Nous voici dans un quartier huppé à deux pas du centre-ville, devant un immeuble centenaire anonyme. Une porte s'ouvre sur un long escalier, qui débouche finalement dans... un superbe appartement au style Art déco. Bienvenue dans le nouveau projet de la créatrice de Damask & Dentelle, Vanessa Sicotte.
Cet appartement n'est pas comme les autres, mais ce n'est pas seulement en raison de son superbe cachet d'époque. Car tout ce qui s'y trouve, à quelques exceptions près, est à vendre. Plantes, tapis marocains, chaises chinées, coussins vintage : chaque objet a été soigneusement choisi pour former un lieu de vie chaleureux. Quoi de mieux que de voir un objet en contexte avant d'allonger les dollars nécessaires pour se le procurer?
L'idée de cet «appartement transactionnel» a commencé à germer dans la tête de Vanessa Sicotte quand plusieurs facteurs ont convergé. D'abord, celle qui blogue déco depuis presque 10 ans et qui représente 2000 artisans québécois avec son Répertoire déco cherchait un moyen de donner une meilleure vitrine aux artisans d'ici.
Aussi, les aléas de son métier de blogueuse commençaient à empiéter sur sa vie familiale. «J'ai repeint mon salon quatre fois en quatre ans pour satisfaire des demandes de contenu! lance Vanessa, fraîchement revenue d'un voyage éclair en Turquie quand elle nous accueille à l'appartement. Un moment donné, mon mari et mes trois enfants n'en pouvaient plus de voir des gallons de peinture dans la maison.»
Son nouveau local lui permet non seulement de travailler ailleurs que dans sa résidence de Montréal-Ouest, mais aussi de créer un espace pluridisciplinaire. Il s'agit d'abord d'une vitrine où les gens peuvent se procurer des meubles, des accessoires ou des pièces d'art abordables, mais aussi d'un espace locatif pour organiser des événements et même d'un refuge pour travailleurs autonomes!
«L'idée, c'était aussi de créer un appartement où l'on peut venir se blottir sur le canapé avec une tasse de thé et travailler sur son laptop.»
Dans l'appartement, on trouve des meubles chinés par Vanessa Sicotte elle-même au cours de ses voyages ou de ses virées de magasinage, quelques collaborations avec des marques - dont les fauteuils de West Elm et les tapis de Baba Souk -, ainsi que des créations signées Damask & Dentelle: son agenda avec Baltic Club, certains morceaux de sa collection de papeterie avec Lili Graffiti, son premier livre de décoration...
Sans oublier la soixantaine de coussins qui font partie de la collection Vintage Love par Damask & Dentelle, fabriqués à partir de tissus provenant d'Afrique, d'Asie, d'Argentine, de Croatie... «Je consomme beaucoup d'objets, mais je n'en avais jamais créé ni vendu», explique l'entrepreneure aux mille projets, qui collabore également à l'émission de Marina Orsini et qui prépare la sortie d'un deuxième livre pour 2018.
Elle a aussi collaboré avec l'architecte paysagiste Frédérique Allard, qui a mis ses plantes en terre dans les pots vintage que Vanessa collectionnait.
Ce n'est pas tout, car l'appartement va évoluer constamment au fil du temps. Après les Fêtes, il y aura une thématique de l'amour pour le mois de février, sans oublier des collaborations avec des artistes émergents. Par exemple, pour lancer le concept, la peintre Lysa Jordan a fait six tableaux exclusifs aux couleurs de l'appartement.
Photo David Boily, La Presse
Au-dessus de la commode centenaire est suspendu un tableau de Lysa Jordan, à qui Vanessa Sicotte a commandé six toiles exclusives aux couleurs de l'appartement. «Elle est venue ici pour s'inspirer, puis elle a créé cette collection. Une fois que toutes les toiles seront vendues, il n'y en aura pas d'autres.»
Cultiver le secret
L'appartement n'est pas ouvert au public. Quand on passe devant, impossible de deviner ce qui s'y passe derrière les portes closes. Surtout qu'il est situé dans une rue résidentielle. «Il y a quelque chose d'un peu clandestin, un peu club privé, qui charme les gens», croit Vanessa Sicotte, qui aime bien cultiver le mystère.
Chaque objet est répertorié sur le site de l'appartement. On peut donc tout acheter en ligne si on ne veut pas se déplacer, mais rien n'empêche les gens de venir voir sur place.
«Je veux vraiment utiliser le modèle d'affaires d'Instagram, précise Vanessa Sicotte. Je vais mettre des photos des objets en ligne et, si ça intéresse les gens, ils m'écrivent.» L'adresse physique leur est alors transmise, et ils peuvent venir faire un tour à l'appartement.
Pour l'instant, le salon et la salle à manger sont meublés, alors que la cuisine est fonctionnelle pour les événements. Il y a aussi deux salles de bains complètes. Peut-être qu'un jour, Vanessa meublera une ou des chambres, qui sont occupées par des bureaux pour l'instant. «Je voulais commencer par les aires à vivre et me donner la place de grandir après», conclut-elle.
_________________________________________________________________________
Photo David Boily, La Presse
Quelques meubles, dont le canapé bleu et la chaise jaune, viennent de chez West Elm. Vanessa vend aussi toutes sortes d'objets qu'elle a créés elle-même avec sa collection Vintage Love par Damask & Dentelle, dont plusieurs coussins.