Des chercheurs français ont identifié un marqueur du risque de développer des métastases pulmonaires chez les femmes atteintes de cancers du sein, selon des travaux publiés mardi.



En agissant sur ce marqueur, dénommé «Kindlin-1», les chercheurs espèrent pouvoir bloquer la prolifération des cellules tumorales et ainsi contenir le pouvoir agressif des tumeurs à fort risque de dissémination pulmonaire.

Cette recherche est publiée dans le Journal of National Cancer Institute (JNCI) américain.

Dans ses précédents travaux, l'équipe de Rosette Lidereau (Inserm/laboratoire d'oncogénétique de l'Institut Curie) avait identifié une «signature», composée de 6 gènes, caractéristique des cancers du sein ayant une forte propension à former des métastases dans les poumons.

L'un de ces gènes, celui commandant la fabrication de la protéine «Kindlin-1» a retenu l'attention des chercheurs : en effet, il existe un lien réel entre l'excès de cette protéine dans les tumeurs du sein et le développement des métastases pulmonaire, note Keltouma Driouch qui pilote l'étude.

Cette protéine en excès à un rôle de «décolleuse». Grâce à elle, la cellule cancéreuse se décolle de la tumeur, puis adhère à une matrice de collagène pour être véhiculée vers les vaisseaux sanguins afin d'aller se disséminer dans l'organisme et s'implanter dans les poumons, explique-t-elle.

Ce marqueur «Kindlin-1» pourrait servir d'outil diagnostic pour identifier les femmes atteintes de cancer du sein et présentant un risque d'extension du cancer aux poumons. «Avec l'outil diagnostic, on peut mieux les surveiller ou intervenir rapidement en cas de métastase débutante», commente la chercheuse.

Mais les potentialités de cette découverte ne s'arrêtent pas là.

Elle ouvre une piste vers une nouvelle thérapie ciblée.

L'idée est de «cibler la protéine au niveau de la tumeur pour bloquer toute une voie de signalisations, de cascade d'événements moléculaires, et là, en l'occurrence, bloquer la voie qui va mener à la diffusion de la tumeur dans les poumons».

«Soit on bloque la métastase en amont, soit on la bloque une fois qu'elle est là», résume la chercheuse.

Il existe déjà des traitements «anti-signalisation» ciblant préférentiellement les cellules tumorales (Herceptin, Imatinib), souvent mieux tolérés que la chimiothérapie anticancéreuse conventionnelle, dit-elle.