(Marseille) La savonnerie Fer à Cheval, la plus ancienne savonnerie de Marseille, va progressivement abandonner l’huile de coprah pour produire des savons 100 % huile d’olive, un « retour aux sources » pour l’entreprise comme un moyen de réduire son empreinte carbone.

L’authentique savon de Marseille en cube est censé être cuit au chaudron et ne contenir que quatre ingrédients : 72 % d’huiles végétales, de la soude, du sel marin et de l’eau. « Seulement des huiles d’olives pures, et sans mélange de graisse, sous peine de confiscation des marchandises », précisait l’édit de Colbert pour les manufactures de savon en 1688.

Sauf que depuis la fin du XVIIIe siècle et l’arrivée des huiles exotiques dans le port de la deuxième ville de France, les savonniers se sont mis à utiliser de l’huile de coprah (issue de la noix de coco mais sans l’odeur) ou de l’huile de palme afin « de faire mieux mousser et de solidifier les savons plus facilement », a expliqué Stéphanie Guilbaud, la directrice marketing de la Savonnerie Fer à cheval lors d’une conférence de presse jeudi.

D’ici 2022, la marque va donc passer en 100 % olive tous les produits de sa gamme principale à base d’huile d’olive (ceux de couleur verte) qui contenaient encore une part d’huile de coprah, soit 90 tonnes d’huiles exotiques importées en moins par an.

Il s’agit d’un « retour aux sources » comme d’une façon de diminuer ses émissions de CO2, en s’approvisionnant en huiles de grignons d’olives en Espagne, Maroc ou Italie, a expliqué Mme Guilbaud.

PHOTO CHRISTOPHE SIMON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Ce passage en 100 % huile d’olive est une première parmi les quatre dernières savonneries de Marseille et de Salon-de-Provence qui fabriquent toujours au chaudron selon le procédé ancestral.

L’huile de grignons d’olives est un sous-produit de l’huile d’olive disponible uniquement chez les gros oléiculteurs, et donc pas en France, a justifié Mario Pontarollo, directeur commercial de la Nouvelle compagnie des détergents et du savon de Marseille, propriétaire de Fer à Cheval, savonnerie fondée en 1856 dans les quartiers Nord et aujourd’hui labellisée Entreprise du patrimoine vivant.

La savonnerie va toutefois continuer à utiliser des huiles de coprah ou palme sur ses autres gammes (les savons beiges), qui représentent moins de 20 % de ses ventes.

Ce passage en 100 % huile d’olive est une première parmi les quatre dernières savonneries de Marseille et de Salon-de-Provence qui fabriquent toujours au chaudron selon le procédé ancestral, affirme l’entreprise.

Au bord de la liquidation en 2013, la Nouvelle compagnie des détergents et du savon de Marseille a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 7,8 millions d’euros et emploie désormais 40 personnes pour une production annuelle de 1200 tonnes, dont un million de savons à l’huile d’olive.

Le savon de Marseille n’a toujours pas obtenu l’Indication géographique protégée (IGP) en raison de différends dans la profession autour d’un cahier des charges. Les puristes excluent tout ajout de parfum et exigent une cuisson au chaudron, ce qui est contesté par d’autres producteurs.