L’accueil des Twins dans le gymnase de l’école primaire Jules-Verne à Montréal-Nord a été spectaculaire. D’un seul coup, les élèves de 5e et 6e année qui attendaient assis sagement ont bondi sur leurs pieds en hurlant « Les Twins ! », puis les ont accompagnés jusqu’à la scène, sous des cris de joie.

Cet enthousiasme débordant a duré pendant plus de trois heures. Le célèbre duo de danseurs, Laurent et Larry Bourgeois, qui sont aussi juges à l’émission Révolution à TVA, ont donné un atelier sur les bienfaits de la danse, rempli d’émotions.

Chaleureux et drôles, Les Twins ont parlé aux élèves de leur parcours qui n’a pas été facile, de leur rêve et de leur grande motivation à devenir les meilleurs danseurs du monde (ils ont dansé avec Beyoncé et Jay-Z).

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Laurent Bourgeois a impressionné les élèves.

Le duo vient de Sarcelles, une banlieue au nord de Paris. « On a grandi dans un ghetto, un milieu difficile et dangereux. On a 33 ans [aujourd’hui 34 ans], il n’y avait pas de gymnase dans notre école, et quand il y en avait un dans le quartier, les gens cassaient les vitres et le gymnase fermait. Nous étions neuf enfants à la maison avec notre maman, sans papa. Je m’habillais avec les vêtements de mes sœurs, car on n’avait pas d’argent, alors on avait les vêtements des plus grands », explique Laurent, devant les élèves très attentifs.

« La danse, c’était vraiment ma raison de vivre, je dansais avant même de marcher ! Je me suis dit : je dois réussir, je veux être reconnu, être le meilleur, c’est ma plus grande motivation », ajoute-t-il.

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Laurent Bourgeois menant un exercice de motivation avec les jeunes

Les Twins proposent alors un exercice sur la motivation et demandent à des enfants de courir sur place, en soutenant leurs efforts. Il est ensuite question de redonner confiance en soi grâce à la danse, de surmonter les problèmes et de croire en ses rêves.

Pour Les Twins, il est essentiel de redonner à la communauté et d’aller à la rencontre des enfants avec ces ateliers. Ils se sont associés au Réseau d’écriture jeunesse (Kids Write Network), un programme de soutien qui utilise l’art pour améliorer la santé mentale des jeunes.

Se défouler

« Ceux qui perturbent la classe, levez la main », lance Larry. Devant un éclat de rire général, et quelques mains levées, il poursuit : « J’étais un enfant perturbateur parce que j’avais l’impression de ne pas exister, et faire des bêtises, c’était une façon de me rendre visible, parce que je voulais qu’on me regarde. Quand on a un problème, mon frère et moi, on danse. C’est notre manière de nous exprimer », dit-il aux élèves.

« Est-ce que vous utilisez un sport ou un art pour vous défouler ? », demande Laurent. Les élèves ont différentes réponses : « soccer, basketball, volleyball ». « C’est bien de faire du sport, répondent les frères. J’aimerais vous faire partager notre amour pour la danse comme un moyen de ressentir et de communiquer tes émotions, que ce soit la tristesse, la joie, l’amour, la colère. Il n’y a pas que les mots qui peuvent le faire, il y a ton corps qui peut s’exprimer ! »

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Les Twins ont obtenu un vif succès auprès des élèves de 5e et 6e année. Ici, on voit Larry Bourgeois au milieu des élèves.

Les Twins font participer les élèves à différents ateliers, en dansant et en apprenant à montrer ce qu’ils ressentent par leurs gestes. Les élèves, souriants et motivés, les écoutent, les suivent dans leurs pas, les regardent danser aussi. Très généreux, Les Twins font quelques démonstrations qui émerveillent les élèves et professeurs, tout comme la directrice de l’école. L’engouement dans le gymnase est tellement grand que même la directrice générale du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, Marjolaine Dupuis, qui s’était déplacée pour l’occasion, s’est mise à danser.

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Les Twins ont fait danser tous les élèves ainsi que la directrice générale du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, Marjolaine Dupuis.

« Nos élèves ont la chance d’exprimer leurs émotions, de bouger, c’est un beau moment où ils sont valorisés. On est à Montréal-Nord, dans un quartier qui n’est pas toujours facile. Certains enfants ont des sacs à dos remplis d’histoires parfois inimaginables, alors c’est important de vivre de beaux moments comme ceux-là », estime Anik Lessard, directrice de l’école Jules-Verne.

Avoir la flamme

« Aujourd’hui, les élèves qui ne savaient pas danser m’ont touché plus que n’importe quel danseur », confie Laurent en entrevue. « C’est beau de voir que les enfants arrivent à se dévoiler corporellement. Ils se découvrent devant tout le monde, c’est impressionnant, ils se mettent à parler et à se dévoiler tout d’un coup alors qu’ils ne l’ont jamais fait avant. Mon devoir, c’est que ces élèves comprennent qu’on peut se servir de son art. Moi, c’est la danse, mais ça peut être la musique ou le sport. »

« Chaque jour de ma vie, je me rappelle d’où je viens et à quel point ça a été dur et long, mais j’ai encore cette flamme en moi depuis que je suis petit, et je veux que les enfants sentent cette flamme. Je souhaite leur donner envie de se surpasser », poursuit Laurent, père d’une fille de 11 ans.

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Larry Bourgeois en plein atelier devant les élèves de l’école Jules-Verne

« Les enfants sont vraiment contents, c’est tellement beau de les voir. La danse peut réparer les gens, ça peut soulager. La danse, ce n’est pas la technique, mais ce que tu as envie de faire ressentir, ça aide à avoir une meilleure communication, une plus grande confiance en soi », dit de son côté Larry, aussi père d’une fille de 11 ans.

Larry et Laurent Bourgeois poursuivent leur tournée dans les écoles primaires et secondaires. « Les écoles, c’est la continuité pour nous, on veut transmettre notre passion, aller voir les enfants pour les rendre meilleurs. Je sais que je change la vie de ces enfants, et c’est ça, redonner, c’est faire du bien aux autres, et à nous aussi. »

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