De l’émission jeunesse Enfanforme au concours culinaire Les Chefs, qui revient au printemps pour la 11saison, Élyse Marquis a toujours pu compter sur un public bienveillant. La Presse a fait le pont entre l’animatrice et deux fans de la première heure, qui gardent aujourd’hui contact avec leur « idole » dans les réseaux sociaux. Compte rendu d’un dîner riche en anecdotes et en émotions.

L’amuse-bouche

Michael G. Viens, 37 ans, est tombé sous le charme d’Élyse Marquis à l’époque de Télé-Pirate. Ce qui a agi comme crochet ? « La même chose que maintenant et que pour tout le monde : la gentillesse, dit-il en se tournant vers son idole, assise à ses côtés au restaurant Leméac. Je sentais que c’était une personne qui était vraie, proche de son public. Ça m’impressionnait beaucoup. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Katryne Raymond O’brzygailo et Michael G. Viens ont dîné avec leur idole, Élyse Marquis, au Leméac.

En face d’eux : Katryne Raymond O’brzygailo, 34 ans. Elle a vraiment découvert Élyse Marquis à la barre de l’émission jeunesse 0340. « Chaque fois qu’elle parlait, qu’elle réagissait, je me disais : “Ben voyons, on dirait que je dirais la même chose, que je réagirais de la même manière.” » L’adolescente a plus tard appris que son idole célébrait son anniversaire en même temps qu’elle, le 26 juin, entre autres occurrences.

L’entrée

Michael, qui habitait enfant à Sainte-Angèle-de-Monnoir, a eu envie de correspondre avec Élyse Marquis au milieu des années 1990, en tombant sur une rubrique du magazine 7 jours du genre « Écrivez à vos idoles », coordonnées postales à l’appui. Quelques semaines plus tard, il a reçu une réponse toute simple : « Merci pour ta belle lettre. Au plaisir de te rencontrer. » Il ne se doutait pas que cette rencontre aurait finalement lieu… 27 ans plus tard.

PHOTO FOURNIE PAR MICHAEL G. VIENS

Carte postale d’Élyse reçue par Michael en 1994

C’est en 2000 que Katryne a reçu une première carte postale de l’actrice, qui la félicitait pour son « magnifique site ». « À 12-13 ans, le star système québécois, ça m’impressionnait, se souvient-elle. Ma récompense, c’était qu’on m’amène dans un club vidéo pour louer des VHS et acheter des journaux à potins. À un moment donné, je me suis dit : “Je vais partir un site web sur Élyse”. J’ai trouvé un livre sur le HTML. Je recensais des nouvelles, ses apparitions, ses photos, il y avait un livre d’or. Je contactais même ses amis. Aujourd’hui, je ne m’imaginerais jamais faire ça : voyons, Katryne ! »

PHOTO FOURNIE PAR KATRYNE RAYMOND O’BRZYGAILO

Katryne conservait précieusement toutes les apparitions d’Élyse Marquis dans les journaux et les magazines.

Le plat de résistance

À partir de 2001, la correspondance entre Élyse et Katryne a migré sur l’internet. « J’ai imprimé tous les courriels qu’on s’est envoyés. Avec du recul, je me dis : “Mon Dieu, je ne lui ai pas fait peur !” C’était une confidente. J’étais une ado très solitaire et timide. Écrire mon courriel, je me rappelle que ça me faisait du bien, mais recevoir une réponse, ça faisait ma journée. » Élyse a plus tard invité sa correspondante sur de nombreux plateaux de tournage, la dernière fois en 2003 : 0340, Cerveau Direction, La fureur, L’espérance.

PHOTO KATRYNE RAYMOND O’BRZYGAILO

Une rencontre entre Katryne et Élyse sur un plateau de tournage

Michael a poussé sa relation plus loin avec son idole en 3secondaire, quand il a dû faire un travail sur une personne qu’il admirait. Il a mis la main sur le bottin UDA de son grand-oncle, le comédien Marcel Giguère. « J’avais pris la chance de chercher le numéro d’Élyse et je l’ai appelée. Je lui ai laissé un message pour lui dire : “Écoutez, j’ai des questions, si jamais…” Ça n’a pas pris cinq minutes qu’elle me rappelait. »

« Quand j’étais plus jeune, j’écrivais à des vedettes, confie l’animatrice. Je comprends ce que c’est, l’importance d’être lu, compris et entendu. Certains me répondaient, d’autres, non. J’avais dit à Denis Bouchard que je faisais un travail sur lui pour l’école. C’était faux. Il m’avait rencontrée dans un café, je m’en souviens encore. À la fin, il m’a dit : “J’aimerais ça voir ton travail.” J’ai été obligée d’en inventer un. »

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Élyse Marquis

Grâce à Denis Bouchard, la jeune fille solitaire de la Rive-Sud a eu accès à des coulisses de théâtre et à un plateau de Radio-Canada, raconte-t-elle.

« J’en ai des frissons de penser à quel point ça a changé ma vie. »

Pendant le dîner, Élyse et ses admirateurs se trouvent des points en commun, interagissent, s’intéressent les uns aux autres. « Aujourd’hui, c’est d’égal à égal, note-t-elle. On est vraiment comme des amis. » L’animatrice partage avec Michael une « peur bleue de l’avion ». Ce dernier, qui travaille pour le transporteur Air Transat, lui conseille un hypnologue. « J’étais sûr que ça n’allait rien donner, mais ça a changé ma vie. Si j’avais un vol dans un mois, je ne dormais pas pendant un mois. »

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Katryne Raymond O’brzygailo

L’animatrice, à la maîtrise en enseignement de l’art dramatique, a aussi une connivence évidente avec Katryne, elle-même enseignante de français en 3secondaire, au Collège Laval. Pendant un long moment, elles se sont perdues de vue, pris dans un espace-temps entre les correspondances postales, les courriels et les réseaux sociaux. « Ça faisait très longtemps qu’on ne s’était pas parlées, parce qu’on ne trouvait pas le bon canal de communication. Avec Instagram, on a pu recréer le contact. »

« On souligne nos anniversaires, réagit à nos stories, partage des suggestions de resto, etc. On sort de l’idolâtrie », ajoute Michael, qui anime la baladoémission Complètement Buzzant.

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Michael G. Viens

Le dessert

C’est déjà le temps des au revoir. « Si La fureur revient, je vais t’inviter », a glissé Élyse à Michael. Lui et Katryne continueront de prendre des nouvelles de leur « amie » sur Instagram. « Lorsqu’on va se parler, ça va être différent, puisqu’on aura eu ce dîner ensemble », note l’actrice, ravie de sa rencontre avec ses fans devenus amis.

« C’est quelque chose qui me touche. On dirait que ça va au-delà de l’image, de ce que tu projettes ; quand on se rencontre, c’est l’humain qui prime. »