Après la publication d’un dossier sur la lutte contre les changements climatiques, vous avez été nombreux à souhaiter lire et échanger des trucs concrets pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) de votre ménage. Chaque dimanche, nous vous en présentons un qui sera ensuite analysé par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG).

Aujourd’hui, un truc de notre lecteur Guillaume Veillette sous la loupe de Dominique Maxime, analyste au CIRAIG

Le truc de Guillaume Veillette

Il y a quelques années, le Montréalais Guillaume Veillette et sa conjointe ont décidé d’abandonner la viande. La transition s’est faite sans trop de frictions. « Si on s’inspire de la cuisine internationale, on ne se prive vraiment pas de saveur », dit Guillaume Veillette, qui souligne qu’on peut aussi remplacer le bœuf par de la volaille et diminuer ses portions pour améliorer son empreinte carbone.

Les commentaires de Dominique Maxime

Pour y voir plus clair, nous avons demandé à Dominique Maxime de comparer le régime omnivore standard à différentes options : le régime flexitarien, le régime végétarien et, enfin, le régime végétalien.

Commençons par un régime flexitarien, qui consisterait à diminuer les quantités de viande (et à les remplacer par des protéines végétales) et à troquer la viande rouge pour du porc et de la volaille. « Des études montrent que la transition d’un régime riche en viande rouge vers ce régime flexitarien peut réduire d’un tiers le bilan de GES du régime alimentaire et de deux tiers la surface de terres agricoles qu’il requiert », indique Dominique Maxime. La viande bovine est cinq ou six fois plus émettrice de GES que le porc et environ huit fois plus que la volaille, et ce, pour deux grandes raisons, dit-il. « La raison principale est la fermentation entérique des bovins [le processus digestif], qui cause l’émission de méthane, un GES 25 fois plus nocif sur le dérèglement climatique que le CO», explique Dominique Maxime. La conversion de terres nécessaire pour le pâturage des bovins dans certains pays – qui affecte la biodiversité et la qualité des sols – est une autre source importante de différence, dit-il.

Maintenant, attaquons-nous au régime végétarien, sans viande ni poisson, mais avec œufs et produits laitiers. Dans ce type de régime, note Dominique Maxime, on accroît la consommation de protéines végétales, mais on a aussi tendance à augmenter sa consommation d’œufs et de produits laitiers. Cela maintient donc une part de la pression environnementale liée à l’élevage bovin.

« Une revue des études montre que la transition d’un régime omnivore régulier à un régime végétarien peut réduire en moyenne de 33 % [de 24 % à 56 %, selon les études] le bilan GES du régime alimentaire, et de 27 % à 84 % la surface de terres agricoles qu’il requiert, indique Dominique Maxime. La transition vers un régime végétarien n’est donc pas systématiquement une meilleure option environnementale que le régime flexitarien, où toutes les protéines animales sont réduites. » Si le végétarien veille à ne pas augmenter sa consommation de produits laitiers (surtout) et d’œufs, les chances que son régime soit plus vertueux sont alors plus grandes, dit-il.

Enfin, la même revue de la littérature montre qu’un régime végétalien – exempt de protéines animales – réduit en moyenne de 50 % le bilan GES (de 22 % à 70 %, selon les études) et de 50 % à 85 % la surface des terres agricoles qu’il requiert. Dans toutes les études considérées, les scénarios végétaliens avaient une empreinte carbone plus faible que celle des scénarios végétariens.