Au pays, Castor Design est devenue une griffe incontournable sur la scène du design avant-gardiste. Fondée en 2006, cette marque torontoise - qui marie impertinence, recyclage et créativité - est dirigée par deux designers: Kei Ng, 48 ans, qui possède une formation en architecture, et Brian Richer, 43 ans, qui a d'abord travaillé comme sculpteur sur pierre pour le milieu architectural. Ce dernier, dont le père est originaire du Québec, affiche un profil de rock star rebelle, avec tatouage de castor (bien sûr!) sur le bras (gauche).

Lors du dernier Salon du design d'intérieur de Toronto (IDS), le duo a non seulement organisé l'un des meilleurs partys du week-end à son restaurant Parts&Labour, mais il a dévoilé sa nouvelle collection.

Baptisée Deadstock, elle comprend plusieurs luminaires au style industriel et dépouillé. Des ampoules fluocompactes, qui durent très longtemps et qui peuvent être utilisées avec un gradateur de lumière, ont été sélectionnées. Quant aux abat-jour métalliques datant des années 80, ils proviennent d'une entreprise d'éclairage ontarienne maintenant fermée. «Ils ont fait faillite et nous avons acheté leur stock», précise Brian Richer.

Même démarche pour le plateau de marbre carrare de leur nouvelle table BMO. Celui-ci a été récupéré à la suite du réaménagement du parement de l'immeuble Bank of Montreal, à Toronto. Après 37 ans, le carrare compose maintenant une table au piétement contrastant, fait de laiton et garni de fixations en aluminium moulé.

«D'un point de vue écologique, nous sauvegardons de vieux matériaux et les rendons de nouveau attrayants», résume Brian Richer.

Second début

Castor Design s'est adonné au suprarecyclage (ou upcycling, c'est-à-dire la transformation d'un déchet en produit à valeur ajoutée) avant que le phénomène ne soit à la mode. Parmi ses premières pièces, il y a le luminaire Recycled Tube Light. Véritable icône du design canadien, il est formé de fluorescents grillés et rassemblés en un seul tube, éclairé de l'intérieur. Autre création vedette: le lustre Invisible Chandelier. Il regroupe, tel un bouquet, une multitude d'ampoules grillées aux formes variées en guise d'abat-jour. Il y a aussi la suspension Tank Light comportant un réflecteur réalisé à partir de réservoirs d'extincteurs, au fini coloré et brillant.

«Nous privilégions les matériaux qui ont une histoire, expliquent les designers rencontrés au salon IDS. Peu importe l'élément, que ce soit une ampoule ou un abat-jour, nous aimons bien savoir d'où il provient ou comment il a été fabriqué.»

Toujours à l'affût, les concepteurs ont le don d'exprimer la poésie de simples produits industriels abandonnés qu'ils détournent et modernisent, du même coup.

La prolifération de Castor

La croissance de Castor Design passera par le sud de l'Amérique du Nord, croit Kei Ng. «Les designers canadiens ne sont pas pris très au sérieux à l'échelle internationale, observe-t-il, car notre histoire en matière de design est courte, comparativement à celle des Européens. Lentement mais sûrement, poursuit-il, nous sentons malgré tout une reconnaissance et pensons qu'il sera plus facile de gagner des métropoles du continent américain ouvertes au design innovateur, comme Mexico ou São Paulo, car nous partageons le même continent et l'exportation y est facilitée.»

Actuellement, les créations signées Castor Design sont vendues dans plusieurs magasins au Canada, aux États-Unis et à Hong Kong.

Le prix des produits de la collection Deadstock oscille de 500$ à 3000$, environ. www.castordesign.ca