Votre vieux fauteuil pourrait reprendre du poil de la bête et devenir impeccable comme au premier jour, voire transformé par un nouveau design. Chez Luwiss, entreprise de rembourrage écologique, le client a même la possibilité de mettre la main à l'agrafeuse.

Juliette Colinas en est à son troisième meuble remis à neuf de ses propres mains, dans l'atelier de Luwiss, avec du soutien professionnel sur place.

«Je n'aurais jamais entrepris ces projets toute seule! , confie l'étudiante en économie écologique. Mais j'apprécie l'expérience, qui me sort de mes activités intellectuelles. De plus, je suis assez difficile pour les tissus, que j'aime naturels, ce qui est presque impossible à trouver dans les commerces de meubles neufs.»

Pour son canapé-lit, Mme Colinas a choisi un tissu en mélange lin-coton, et une bourrure en mousse polyuréthane sans traitement ignifuge, «le meilleur rapport confort-prix».

Des matériaux non toxiques

La bourrure sans ignifuge est une denrée difficile à reconnaître dans un meuble neuf. Les produits ignifuges retardent la propagation du feu, mais ils présentent malheureusement des risques reconnus pour la santé humaine (désordres hormonaux, cancers).

Outre la mousse polyuréthane, Luwiss offre comme bourrure des éléments de latex, du dacron, du crin animal, de la ouate (de coton) des écales de sarrasin bio pré-écrasées, de la jute, de la plume et du duvet.

Du côté des tissus, le lin est écologique et équitable, mais il coûte 200$ le mètre! «On peut se rabattre sur le polyester, à 50$ le mètre, ou sur le cuir, deux matériaux très durables», indique Régis Pelletier, fondateur, il y a 7 ans, de Luwiss.

L'entreprise utilise des colles non toxiques. Des photos sont prises à chaque étape de la restauration, ce qui satisfait la curiosité du client et lui garantit que le travail a été bien fait.

Travail durable et satisfaction

Il a fallu une douzaine d'heures à Juliette pour remettre à neuf son canapé-lit, un meuble "orphelin" entreposé par Luwiss et cédé gratuitement à l'étudiante. Il lui revient à 1217$, avant taxes. «La structure est bonne presque indéfiniment, et la remise à neuf, facilement pour 15 ou 20 ans, estime M. Pelletier. Peut-être, après tout ce temps, ne faudra-t-il remplacer que la bourrure.»

Est-ce qu'on économise de l'argent en mettant l'épaule à la roue? «Pour le client, c'est davantage une option intéressante qu'un avantage financier, commente M. Pelletier. Dans 90 ou 95% des cas, ça ne lui coûte pas moins cher. Il le fait pour l'expérience, l'acquisition de nouvelles connaissances et la fierté.»

M. Pelletier confie qu'il n'en retire pas, lui non plus, d'avantage financier: «Souvent, on passe plus de temps que prévu à aider les clients.»

Mais cet ancien travailleur social aime transmettre ses connaissances et estime que les participants sont ses meilleurs ambassadeurs. Leur commentaire le plus fréquent: «On n'aurait jamais pensé que c'était aussi difficile!»

Les avantages

Parmi les avantages à restaurer un vieux canapé, notons d'abord: la rentabilité à moyen ou long terme et la possibilité de personnaliser le meuble, grâce à un choix considérable de tissus et de bourrures ainsi que la possibilité de repenser le design. De plus, la remise à neuf est préférable pour l'environnement et crée de l'emploi localement.

«Généralement, plus un sofa est âgé, plus grande est la qualité de sa structure, donc plus grand est son potentiel de remise à neuf» indique M. Pelletier.

«En matière de fauteuils, il faut se méfier de notre réflexe d'aller au plus bas prix, ajoute l'artisan. Payer moins sur le coup finit par coûter plus, s'il faut recommencer après six mois. De plus, l'achat à très bas prix risque d'encourager un atelier de misère. Quand on veut un meuble à bas prix, la meilleure démarche est d'aller au centre de récupération.»

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

L'atelier de Luwiss a été fondé par Régis Pelletier, il y a sept ans.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Juliette Colinas a remis à neuf trois meubles de ses propres mains.