Aller chez David Gaucher et Nathalie Barabé, c'est pénétrer dans un univers un peu à part. Leur haut de duplex cité au patrimoine possède des allures de forteresse domestiquée. Des murs de pierre de deux pieds d'épaisseur renforcent cette sensation. Lambrissés de bois, les plafonds de huit pieds de hauteur nourrissent aussi cette impression.

Principal idéateur des transformations apportées après l'acquisition, David Gaucher dresse un parallèle entre sa vision professionnelle et son approche personnelle. «Je dessine des décors pour la scène, le cinéma et les musées. Il est toujours question de proportions, d'agencement de couleurs et de choix de matériaux. Les contraintes diffèrent quand il s'agit de design intérieur, mais il reste que dans les deux cas, il s'agit de bien saisir l'espace afin de parvenir à le définir.»

 

Située dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville à Sault-au-Récollet, à un jet de pierre du parc de la Visitation, cette demeure du début du XIXe siècle offre un voyage dans le temps, comme en témoigne son style néo-palladien. L'intérieur a été grandement modifié par les propriétaires qui s'y sont succédé au fil des décennies. Le cachet d'origine a donc pratiquement disparu.

«Nous avons opté pour des volumes plus modernes afin d'éviter de faire dans le faux vieux. On a voulu préserver une façon de faire ancienne tout en adoptant un design plus moderne.» Cette maison carrée possède une fenestration abondante grâce à ses quatre façades. Sobre et chaleureuse, l'aire ouverte comprend la cuisine, la salle à manger et le salon.

 

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

La demeure de David Gaucher et Nathalie Barabé date du début du XIXe siècle. Elle est située dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville, à Sault-au-Récollet.

Le désir d'harmoniser les nombreuses essences de bois présentait toutefois quelques difficultés. «En nivelant le plancher de la cuisine, on a mis du chêne partout puisque c'est ce qui dominait comme bois. Mais on a choisi du chêne coupé sur le quart pour obtenir un grain linéaire. En conservant un lien avec le bois présent dans la pièce, on a apporté une touche plus contemporaine.»La salle de bains, qui a nécessité pas moins de 45 versions préliminaires, a aussi été conçue par le couple. «On voulait une douche ouverte sans cloison un peu comme ce que l'on trouve fréquemment en Europe. C'est très pratique pour nos deux enfants qui n'ont pas besoin de franchir un quelconque obstacle pour s'y rendre.»

Les murs qui délimitent la douche sont couverts de tuiles de céramique dans des tons de terre. La couleur quasi rouille apporte un élément qui se fond bien à l'ensemble. L'effet de naturel en est rehaussé. Le système de la porte coulissante est, lui, très contemporain.

Pour ce qui est des deux chambres, on a modifié la configuration des placards situés dans le mur mitoyen pour avoir plus d'espace, mais la disposition des pièces est restée la même. Les proprios ont gagné un pied en grugeant sur la dimension de la chambre principale afin que la salle de bains puisse faire 11 pieds sur 8 et ainsi créer une illusion de grandeur.

Après cinq ans d'occupation, David Gaucher en vient à la conclusion que quelques choix auraient gagné à être légèrement différents. «Si c'était à refaire, certains matériaux s'adapteraient encore mieux à l'esprit d'origine.»

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

La configuration des placards situés dans le mur mitoyen a été modifiée pour laisser plus d'espace.