Fortes de leur expérience avec Loyal Luxe et après une pause d'un an, les designers industrielles Marie-Pier Guilmain et Maud Beauchamp reviennent avec mpgmb, nouveau terrain de jeu entièrement consacré à l'objet.

Retour en 2009. Marie-Pier Guilmain et Maud Beauchamp font parler d'elles avec Loyal Luxe et leurs charmants chalets et tipis pour chats. Mais à la fin de 2012, faisant le constat qu'une entreprise manufacturière offrait peu de place au design, elles concèdent les droits de fabrication à la société londonienne SUCK UK et se trouvent du boulot, l'une en design d'intérieur, l'autre en architecture. «On a respiré chacune de notre côté. Puis ça nous démangeait, on avait envie de créer ensemble», confie Maud Beauchamp.

Lancé en 2013, mpgmb, qui reprend leurs initiales, est un studio créatif à temps partiel ayant le design comme première, voire seule, raison d'être. «On essaie une nouvelle formule. Sans mettre un type de produit ou une collection en avant, on se laisse aller, sans s'occuper de tout ce qui est marketing ou gestion», explique Marie-Pier Guilmain.

Liberté de créer

Pas d'atelier, d'horaire à respecter ou de méthode de travail préétablie, seulement une longue liste d'idées pour s'amuser et se réinventer, puis un site web pour exister.

Légère, flexible, spontanée (la conception peut se faire autant dans un café qu'au téléphone), la formule est sans attaches, quitte à se limiter à la fabrication de rares exemplaires ou à l'étape du prototype, comme c'est le cas pour la plupart des oeuvres.

«On aimerait avoir une signature, une touche qui nous différencie, mais on ne veut pas se confiner. En ce moment, on s'intéresse au design scandinave, mais si on a envie de faire quelque chose de plus américain, on prendra cette direction», précise Maud.

Cela dit, que ce soit par la confection artisanale, la petite série ou des histoires à raconter, le tandem associe toujours des univers aux créations. Pour le Wish Catcher, par exemple, un icosaèdre en carton à assembler soi-même, les jeunes femmes se sont inspirées de Platon (d'après le philosophe, le solide a le pouvoir de transformer le monde matériel) pour nous inviter à écrire un souhait sur un papier et à l'insérer dans un trou prévu à cet effet.

«On aime faire des choses qui ont une signification. On trouvait que l'histoire ajoutait une plus-value. C'est un produit décoratif ayant une fonction qui permet de se l'approprier», explique Marie-Pier.

Des objets à éditer

Par ailleurs, il n'est pas exclu que mpgmb explore d'autres domaines, comme la joaillerie, si l'intérêt y est, et que le tandem collabore à l'occasion, ce qu'il fait déjà avec trois séries réalisées pour la société montréalaise ADzif, dont les plus récentes sont les autocollants muraux Stockholm Geometric et Rear Windows, des images de fenêtres new-yorkaises.

«On connaissait Marilyne Lambelin [présidente d'ADzif] depuis Loyal Luxe. Elle nous a demandé si on souhaitait proposer quelques visuels pour des têtes de lit. On nous a donné les dimensions, mais le style ne nous a pas été imposé», précise Maud au sujet de CAMA, collection de 12 autocollants offerte depuis l'an dernier.

Car maintenant qu'elles poursuivent toutes les deux de belles carrières, elles peuvent créer sans les contraintes de l'entrepreneur et, en fin de compte, adopter une vision plus européenne du design, découverte durant leur séjour à l'École de design Nantes Atlantique quand elles étaient étudiantes: faire éditer leurs oeuvres par des fabricants-distributeurs.

mpgmb.comd

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Lancé en 2013, mpgmb, qui reprend les initiales de Marie-Pier Guilmain (à droite) et Maud Beauchamp (à gauche), est un studio créatif à temps partiel ayant le design comme première, voire seule, raison d'être.

Photo fournie par mpgmb

En bois et marbre, les piédestaux Food Pedestal sont des sous-plats qu'on configure selon ses envies. Ils s'inspirent des vases en totem du designer italien Ettore Sottsass.