S'il trône au-dessus de la salle à manger, le lustre s'impose dans des endroits plus inusités, comme la garde-robe et la salle de bains. Puisque son rôle décoratif est indéniable, le choix est généralement déterminé par son look et l'effet recherché. Veut-on mettre en valeur un objet ou donner un coup d'éclat à une pièce? Conseils pour trouver le modèle qu'il vous faut.

Le lustre a repris ses lettres de noblesse dans les quatre ou cinq dernières années. Il fait aujourd'hui partie de ces objets fétiches qui donnent la touche distinctive à la décoration d'une pièce.

Du chandelier flamboyant au luminaire épuré, les choix ne manquent pas. On remarque toutefois une constante: les créations actuelles sont pour la plupart des réinterprétations d'anciens modèles, que les créateurs se réapproprient.

«Lorsque la conjoncture économique est difficile, il y a une tendance à revenir à des styles plus traditionnels et classiques, ils procurent de la stabilité», explique Andree Naimer, copropriétaire d'UNION Lighting&Home, à Montréal.

Les tendances

Les formats surdimensionnés et les chandeliers sont toujours aussi populaires, mais les lustres d'inspiration Art déco commencent à faire leur apparition.

Le cristal est aussi très à la mode. D'après Andree Naimer, on le voit de plus en plus combiné avec du chrome brillant et des matériaux vieillis. On remarque également un retour en force des finitions en laiton.

De nouveaux matériaux

La texture est au rendez-vous, selon Claudia Poirier, d'Aucourant luminaires. «On voit beaucoup de bois, de métal, du tissu, du cuir, de même que des lustres transparents clairs et colorés, en verre ou en polycarbonate.»

Le look loft industriel s'incline devant le rétro chic et moderne. Les couleurs acidulées et laquées, dans le style des années 60, sont plus populaires. «Les designers revisitent certains modèles très classiques en opposant des couleurs vibrantes à des formes conventionnelles», explique la designer d'intérieur Marie-Claude Tessier, de FX Studio Design.

Le designer d'intérieur Jean Stéphane Beauchamp conseille cependant de choisir des teintes qui traversent le temps, comme le métal blanc, qui a l'avantage de donner un effet contemporain au décor.

La lumière

Comme le lustre a la fonction de créer une atmosphère chaleureuse, la température de la lumière et la possibilité de varier son intensité à l'aide d'un gradateur font partie des critères à considérer à l'achat.

Avec la mode industrielle, la lampe vintage munie d'une simple ampoule de type Edison est de retour. Mais bien qu'elle soit très aimée en raison de la couleur de feu qu'elle dégage, elle est très énergivore.

D'après Andree Naimer, les fabricants, tels que Swarovski, travaillent à créer des lustres écoénergétiques en introduisant des modèles à ampoules fluorescentes et les diodes électroluminescentes (DEL). «Cette technologie est passionnante, elle permet une plus grande créativité dans la conception, car les composants sont de petite taille.»

Le problème? La température de la DEL est considérée comme beaucoup trop blanche et bleutée.

«La DEL est un très bon choix sur le plan de l'efficacité écoénergétique, dit Jean Stéphane Beauchamp, mais ce ne sont pas tous les luminaires à DEL qui offrent la possibilité d'installer un gradateur. De plus, les gens préfèrent encore la chaleur de l'halogène à la froideur de la DEL.»

Pour contourner ce désagrément, le designer propose d'équilibrer la lumière crue de la DEL avec un abat-jour teinté de doré et la lumière verdâtre de l'ampoule fluorescente avec un abat-jour teinté de rose sur la surface intérieure. «Il existe également des filtres en silicone de couleur qu'on installe sur les lampes à DEL et qu'on achète dans les grands centres de luminaires.»

Les dimensions

La façon de choisir les dimensions d'un lustre pour une salle à manger est d'additionner la hauteur et la largeur de la pièce en pieds. La somme obtenue convertie en pouces correspond au diamètre du lustre à choisir.

Les designers avouent ne pas suivre cette règle inconditionnellement depuis quelques années. D'après eux, on peut être plus créatif, qu'il s'agisse d'habiller un espace très épuré ou de donner de la personnalité à un décor. La grosseur du lustre dépendra donc de l'effet qu'on veut donner et de ce qu'on veut mettre en valeur.

Pour ne pas se tromper, le designer d'intérieur Jean Stéphane Beauchamp conseille un exercice simple: «Découpez un carton avec la grosseur du lustre que vous désirez et suspendez-le à l'endroit où vous prévoyez l'installer.»

De plus, les commerçants permettent parfois «d'essayer» certains modèles. «On achète le lustre, mais si ça ne fait pas, on peut l'échanger. Il faut se renseigner et se faire conseiller par un spécialiste», ajoute-t-il.

Le prix

Objet de décoration d'envergure, le lustre constitue généralement une dépense importante. La gamme de prix? «On en trouve à 800$, comme à 10 000$», répond Claudia Poirier, d'Aucourant luminaires.

Selon Andree Naimer, d'UNION Lighting&Home, parmi les chefs de file qui se démarquent dans le haut de gamme, on compte Artemide, Schonbek, Hubbardton Forge, Fine Art et Ralph Lauren.

La designer Marie-Claude Tessier aime bien les modèles très modernes de la société espagnole Carpyen, qu'on trouve chez Homier Luminaire.

Pour un look vintage ou si on a un budget plus modeste, on peut se tourner vers les antiquaires.

Jean Stéphane Beauchamp recommande les boutiques d'antiquités de la rue Amherst à Montréal, Auger Halogène pour la restauration des lustres halogènes et Ylva de Laurier pour les lampes incandescentes.

Dans tous les cas, il vaut mieux miser sur la qualité, notamment parce qu'un lustre, souvent lourd et imposant, exige un câblage adéquat. Qu'il s'agisse d'une lampe vintage, d'une importation ou d'une grande marque, «il est important de s'assurer que l'appareil réponde aux normes de sécurité, telles que la certification CSA ou CUL», indique Andree Naimer.

Où le positionner?

S'il a toujours sa place dans la salle à manger, la cage d'escalier et le vestibule, le lustre donne le ton dans toutes les pièces de la maison.

«Aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de règles. On doit s'attendre à l'inattendu, dit Andree Naimer. J'ai visité une maison où le designer avait placé un lustre dans le garage, parce que les propriétaires aimaient recevoir et pouvaient convertir cet endroit en salle de réception!»

Au salon, où il est souvent placé au-dessus de la table basse et assez près du plafond pour faciliter la circulation, comme dans la chambre à coucher, on s'en remet plutôt à son intuition. «On l'a souvent vu au pied du lit, au-dessus d'un meuble et assez près du plafond, ou encore de part et d'autre du lit pour remplacer une lampe de chevet», ajoute Marie-Claude Tessier, de FX Studio Design.

Même s'il prend de plus en plus souvent place au-dessus de la baignoire, le designer Jean Stephane Beauchamp désapprouve cette idée.

«Le coup d'oeil visuel est magnifique, mais c'est dangereux de placer un lustre au-dessus d'une source d'eau. Si vous y tenez, assurez-vous que vous ne pouvez pas le toucher à main tendue.»

La hauteur

Outre le style du luminaire, la lumière qu'il diffuse et son intensité, Claudia Poirier d'Aucourant luminaires conseille de tenir compte du mobilier en place, de la lumière naturelle qui éclaire la pièce, ainsi que de la grandeur de celle-ci et de la hauteur du plafond.

Pour la salle à manger, on recommande généralement d'installer la suspension à une distance de 75 à 90 cm (30 à 36 po.) de la table. D'après Marie-Claude Tessier, l'important «est de ne pas avoir la lumière dans son champ de vision et de faire attention à l'éblouissement. Il faut que le lustre soit plus haut que la hauteur des yeux».

Cela dit, il ne s'agit que d'un point de repère qui ne s'applique pas à tous les types de luminaire, d'où l'importance de faire des tests avant de fixer le lustre.

Enfin, comme il s'agit d'un objet souvent très massif et coûteux, les designers conseillent de laisser l'installation aux bons soins d'un électricien ou d'un centre de luminaires.

Tendances

Parallèlement à la mode du rétro, les lustres contemporains et géométriques imposent leurs formes, qu'ils soient massifs ou, à l'inverse, minimalistes, comme le chandelier Agnès de la société américaine Roll&Hill.

Autre tendance à suivre, les formes ludiques et les détournements d'objets. Le lustre «nuage» de l'atelier californien APPARATUS en est un exemple, comme le Teapot Grouping de Roche-Bobois, suspension composée de sept théières en porcelaine blanche.

«On voit une tendance au design décalé, au mélange des formes et des styles avec humour et créativité. On n'hésite pas à faire des clins d'oeil humoristiques, certains lustres sont même en forme de panache de caribou», souligne Jean Stéphane Beauchamp.