Maddie, 62 ans, est une de nos meilleures nageuses. Elle enfile les longueurs calmement, à son rythme, avec une technique impeccable. Je suis jaloux de sa forme physique.

(Re)lisez la première partie du bédéreportage

ILLUSTRATION ANDRÉ RIVEST, LA PRESSE

Mais pas de sa situation.

Maddie est amusante et il est agréable de converser avec elle. De sorte qu’il faut s’attarder pour voir un dysfonctionnement chez elle. Elle n’a que de la difficulté à s’organiser et à prendre les bonnes décisions. Elle tire le diable par la queue. Elle a peiné à éduquer ses enfants, à conserver un emploi et à suffire à ses besoins. Elle préfère consacrer ses maigres revenus à se faire tatouer une licorne sur la cheville plutôt qu’à consulter le dentiste.

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Sa candeur en fait une proie facile. Récemment, elle a été expulsée de son logis, ce qui l’a plongée dans une itinérance momentanée. Après une période d’accueil dans des refuges temporaires, des organismes caritatifs lui ont finalement trouvé un lieu pour crécher. Destiné aux personnes âgées, l’environnement n’est pas parfait pour elle, mais c’est nettement mieux qu’un banc de parc.

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Comme elle n’est pas lourdement handicapée, Maddie n’a pas eu droit à des services adaptés complets pour améliorer sa condition. Les personnes fortement atteintes sont prises en charge et on essaie de les outiller le mieux possible dès l’enfance. Maddie est juste à la limite. Elle souffre plus des conséquences de l’ignorance et de la pauvreté que de troubles cognitifs. Ce qui fait que son état n’a jamais été une réelle priorité. Pourtant, elle est celle qui utilise le plus les services d’urgence. Les économies d’hier coûtent cher aujourd’hui et engendrent des conséquences désastreuses.

Si seulement elle pouvait être aussi en contrôle dans la vie que dans la piscine. Admirable Maddie.

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Des gens de cœur

Chaque athlète mériterait un chapitre. La gentille Cindy – la mère de tous les athlètes –, Marilou, qui trouve toujours l’eau trop froide… Mais il faut rendre hommage à tous les merveilleux bénévoles qui entourent le club. Chacun apporte son cœur chaque semaine. Rien de cela ne serait possible sans Alain, l’entraîneur-chef depuis des millénaires. Il est le seul entraîneur véritablement compétent, on n’ose penser à ce qui arrivera lorsqu’il n’y sera plus. C’est souvent le cas pour les activités pour handicapés qui ne tiennent souvent qu’à un fil… ou à un entraîneur dévoué.