Le gouvernement japonais soupçonne des chercheurs d'avoir manipulé les données d'une étude sur la maladie d'Alzheimer impliquant plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques dont Pfizer, Bristol-Myers Squibb et Takeda.

Ce cas intervient au lendemain d'une plainte en justice contre Novartis pour un trucage de résultats médicaux.

Le ministère nippon de la Santé a interrogé plusieurs chercheurs ayant participé à ce vaste projet de 3 milliards de yens (plus de 31 millions de dollars), financé par les pouvoirs publics japonais et par plusieurs grands groupes privés du secteur, nippons et étrangers.

Le programme est destiné à améliorer les diagnostics de la maladie d'Alzheimer.

Un responsable du ministère de la Santé a expliqué à l'AFP que son administration avait été prévenue par un des chercheurs, Morihiro Sugishita, ancien professeur à l'Université de Tokyo, qui affirme que des données issues de tests cliniques ont été manipulées.

«Nous vérifions les faits. Si nécessaire, nous ouvrirons une enquête officielle», a souligné ce responsable.

Ce projet, baptisé J-ADNI, a été lancé en 2007 et associe plusieurs institutions médicales japonaises et de grands groupes pharmaceutiques, dont le suisse Pfizer, l'américain Bristol-Myers Squibb et les nippons Takeda, Astellas et Daiichi Sankyo.

Le quotidien Asahi Shimbun dit avoir obtenu des documents montrant quatre cas au moins de manipulations de données par un centre d'analyse, dont le personnel était fourni par les institutions médicales et les laboratoires pharmaceutiques parties prenantes du projet.

Un porte-parole de Pfizer joint au Japon a toutefois démenti que le groupe ait employé quiconque dans ce projet, assurant que la participation du laboratoire américain s'était limitée à des financements.

«S'il y a vraiment eu falsification de données, ce serait un grave problème», a toutefois déclaré pour sa part le ministre de la Santé, Norihisa Tamura.

Pas plus tard que jeudi, son ministère a porté plainte en justice contre un autre géant pharmaceutique, le suisse Novartis, «pour publicité mensongère et exagérée» à propos de son traitement contre l'hypertension Diovan (ou Valsartan).

Deux universités japonaises ont révélé il y a plusieurs mois suspecter des maquillages d'informations visant à exagérer l'efficacité du Diovan, lors d'études universitaires auxquelles avait participé un salarié de Novartis en cachant son affiliation.

Il aurait arrangé les statistiques pour affirmer que le Diovan était non seulement efficace contre l'hypertension artérielle, mais aussi contre les angines de poitrine et attaques cérébrales.

Novartis Pharma avait utilisé ces résultats pour promouvoir ce médicament, commercialisé sous le nom de Diovan au Japon où il génère plus de 100 milliards de yens (plus de 1 milliard de dollars) de revenus annuels. Ce produit est proposé au total dans plus d'une centaine de pays dans le monde.

Le laboratoire suisse nie toute manipulation de données depuis le début de l'affaire.