(Bowie) Parce que son confessionnal est fermé pour cause de nouveau coronavirus, Scott Holmer écoute désormais le repentir des paroissiens dans le confort de leur voiture dans le stationnement de son église du Maryland.

Tous les jours sauf le dimanche et quand le temps le permet, il s’installe sur une chaise, habillé de la chasuble et de l’étole. Deux rangées de cônes et un panneau indiquent la voie à suivre en voiture jusqu’au prêtre de l’Église St-Edwards Le Confesseur à Bowie, une petite ville à une trentaine de kilomètres de Washington.

Le conducteur baisse alors sa vitre, confesse ses péchés au père Holmer qui, après quelques paroles d’encouragement à revenir sur le chemin de Dieu, lui donne l’absolution.

C’est après avoir vu la Corée du Sud effectuer des dépistages en masse du coronavirus dans des stationnements que Scott Holmer à eu cette idée, qu’il a mise en application la semaine dernière.

« Le diocèse a annulé toutes les messes pour ne pas propager le virus, mais n’a rien décidé pour les confessions », explique-t-il à l’AFP.

« Je me suis dit, je vais juste aller à l’air libre, dans le stationnement de l’église pour éviter de contaminer ou d’être contaminé », dit-il.

Scott Holmer prend soin de respecter la distance de sécurité (1,80 m) et demande aux paroissiens de rester dans leur véhicule. Pour les couples ou les familles, c’est chacun son tour, assis à la place du conducteur. Et pour ceux qui désirent une confession anonyme, le père se couvre les yeux d’un bandeau.

« Dieu est avec moi »

En ce vendredi matin de Mi-Carême, jour de jeûne et de repentir, la file des voitures s’allonge rapidement et c’est un séminariste qui gère le trafic.

« C’est très bizarre de devoir se préoccuper des choses spirituelles et terrestres en même temps », admet le prêtre, qui demande parfois aux paroissiens de couper le moteur pour garder le secret de la confession.

« Je ne veux pas hurler et qu’on entende notre conversation », dit-il en souriant.

Il raconte avoir entendu beaucoup de « gratitude de recevoir le sacrement » alors qu’il s’attendait à « plus de peur, comme si c’était la fin du monde ».

« Les gens sont heureux de voir que nous sommes encore à leurs côtés même si on ne peut pas célébrer la messe », dit-il. « Quand ils baissent leur vitre, ils voient un prêtre et se disent “Dieu est avec moi maintenant” ».

Le père Holmer assure ne pas voir peur d’être touché par la maladie de la COVID-19. Âgé de 40 ans, il ne fait pas partie de la population la plus à risque.

« Et si je l’attrape, je me mettrai en quarantaine, je me suis confessé la semaine dernière, alors c’est bon », dit-il en riant.

Attendant son tour au volant de sa voiture, Steven Irving salue la « très bonne idée » du curé de Bowie.

« Nous avons un prêtre jeune, énergique et innovant », dit ce paroissien d’une soixantaine d’années venu avec son épouse.

Pour lui, il était important de « remplir l’obligation religieuse » et de venir se confesser pour la Mi-Carême.

Le père Holmer compte poursuivre ses sessions jusqu’à la réouverture de son église. Mais le contact direct avec ses paroissiens lui manque.

Le catholicisme « est une religion tellement incarnée, ne pas pouvoir être physiquement présent, c’est brutal », explique-t-il.