Passé de mode, le cuir? Au contraire, il revient en force. Mais tous les canapés de cuir ne naissent pas égaux. Voici comment s'assurer de faire les bons choix, autant sur le plan de la qualité qu'en matière de goûts.

Se lover dans un canapé en cuir de qualité, n'est-ce pas une vision de rêve en ces journées d'hiver?

Généralement, canapés et fauteuils sont recouverts de cuir de jeune vache, appelé vachette. Et dans la plupart des cas, le cuir utilisé est légèrement corrigé pour garder un toucher agréable. Mais idéalement, on choisira le cuir pleine fleur (non corrigé), avec un grain naturel et des rides. Plus cher, il nécessite de l'entretien. «Quand la peau est très belle, on peut la laisser intacte. Et la teinture devra être faite dans la masse, sinon, la moindre éraflure sera visible», nous indique Éric Corbeil, coprésident de Maison Corbeil.

Les cuirs très minces vieillissent mal, on le sait. Ils deviennent flasques. Mieux vaut les éviter. S'il s'agit d'un mobilier d'entrée de gamme, dans un magasin non spécialisé, il faudra s'assurer qu'il s'agit bien de vrai cuir et non de «croûte de cuir», moins épaisse et moins résistante.

En plus de vérifier l'épaisseur, il faudra demander au vendeur s'il y a du cuir de tous les côtés. En effet, il peut valoir la peine de payer moins cher si le dos et les côtés du sofa ne sont pas en vrai cuir. «Dans le jargon, on appelle ça un cuir-split. Les deux tiers sont d'origine. Le faux cuir a la même épaisseur, la même coloration, le même grain. Ça se fait partout et de plus en plus. C'est de 15 à 20% moins cher.»

Chez Corbeil, le cuir italien se fait plus rare. La teinture peut être faite en Italie, oui, mais l'entreprise achète plutôt du cuir en provenance d'Amérique du Sud et de plus en plus de Scandinavie. Eh oui! Les vaches danoises sont réputées pour donner un cuir très souple. «C'est du beurre», nous affirme de son côté Danny Chartier, designer chez Montauk.

Avec un budget raisonnable, d'environ 5000$, on peut trouver un canapé de cuir assez épais, de bonne qualité, légèrement corrigé. Et, poursuit Éric Corbeil, le canapé durera 20 ans et embellira avec l'âge. «Un bon cuir va durer longtemps, plus longtemps que n'importe quel tissu.» Il faut le soigner, mais éviter de s'y asseoir n'est pas la solution. Le canapé en cuir, dit-il, se place devant le téléviseur. Il faut en profiter. «Ça va l'user, mais il va vieillir en beauté. Mieux vaut un beau vieux cuir qu'un tissu sale!»

D'ailleurs, ces temps-ci, le cuir se vend mieux que le mobilier recouvert de textile. Pourquoi? Parce que les techniques de travail du cuir ont évolué, ce qui occasionne une baisse des prix. Il reste que la main-d'oeuvre coûte cher, car elle travaille encore beaucoup à la main. «La taille du tissu se fait par découpage informatique. Mais quand on doit couper un coussin dans de la peau, c'est pas mal plus complexe», souligne Éric Corbeil.

Du sur-mesure

Les consommateurs prêts à débourser davantage choisiront du mobilier haut de gamme, sur mesure ou non. Ils obtiendront alors une qualité sans compromis. Il faut savoir que seulement 10% des cuirs sur le marché sont pleine fleur. En faisant affaire avec une entreprise spécialisée, on s'assure d'abord de la solidité structurale du meuble.

On doit vérifier en premier lieu le type de bois utilisé. Est-ce du bois mou, comme le pin, ou du bois dur? Chez Montauk, l'érable est le bois de prédilection. «Notre cadre est deux fois plus solide qu'un cadre en pin. C'est pour ça aussi que notre mobilier est très lourd. Les pièces sont collées et vissées à intervalles réguliers», signale Danny Chartier.

En visitant l'atelier de la société montréalaise, on peut constater que chaque employé travaille à une seule tâche bien précise. L'un à la structure, l'autre au cordage, au rembourrage puis au découpage... Certains, comme l'employé préposé au rembourrage de plumes, travaillent avec les mêmes propriétaires depuis 30 ans.

Certaines formes arrondies, notamment pour les accoudoirs, sont en contreplaqué russe, matériau plus souple, mais tout est ensuite renforcé en érable. Pour le rembourrage, des bandes de jute très épaisse sont coupées une à une et tissées manuellement. Ici, chaque ressort est fixé individuellement. Les ressorts sont maintenus à la structure par une corde entrelacée huit fois. Ils sont ensuite recouverts d'une membrane isolante.

Montauk a d'abord fait sa marque dans les canapés de tissu, avec des assises et des coussins rembourrés d'un confort incomparable. Fidèle à ses traditions, l'entreprise a évolué vers le cuir avec des modèles d'une plus grande finesse dans les lignes. Ses cuirs proviennent du nord de l'Italie et des pays scandinaves. Le fauteuil Francis, par exemple, est conçu en dur, mais il est possible de faire rembourrer à la plume différents coussins, selon les modèles.

«J'essaie de travailler avec des cuirs non corrigés, dit Danny Chartier. Mes canapés sont faits pour vivre, pas pour les cacher. Vous savez, ça coûte cher, acheter bon marché [puisqu'il faudra remplacer le meuble rapidement]. Mieux vaut attendre et choisir le bon canapé.»