En pleine crise, les designers présents au Salon du meuble de Milan prônent le retour à l'essentiel et à l'utile, sans oublier l'environnement, après des années d'excès et appellent à faire place au rêve pour s'affranchir du pessimisme ambiant.

En pleine crise, les designers présents au Salon du meuble de Milan prônent le retour à l'essentiel et à l'utile, sans oublier l'environnement, après des années d'excès et appellent à faire place au rêve pour s'affranchir du pessimisme ambiant.

 «Nous sommes dans un moment où les choses se repensent de façon différente. Après les excès des dernières années où les produits devaient faire l'événement, à cheval entre les pièces d'art et le design, on revient à des objets qui font la part belle à l'usage et moins au décor», observe Stéphane Arriubergé, qui vient de fonder Moustache, éditeur parisien de mobilier contemporain.

 Parmi ses pièces conçues par plusieurs designers, des tables garnies de mousse et plaquées de bois pour en diminuer le poids, d'autres réalisées avec les chutes issues de la fabrication des tréteaux ou encore des lampes en papier qui tiennent debout toutes seules grâce à une technique de pliage.

 «Est-ce que le rôle du designer n'est pas dans la recherche de la simplicité industrielle afin de faire des pièces avec un moindre coût ?», s'interroge le designer belge Nicolas Bovesse.

 «L'ornement a tendance à diminuer au profit d'une fonctionnalité et d'une simplicité», «un retour aux formes fondamentales» avec «un peu moins de fantaisie», souligne-t-il.

 L'une de ses créations: une feuille d'acier de 2 millimètres d'épaisseur pliée de façon à en faire une table auto-portante.

 Jusqu'à lundi, Milan va vivre au rythme du design et du mobilier.

 Son Salon international du meuble, d'où se dégagent souvent les grandes tendances, ne connaît pas la crise. Le palais des expositions affiche complet et près de 500 marques n'ont pu venir présenter leur collection.

Cette année, rien de très osé au niveau des couleurs, dans les allées du Salon et dans le «off» qui anime le centre-ville. À part quelques taches de rouge et de vert, allusion à l'environnement, les gammes sont sobres.

 Des lignes épurées, moins de matières synthétiques, beaucoup de bois, de métal, des tressages d'osier notamment dans les assises des chaises ou les dossiers des canapés. De nombreux poufs sont en laine tricotée, pour créer une ambiance cocon dans la maison.

 Mais l'excentricité s'aperçoit ça et là comme ce canapé blanc étanche de la société italienne Oscar, au-dessus duquel coule une douche.

 Le rêve a aussi sa place pour faire oublier la morosité ambiante, comme chez Slamp, où les luminaires sont des nids d'oiseaux en métal ou font penser à des fleurs ou des coraux.

 «Contre les effets de la crise, les gens veulent des choses fraîches dans leur maison pour renouveler l'atmosphère, des produits simples mais avec une certaine magie, des choses qui n'affichent pas un luxe évident», estime Nigel Coates, l'un des designers de la marque italienne.

 La nature revient aussi dans les porte-manteaux qui font souvent penser à des arbres stylisés.

 Le design confirme aussi son approche environnementale avec la chaise d'enfant Parupu, née de la collaboration entre le groupe suédois Södra et les designers Claesson Koivisto Rune.

 L'objet, qui devrait être produit industriellement dans quelques mois et vendu pour un prix d'environ 25 euros, selon Joakim Nygren, ingénieur chez Södra, est fabriqué à partir d'un nouveau matériau entièrement biodégradable mais très résistant, composé de pulpe de papier et de bio plastique fait à base d'amidon de maïs.

 

Photo AFP

Installation lumineuse du designer allemand Ingo Maurer pour Krizia, présenté au Salon du meuble de Milan, en Italie.