(Montréal) Les niveaux sanguins des acides gras tels que les oméga-3 et les oméga-6 jouent un rôle dans l’âge des premières menstruations et de la ménopause, a démontré une étude dirigée par la Dre Despoina Manousaki, endocrinologue et chercheuse au CHU Sainte-Justine.

Cette découverte pourrait avoir un effet bénéfique pour les femmes qui ont une puberté ou une ménopause précoce.

La Dre Manousaki et son équipe soutiennent l’hypothèse que des suppléments d’oméga-3 et oméga-6 pourraient protéger celles qui sont plus à risque d’avoir une ménopause à un jeune âge.

L’âge moyen de la ménopause est de 50 ans. On parle de ménopause hâtive dès l’âge de 45 ans et de ménopause précoce avant 40 ans, a expliqué Dre Manousaki.

Pour valider les bienfaits des acides gras dans ce contexte, des études cliniques sont toutefois nécessaires. « On ne peut pas le conclure sur la base de nos données, mais c’est sûrement une évidence de plus qui soutient ce type d’études qui sont indispensables avant de pouvoir conclure qu’en effet une supplémentation en oméga-3 ou oméga-6 peut avoir un effet bénéfique », a indiqué la chercheuse.

Ses résultats pourraient faire avancer les choses. « Par exemple si une compagnie pharmaceutique devait investir sur un essai clinique randomisé, il faut avoir l’évidence que cet essai randomisé va apporter les résultats attendus », explique-t-elle. De futurs essais cliniques pourraient s’appuyer sur son étude.

Si des compagnies pharmaceutiques s’intéressent davantage au rôle des acides gras, cela pourrait changer la vie de millions de femmes à travers le monde. En validant ces bénéfices sur la ménopause, les femmes auraient accès à une intervention peu coûteuse améliorant leur santé.

Les effets de l’obésité

Les résultats de la Dre Manousaki et son équipe s’appuient sur l’analyse d’une base de données comprenant des centaines de milliers de femmes. Ces cohortes issues de collaboration internationale ont pu fournir des informations génétiques et des données cliniques.

« Notre objectif était d’identifier des métabolites, c’est-à-dire des substances qui sont des produits du métabolisme et qui circulent dans le sang, sur la longévité de la reproductivité des femmes, qui est définie par l’âge des premières menstruations, ce qu’on appelle l’âge à la ménarche, et l’âge de la ménopause », décrit Dre Manousaki.

Elle a également examiné l’impact de l’obésité sur la puberté et la ménopause. « On a fait ceci parce qu’on sait que l’excès pondéral prédispose à une puberté précoce chez la fille (et) des études ont lié l’obésité avec une ménopause précoce », affirme la chercheuse.

À propos de l’âge des premières menstruations, elle a découvert un probable effet de l’excès de poids qui expliquerait le lien entre ce métabolite et l’âge à la ménarche. « Ces acides gras pourraient retarder l’âge des premières menstruations, dit-elle. En même temps, […] puisqu’il y a un effet de l’obésité qu’on a retrouvé dans cette association, je dirais qu’on a moins d’évidence qu’une supplémentation sur les petites filles pourrait les protéger contre une puberté précoce. »

L’âge moyen des premières menstruations chez la fille est de 12,5 ans, mais entre 10 ans et 15 ans cela peut être considéré comme normal.

Il existe d’autres facteurs qui influencent l’âge des premières règles et de la ménopause, dont la génétique. Les filles dont des membres de leur famille ont eu des pubertés précoces sont prédisposées à l’être aussi et la même chose s’applique pour la ménopause.

Il y a également certaines maladies ou des médicaments qui peuvent intervenir sur le processus physiologique. La nutrition, l’exercice et d’autres habitudes de vie ont aussi un impact. D’autres facteurs comme des perturbateurs endocriniens ou autres substances qui sont présents dans le plastique, dans les aliments et dans l’environnement en général peuvent avoir un effet sur l’âge de puberté chez les filles et les garçons.

Il y a de plus en plus d’évidence que la ménopause ou l’âge à la ménarche précoce ont des effets néfastes sur la santé, a indiqué Dre Manousaki. Par exemple, il existe des risques accrus de développer des problèmes psychologiques, de croissance, des maladies cardiométaboliques ou certains types de cancer.

« Cette connaissance renforce l’importance de faire des études pour tester l’efficacité de certaines interventions pour modifier la longévité reproductive des femmes », conclut la chercheuse.

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