Nichée dans le coeur du vieux village de Verchères, entre l'église et la maison du docteur, cette maison de briques rouges de type Second Empire se distingue par sa richesse patrimoniale. Portrait d'un mariage des styles réussi.

«Dans les années 20, elle était la maison du croque-mort, un bourgeois assez fortuné qui avait investi des sommes importantes pour ornementer la demeure, raconte Francis Rollin, propriétaire et fondateur de l'atelier 3/4 fort. Il avait notamment fait construire une galerie à l'avant et installer des frises et des moulures plus nobles.»

La maison victorienne, construite autour de 1870, se transmet de génération en génération et reste dans un état assez rudimentaire. Dans les années 90, elle n'a toujours ni salle de bain ni eau chaude. Francis Rollin en devient propriétaire en 2010, séduit par le vaste potentiel de cette résidence au charme ancien.

La mise au niveau

«Il a fallu faire un gros travail de mise aux normes, reconnaît le designer et entrepreneur en construction. Mon objectif premier était de respecter ce que le passé a légué en préservant les éléments narratifs de la maison, les petits détails qui témoignent de son vécu.»

Il lui faut peu de temps pour constater que la maison recèle de précieux vestiges. Mur troué, plancher écorché, papier peint suranné... Chaque stigmate intéressant a été mis en vedette afin de sublimer le cachet du bâtiment. «Vivre dans une vieille maison est comme une chasse aux trésors, illustre Francis Rollin. Si on prend la peine de bien regarder, on débusque toujours des trouvailles inespérées. Dans le fond d'une garde-robe, on a retrouvé des vieux exemplaires de journauxdatant de 1870!»

Les cheminées ont été dégarnies et les vieilles trappes d'accès en fonte ont été conservées. Idem pour les bouts de papier peint de la cuisine qui ont été vernis.

Excepté pour la salle de bains, le rez-de-chaussée a été complètement décloisonné afin de laisser entrer la lumière. La vaste cuisine a été réaménagée avec un comptoir de pierre et de larges tiroirs blancs aux poignées contemporaines. Une robinetterie aussi élégante que filiforme surplombe l'îlot massif qui trace la frontière entre la cuisine et la salle à manger.

Entre les planchers de frêne et les plafonds lambrissés, les murs blancs forment le canevas idéal pour accueillir les créations du propriétaire, des oeuvres construites à partir de vieux matériaux glanés çà et là aux alentours du village.

«Les chalouperies font partie intégrante de l'économie de Verchères, explique Francis Rollin. Dans les années 50, pas moins de 17 chalouperies étaient exploitées dans la ville. Elles utilisaient des planches de bois très larges pour fabriquer les barques. Un jour, je suis tombé sur un ancien bâtiment en cours de rénovation et j'ai pu récupérer des planches de chaloupe. Je les ai utilisées pour fabriquer des étagères en bois et acier. On voit encore les gouttes de la peinture originale!»

La salle de bains et les portes des cabinets se composent de bois provenant d'une grange de Verchères.

Au lieu des traditionnelles armoires de cuisine, beaucoup trop massives, des étagères ouvertes laissent transparaître les vieux murs de plâtre et les multiples couches de papier peint datant d'une autre époque. «On a volontairement laissé les murs avec leurs trous et leurs écorchures, explique le designer. On les a seulement vernis.»

Cette philosophie du minimalisme se traduit également dans le choix des luminaires un peu partout dans la maison. Des lampes de la cuisine, Francis Rollin a gardé seulement les squelettes des abat-jour pour un maximum de transparence.

Tout est ouvert et authentique. Il n'y a pas de camouflage. Seulement du vrai... et du beau!