(Paris) Dries Van Noten, un des créateurs les plus poétiques du monde de la mode, se mettra en retrait en juin, un mois après son 66e anniversaire, en signant une dernière collection printemps-été 2025 pour hommes.

« Je prépare cette décision depuis un moment et je sens qu’il est temps de laisser la place à une nouvelle génération de talents pour apporter leur vision à la griffe », a confié mardi le styliste belge dans une lettre ouverte, après presque quarante ans aux commandes de sa griffe.

« Au début des années 80, en tant que jeune Anversois, je rêvais de faire ma place dans la mode. […] Ce rêve est devenu réalité. Désormais, je veux me concentrer sur toutes les choses pour lesquelles je n’ai jamais eu le temps. Je suis triste, mais en même temps heureux », écrit celui qu’on surnomme le « maître flamand ».

Installé dans la mode depuis les années 80 et unanimement respecté dans le microcosme sans être devenu connu du grand public, « DVN » a présenté sa première collection à Londres, en 1986, avec le groupe des « Six d’Anvers » (Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Dirk Van Saene, Walter Van Beirendonck et Marina Yee), aujourd’hui encore synonyme d’avant-garde.

Dries Van Noten s’est imposé pour un talent précis : la maîtrise de la construction du vêtement, et le goût des tissus et des imprimés, en particulier des fleurs.

« Je suis un jardinier, donc automatiquement les fleurs, ça revient partout : les fleurs symboliques, simplement leurs couleurs, ou bien les fleurs réelles », expliquait-il à l’AFP en 2014.

Fin février à Paris, où il défile depuis 1993, il s’est distingué avec une collection femme automne-hiver 2024 marquée par une touche de rêve coloré, en pastel et silhouettes amples comme des vêtements de nuit et des sacs doux comme des peluches, le tout présenté dans un chantier de construction parisien.

« Comblé »

PHOTO SCOTT A GARFITT, ARCHIVES INVISION/ASSOCIATED PRESS

Fin février à Paris, il s’est distingué avec une collection femme automne-hiver 2024 marquée par une touche de rêve coloré, en pastel et silhouettes amples comme des vêtements de nuit et des sacs doux comme des peluches, le tout présenté dans un chantier de construction parisien.

Les collections qui suivront, dont celle de la femme printemps-été 2025, seront réalisées par l’équipe de son studio avec qui il travaille depuis des années.

« Le moment venu sera annoncé le (nom du) créateur qui poursuivra l’histoire de la maison », a indiqué Dries Van Noten, diplômé de la Royal Academy of Art d’Anvers.

« La femme Dries Van Noten est tendre et forte à la fois », a résumé Suzy Menkes, célèbre rédactrice de mode (Vogue, Herald Tribune, NY Times…), sur Instagram.

En 2018, le groupe de luxe Puig a pris une participation majoritaire dans la griffe qui développe aussi des produits de beauté et des parfums.

Dans la lettre annonçant son retrait, Dries Van Noten remercie notamment ses fournisseurs de tissus et d’accessoires, ses ateliers et brodeuses en Inde, mais aussi ses clients : « voir mes vêtements portés m’a comblé, au-delà des mots ».

En 2014, le musée des Arts décoratifs de Paris a consacré une exposition à Dries Van Noten, en plongeant dans les multiples sources d’inspiration du styliste.

« Le point de départ d’une collection peut être très littéral ou bien abstrait : une peinture, une couleur, la pensée de quelqu’un, tout finalement… », expliquait alors à l’AFP Dries Van Noten, qui s’est beaucoup nourri de ses voyages (l’Inde…) et de l’art, avec une collection restée dans les annales de la mode, inspirée de l’œuvre de Francis Bacon en 2009.

Fils et petit-fils de tailleurs d’Anvers, le styliste a ouvert sa première boutique en 1989 dans la capitale mondiale du diamant. La griffe s’appuie désormais sur 500 points de vente à travers le monde.

En 2008, Dries Van Noten a été sacré « créateur international de l’année » par le Conseil américain des stylistes de mode. Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres en France, il a été fait baron par la Maison royale de Belgique.