Il y a un an, Objets mécaniques n'existait qu'à l'état de projet dans la tête d'Ariane Martel-Labrecque et d'Ariane Ouellet-Pelletier. Aujourd'hui, leur petit laboratoire de slow design voit grand.

Ariane et Ariane se sont rencontrées sur les bancs de l'École d'architecture de l'Université Laval en 2006, où elles ont toutes les deux complété une maîtrise. La première a été stagiaire à l'Atelier Pierre Thibault, où elle a participé à la création d'une collection de meubles. La seconde est candidate au doctorat en architecture à l'Université McGill et s'intéresse à la place du textile dans les environnements domestiques.

L'envie de fonder un laboratoire de slow design s'est précisée l'hiver dernier. Toutes les deux insatisfaites par leur première expérience professionnelle comme architectes, trop cartésienne, trop pragmatique, elles rêvent ensemble, à haute voix, à un espace plus créatif, qui intégrerait le travail à la main, la fabrication d'objets, une autre façon de réfléchir à l'espace, à plus petite échelle.

Guidées par une dose équivalente de passion et de patience, elles apprennent à manipuler les scies à ruban et d'autres « gros outils ». À prendre leur métier à rebours, à sortir de la réflexion pour entrer dans la technique. C'est ainsi qu'elles commencent à concevoir et à bricoler, lentement, de petits objets de tous les jours en bois, faits à partir d'essences locales ou recyclées, produits en petite série. Aujourd'hui, à la quincaillerie, les deux Ariane peuvent se targuer de nager comme des poissons dans l'eau.

Objets domestiques, petits meubles et jouets pour enfants, leur magasin en ligne est bien rempli. On y trouve une famille de planches à découper, avec des ouvertures comme des trous de serrure, dont les manches ont été trempés dans une peinture au lait non toxique. De minuscules maisons pour jouer, destinées aux enfants de 3 ans et plus, mais dont les socles, dans lesquels on insère des branches d'arbres, ajoutent aussi de jolies notes à un décor. Des balançoires pour l'intérieur (à accrocher au plafond) et l'extérieur. Des bacs à fleurs aux teintes pastel, promis pour le retour du printemps. Des objets volontairement simples, intemporels, qui dégagent une douceur teintée de nostalgie...

PHOTO FOURNIE PAR OBJETS MÉCANIQUES

Des maisons à jouer

Depuis peu, Ariane et Ariane fabriquent aussi des lits en noyer, sur commande, en collaboration avec un ami ébéniste de Québec. Si la construction d'objet est la meilleure façon d'explorer, de définir leur esthétique sans contrainte ni compromis, elles concèdent que le design demeure leur plus grande force. Commode à 73 tiroirs, cabane dans la cour, installation extérieure extravagante: avis aux intéressés, elles sont prêtes à donner vie aux « idées les plus folles ».

Et pourquoi Objets mécaniques? Derrière ce nom empreint de poésie, il y a un jouet qui a marqué l'enfance d'Ariane Ouellet-Pelletier. Lilo, un petit pinson allemand multicolore qu'il s'agissait de remonter avec une clé pour qu'il se mette à picorer. Une fois l'oiseau mécanique rangé dans son armoire, il lui arrivait d'avoir un dernier soubresaut, comme s'il était vivant. Les objets du quotidien, pour les deux Ariane, sont de « petits êtres », ils ne sont pas inertes, mais habités, grouillants de vie, à l'image de Lilo. Des objets mécaniques, ce sont des objets avec un coeur.

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Un lit conçu par les deux Ariane, architectes de métier.