La météo est souvent un sujet de prédilection lorsqu’on échange des banalités. Mais pour certains, la météo n’a rien de banal : c’est une véritable passion. Quelques mordus ont même créé des groupes où des dizaines de milliers d’abonnés s’enthousiasment au sujet de prévisions et d’autres phénomènes spectaculaires. Nous en avons rencontré.

C’est le cas du Saguenéen Jimmy Desbiens, qui est derrière le site web Météo Chicoutimi. Bien qu’il ne se targue pas lui-même d’être une référence pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, sa page Facebook est suivie par 55 000 personnes.

L’autodidacte relaie à ses abonnés des prévisions et des observations très locales, qui diffèrent souvent de celles des réseaux nationaux. Avec raison, puisque Jimmy Desbiens a de nombreuses stations météo – 25 pour l’instant – qui couvrent un grand territoire allant de Girardville à L’Anse-Saint-Jean.

PHOTO MICHAEL THIBEAULT, FOURNIE PAR JIMMY DESBIENS

Jimmy Desbiens, qui est derrière Météo Chicoutimi

La région manquait de données puisqu’elle compte seulement deux stations météo publiques qui diffusent de l’information 24 heures par jour, 7 jours sur 7.

« On a le lac Saint-Jean qui crée ses phénomènes à lui. On a le parc des Laurentides qui est un monstre de prévisions météo. Il y a les monts Valin qui sont autre chose et il y a le fjord du Saguenay qui nous crée aussi d’autres types de météos », explique Jimmy Desbiens.

Passionné depuis son enfance des phénomènes météo, il s’est mis à faire des prévisions et des observations qu’il publiait sur sa page Facebook personnelle. « À un moment, j’avais trop de demandes d’amis. Ça a pris tellement d’ampleur que j’ai ouvert une page publique », relate-t-il.

« Je carbure à l’émotion et au thrill, affirme Jimmy Desbiens. Mettons qu’il y a une semaine où il ne se passe rien, je vais me fatiguer. J’ai envie d’avoir de l’action. » Si une semaine d’hiver est trop tranquille, on pourra d’ailleurs voir Jimmy Desbiens chercher les tempêtes. Le passionné se targue au moins d’avoir une « micro-expertise dans un microclimat qu’est la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean ».

Météo hyperlocale

« Les amateurs apportent de la précision très locale », souligne Célini Ehret. Le directeur d’une équipe de développement de logiciels web possède pour sa part ses propres stations météo chez lui, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Il diffuse ses prévisions – et plusieurs autres données – sur son site web et son compte Twitter.

  • Célini Ehret examine sa station météo au sol, qui permet de relever la température et l’hygrométrie de l’air ambiant, mais aussi la pression atmosphérique et la quantité de précipitations. Les données sont envoyées en temps réel vers la console.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Célini Ehret examine sa station météo au sol, qui permet de relever la température et l’hygrométrie de l’air ambiant, mais aussi la pression atmosphérique et la quantité de précipitations. Les données sont envoyées en temps réel vers la console.

  • « La console météo est le point névralgique de la station météo, affirme Célini Ehret. Les données des différents capteurs sont transmises à la console par ondes radio toutes les 2,5 secondes. Cette dernière est reliée à un ordinateur pour traitement des données, puis pour diffusion vers le site web. »

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    « La console météo est le point névralgique de la station météo, affirme Célini Ehret. Les données des différents capteurs sont transmises à la console par ondes radio toutes les 2,5 secondes. Cette dernière est reliée à un ordinateur pour traitement des données, puis pour diffusion vers le site web. »

  • Le « tube à neige » permet de mesurer la hauteur de neige et de déterminer la densité du manteau neigeux. « Les relevés sont effectués manuellement et quotidiennement », indique Célini Ehret.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Le « tube à neige » permet de mesurer la hauteur de neige et de déterminer la densité du manteau neigeux. « Les relevés sont effectués manuellement et quotidiennement », indique Célini Ehret.

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Plusieurs personnes lui demandent si celles-ci sont meilleures que MétéoMédia. « Je réponds toujours : ‟Je vous laisse regarder et comparer mes prévisions avec les autres. » » Il a néanmoins quelques avantages, indique-t-il. « Je rafraîchis les données toutes les 15 minutes et je couvre seulement Montréal. »

C’est avec le pluviomètre de son père que Célini Ehret a développé sa fascination pour la météo. « J’ai continué à me questionner, pourquoi il fait beau aujourd’hui et pourquoi il pleut demain », illustre-t-il. Et toutes les variables possibles l’intéressent, que ce soit le vent et ses directions, la température, la quantité des précipitations ou l’intensité solaire.

Sa motivation : « avoir les prévisions les plus exactes », dit-il. La météorologie est une science, mais les prévisions sont une science inexacte. « On est incapable de prévoir trois semaines d’avance, explique Célini Ehret. On est capable de dire la météo dans les trois prochaines heures, mais ça demande déjà deux ou trois journées de calculs. Pour avoir des prévisions à long terme, c’est exponentiel. »

Sa passion, il la partage avec d’autres mordus qui se retrouvent notamment sur des forums de discussion. « On peut parler d’observations, de prévisions avec des cartes à l’appui. Ça aide aux connaissances. » Mais « il faut rester humble », convient-il.

Célini Ehret, qui est originaire de France, fait remarquer que l’intérêt pour la météo est grand au Québec. « Elle fait partie du quotidien, et ici, c’est tellement varié », expose-t-il.

Un intérêt fédérateur

« Tout le monde trouve son compte » sur le groupe Facebook Amateurs de météo, croit son administrateur Éric Tourangeau. Ceux qui s’y connaissent peu, mais qui sont curieux, tout comme les météorologues, indique-t-il.

Éric Tourangeau se considère comme un photographe météo, « la chasse à l’orage vient avec », précise-t-il. C’est pour faire partager ses clichés qu’il a créé un site web en 1996. Ce dernier a rapidement attiré l’attention d’autres amateurs de phénomènes météorologiques.

Ils sont maintenant presque 37 000 membres du groupe Facebook à publier principalement des photos, mais aussi des vidéos ou des questions sur la météo. Quand il y a des phénomènes particuliers, Éric transmet quelques observations, mais il souligne chaque fois qu’il s’agit d’une prévision d’un amateur.

« J’explique simplement les trucs, je pense que c’est ce que le monde aime et je mets aussi un peu d’humour », raconte Éric Tourangeau, qui ne « veut en aucun cas prendre la place d’un météorologue ». Et pour les questions plus pointues ? « Plusieurs personnes qui s’y connaissent plus répondent aux questions », dit-il.

L’administrateur du groupe aimerait que les gens prennent le temps d’observer et d’apprécier la beauté des phénomènes météorologiques. Pas besoin de faire comme lui et de passer des nuits blanches (ou presque) pour chasser les orages. « Je veux juste que les gens regardent autour d’eux », dit-il.

Consultez le site web de Météo Chicoutimi Consultez le site web de Célini Ehret Consultez le groupe Facebook Amateurs de météo