité des programmes antidopage remettra ses conclusions au comité exécutif qui se réunit à huis clos samedi.

Cette commission, qui parmi ses membres compte le premier président de l'AMA, le Canadien Dick Pound, peu adepte de la diplomatie, devrait pointer ce qui ne va pas à tous les étages.

Mais plusieurs au sein des fédérations sportives internationales, agacés par les montants engagés dans cette lutte et qui voudraient un engagement plus fort en faveur du développement de leurs sports, réclament surtout une nouvelle approche de la lutte antidopage. Ils comptent sur le prochain président de l'Agence pour l'insuffler alors que l'actuel patron, John Fahey, arrive à bout de cycle.

D'autant plus que le successeur de l'ancien ministre des Finances australien, qui sera choisi lors de la conférence sur le dopage dans le sport à Johannesburg mi-novembre, sera issu cette fois du monde du sport, comme le veut l'équilibre entre mouvement sportif et gouvernements qui composent à parts égales les instances dirigeantes de l'AMA.

Comme candidat probable au poste, le nom du Britannique Craig Reedie, membre du CIO, est déjà régulièrement avancé. Si c'était le cas, l'AMA poursuivrait alors sa série de patrons anglo-saxons.