Le gouvernement fédéral doit laisser entièrement au secteur privé le soin de financer les installations d'équipes sportives professionnelles au pays. Injecter des fonds publics dans une telle aventure comporte trop de risques pour les contribuables.

Telle est la conclusion sans appel d'un rapport rédigé pour le compte du fonds PPP Canada dans la foulée de la controverse entourant le refus du gouvernement Harper de participer au financement de la construction du nouveau Colisée à Québec.

«Dans le cas des installations sportives professionnelles, à cause de leur ampleur et de leur complexité, le secteur public devrait, au départ, transférer au secteur privé les risques liés à la conception, à la construction, à l'exploitation et à l'entretien, à moins que l'analyse de rentabilité tire une conclusion contraire», affirme-t-on dans ce rapport d'une trentaine de pages que La Presse a obtenu.

«Si elles sont viables, les installations sportives professionnelles devraient être des infrastructures privées. Ce modèle est le meilleur pour le contribuable.»

Après des mois de tergiversations, le gouvernement Harper a confirmé il y a trois semaines qu'il n'investira pas dans la construction du Colisée, dont le coût est évalué à 400 millions de dollars, faute d'une participation substantielle du secteur privé.

Le gouvernement de Jean Charest s'est quand même engagé à payer la moitié de la facture jusqu'à concurrence de 200 millions. La Ville de Québec compte y injecter 187 millions et le groupe J'ai ma place entend y investir les 13 millions de dollars recueillis jusqu'ici.

Après l'annonce du refus d'Ottawa, le maire de Québec a affirmé que cette décision était «suicidaire» pour les députés conservateurs de la région.

De passage à Québec, la semaine dernière, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a affirmé qu'il serait prêt à participer financièrement au projet du Colisée s'il prend le pouvoir aux prochaines élections.

Ratés spectaculaires

Dans le rapport intitulé Modèles de construction destinés aux installations sportives professionnelles, on prend soin de rappeler que des installations sportives financées à 100% par les gouvernements dans le passé ont connu des ratés spectaculaires.

«Le Stade olympique à Montréal représente un cas type d'installation sportive entreprise dans le cadre d'un modèle traditionnel, où le risque associé aux coûts générés par des défauts de conception et des travaux importants d'entretien et de remise en état s'est concrétisé au détriment des contribuables», affirme-t-on.

«L'expérience avec la conception défectueuse du toit et les coûts subséquents d'entretien et de réparations importantes au Stade olympique à Montréal représente un très bon exemple des raisons expliquant que les risques ne devraient pas être assumés par les contribuables», ajoute-t-on.

Crée en 2009 par le gouvernement Harper, le fonds PPP dispose d'un budget de 1,2 milliard en cinq ans pour soutenir des projets en partenariat avec les provinces, les municipalités, les Premières Nations et le secteur privé. À ce jour, seulement un tiers de cette somme a été dépensé. La contribution maximale du fonds PPP à un projet est de 25% des coûts admissibles.

Demandes rejetées

Deux villes - Regina et Hamilton- ont soumis une demande au fonds PPP Canada pour financer une partie des travaux de construction de leurs installations sportives. À Regina, on souhaite construire un nouveau stade avec un toit pour les Roughriders de la Saskatchewan. Mais ces demandes ont été rejetées puisque les modalités du fonds PPP excluent le financement des installations principalement utilisées par des équipes sportives professionnelles.

La Ville de Québec n'a jamais soumis de demande au fonds PPP. Mais dans le rapport, on se permet d'analyser les frais supplémentaires qui devraient être exigés pour rembourser le coût d'immobilisation.

«En supposant une participation annuelle allant de 1 million à 1,5 million de personnes (ce qui exigerait une équipe de la LNH), un taux d'intérêt de 5% et un coût d'immobilisation de 400 millions de dollars, des frais supplémentaires moyens allant de 17$ à 26$ par billet seraient nécessaires pour rembourser le coût d'immobilisation sur une période de 30 ans. Cela n'a pas été confirmé, mais nous comprenons que Québec envisage une taxe sur les billets afin de rembourser la subvention qu'elle offre.»