Meubles en teck, fauteuils du milieu du XXe siècle, brocantes et bricoles: la rue Amherst est depuis longtemps une destination de choix pour les amateurs d'objets de style en quête d'une deuxième vie. L'artère montréalaise a connu des années plus fastes, il est vrai, mais on y déniche toujours des trésors d'époque en quantité. La suite des portraits de passionnés de design qui gardent le cap sur un bout de rue qui mérite amplement d'être redécouvert.

Jack's inc.

Dans le vaste local, Jean-Guy Cyr tient presque deux boutiques en une: d'un côté, le modernisme des années 60, avec des meubles restaurés, et, de l'autre, de multiples trouvailles au look plus éclaté.

La petite histoire

L'histoire de Jack's remonte à 1998, lorsque se côtoyaient seulement quelques boutiques, dont Antiquités Curiosités, reconvertie depuis au scandinave. «Le magazine Wallpaper [fondé en 1996] commençait à montrer du teck. C'est à ce moment, vers 2000, que la mode pour le mobilier moderne est née», est d'avis le propriétaire de la boutique Jean-Guy Cyr.

Passionné par le modernisme des années 60, cet ex-propriétaire de restaurant se lance dans le rétro avec une amie. «Je me suis ensuite établi à mon compte dans un local où il y a eu un magasin de vêtements pour homme qui s'appelait Jack's.» Les déménagements se succèdent, jusqu'à atterrir au numéro 1883 il y a quatre ans. Pendant les années fastes, lorsque la location de meubles pour le cinéma allait bon train, Jean-Guy Cyr a aussi géré deux adresses.

Ce qu'on y trouve

Du mobilier en teck de la période moderniste, mais Jack's ne dit pas non aux années 40 et 50.

Même que, ces temps-ci, la créativité débridée et le style ultracontemporain des années 80 déclassent l'univers pictural du «space age», auquel il s'est attaché un certain temps. «J'ai beaucoup de clients intéressés par les années 80, mais ce sont des New-Yorkais, des marchands et des collectionneurs.»

Le propriétaire possède également une large sélection de lampes, de vases en céramique, d'oeuvres d'art, de bibelots en verre et une multitude d'accessoires cocasses.

L'objet fétiche

«Les globes terrestres et, de plus en plus, les cabinets de curiosités. J'aime bien l'idée de prendre une armoire et d'y rassembler des objets, de mélanger différentes choses pour faire un tout, avec des insectes naturalisés, des sculptures, des bustes...»

L'état des lieux

«Au même prix, vous pouvez obtenir un meuble vintage plutôt qu'un neuf de mauvaise qualité provenant d'un magasin de grande surface. On restaure et on donne une deuxième vie au mobilier. C'est dommage que la rue ne soit pas plus reconnue, car on fait du réemploi.»

1883, rue Amherst

www.jacks70.com

Boutique Spoutnik

Les époques s'entremêlent à la boutique Spoutnik, située juste à côté de la galerie Zéphyr. Dans le magasin de Sylvie Rochon, véritable caverne d'Ali Baba, toutes sortes de trésors défilent.

La petite histoire

À l'ouverture du magasin, il y a 15 ans, Sylvie Rochon faisait dans le teck et les meubles de type scandinave, mais la boutique s'est totalement transformée avec le temps. «C'est beaucoup plus personnel. Maintenant, j'achète vraiment ce qui me plaît.»

Ce qu'on y trouve

Des luminaires en abondance de tous styles confondus: des chandeliers en verre de Murano au look féminin, des lampes plus masculines des années 70, des lustres en Plexiglas des années 90.

L'inventaire comprend du mobilier d'appoint, des articles pratiques et des accessoires à la tonne. «C'est très éclectique, ça peut varier de 1940 à aujourd'hui, mais ce sont tous des objets qui ont déjà vécu», dit la propriétaire, qui récupère aussi les tissus vintage pour en faire des coussins.

À l'occasion, la brocanteuse met en vitrine des perles rares, comme une table basse en résine Tony Duquette, au design surréaliste et un peu boudé. «C'était une pièce très particulière d'un grand décorateur américain des années 50. Les gens me demandaient pourquoi je l'avais achetée, mais pour moi, c'était exceptionnel. Après deux mois en magasin, une cliente a eu un coup de coeur et l'a prise.»

L'objet fétiche

«Les lampes. Pas de style en particulier, j'aime tout», dit Sylvie Rochon. Parmi ses nombreux coups de coeur: un chandelier de la maison autrichienne Lobmeyr, réputée dans l'art viennois du verre et des luminaires.

L'état des lieux

D'après Sylvie Rochon, le style Hollywood Regency, courant issu des années 20, détrône tranquillement le scandinave épuré. «On est dans le Hollywood des années 50 et 60, un peu fou et éclectique. On combine du neuf avec du vintage, on change d'ambiance avec des coussins, on met une table tulipe avec une chaise en bois de 1930, on mélange tout.»

2120, rue Amherst

boutiquespoutnik.com

Aussi sur le parcours...

> Seconde Chance

Très colorée et nostalgique de l'Expo 67, la boutique d'André Vincent se spécialise dans les accessoires de la période de 1950 à 1970. Lampes, articles de cuisine, poteries et jouets garnissent ce magasin qui s'est installé dans la rue en 2000, et qui était situé auparavant rue Beaubien.

1691, rue Amherst

secondechance-retro.com

> Galerie Carte Blanche

Destiné à toutes les formes d'art contemporain, y compris la mode, cet espace d'exposition se veut une vitrine conviviale pour les artistes.

1853, rue Amherst

galeriecarteblanche.com

> PEI Mobilier Moderne 20e siècle

Le collectionneur Pei Lei s'est établi il y a quatre ans dans l'ancien local de Jack's, à l'angle de la rue Ontario. Cabinet stéréo d'Arne Vodder, commode signée George Nelson, table d'appoint de la marque Fabricius&Kastholm... dans cette boutique, on trouve principalement du design américain et scandinave des années 50 et 60. Pour l'anecdote, c'est sur un plateau de tournage, en 1999, que l'ex-gérant de café a découvert le rétro, grâce à des pièces qui provenaient justement de chez Jack's.

1023, rue Ontario Est