Les Wezo de Danielle Samson ne sont pas de simples oiseaux. Ils appartiennent à des classes sociales, certains occupent des professions et, surtout, ils possèdent des personnalités bien trempées. Le plus comique, c'est qu'ils ont des profils sociologiques qui s'apparentent à ceux des humains.

Jeunes ou vieux, peu importe le sexe, les Wezo font la pluie et le beau temps dans l'imaginaire des gens. Aujourd'hui, leur population dépasse les mille spécimens répartis surtout au Québec, mais certains ont pris le chemin de l'Europe et des États-Unis.

Or comment une peintre pastelliste qui, de surcroît, résidait il n'y a pas si longtemps dans les forêts de l'Abitibi s'est-elle retrouvée un beau matin à sculpter des Wezo dans la municipalité de Saint-Éloi du Bas-Saint-Laurent? C'est qu'elle y habite depuis cinq ans, «mais la folle aventure des Wezo a débuté il y a environ 24 mois grâce à un de mes voisins, lui-même sculpteur», explique Danielle Samson.

Photo: Steve Deschênes, Le Soleil

Pressé de trouver quelqu'un qui partagerait sa passion d'inventer des oiseaux, Roger Dumont l'a mise au défi de gosser un premier spécimen qui aurait pour seule obligation de faire sourire les gens. Et le défi fut relevé haut la main si bien qu'en deux ans, Danielle Samson a créé toute une population d'hurluberlus sur pattes qui ont été exposés au Nouveau-Brunswick, dans le Bas-Saint-Laurent.

L'artiste avoue participer pleinement à la folie des Weso parce que «je ne sais jamais à l'avance qu'est-ce que je vais créer. C'est la matière première qui me guide, dit-elle, à savoir la forme des branches et des bûches». Des bouts de bois qui, pour le commun des mortels, ne ressemblent à rien, mais que Danielle Samson transforme en Commérius Glaucus ou en Darius, en Betov ou en Wezo-Béko et qu'elle peint de vert, de rose, de jaune au gré de sa fantaisie. «La couleur, c'est mon dada parce que je suis avant tout une peintre», explique-t-elle. Un art qu'elle continue d'exercer en parallèle des Wezo.

Photo: Steve Deschênes, Le Soleil

Chacun leur histoire



D'ailleurs, une fois sortis de leur coquille de bois, ces volatiles continuent leur périple. Chacun a une histoire, un nom, un bout de vie qu'il pourra continuer de partager sur le blogue de Danielle Samson (www.wezo-wezo.blog spot.com) où on vous invite à faire des suggestions.

Déjà, plusieurs spécimens vous attendent. Celui qui a parti le bal, souligne Mme Samson, c'est le Voisinus Épius qui est aussi appelé Oiseau à deux faces. Il fait partie de la famille des Tchèqueux. Son habitat naturel, c'est toujours à la fenêtre, et son chant, c'est Tâtuvu Tâtuvu. Toujours sur le blogue, on retrouve Neron avec son bec en forme d'allumette; il sert, dit-on, à allumer les barbecues. Un peu plus loin, le Betov, un oiseau mélomane qui fait son nid dans les gramophones. Enfin, Béko est un distributeur de câlins. Aussi pour freiner ses élans d'affection est-il obligé de marcher constamment sur les freins. Ce qui explique son allure à reculons.

Photo: Steve Deschênes, Le Soleil

Afin de rassurer les ornithologues et toute la population, Danielle affirme avec humour que tous ses volatiles sont 100 % «billot», donc bio. «Même les étiquettes le sont», poursuit l'artiste. Mais pour observer de visu à quoi ressemble un Wezo, la boutique Le Rendez-vous des collectionneurs, 123, rue Saint-Paul, à Québec, en garde plusieurs spécimens. Et si vous avez le bonheur d'aller vous balader dans le Bas-Saint-Laurent, l'artiste expose ses oeuvres au café Cazin de L'isle verte, à la galerie Atelier Oiseau de Saint-Éloi ainsi qu'au marché public de Trois-Pistoles à compter du 18 juillet.