Dans la démarche artistique de la designer de textiles allemande Ute Wolff, tout commence avec le point «parce que c'est le plus petit dénominateur commun dans le graphisme, explique-t-elle, mais plus encore dans mon propre univers créatif, où fil et tissu sont indissociables».

Une union dont la force créative repose sur les procédés et les matériaux que l'artiste emploie pour inventer des sculptures textiles qui s'expriment non plus en deux, mais bien en trois dimensions, dans des objets aussi fascinants que surprenants. Des exploits qu'elle réalise grâce à la technologie, à l'artisanat et à la science millénaire de la broderie qui n'en finit plus de révéler son potentiel.

 

Dans l'exposition Luminaires textiles que Ute Wolff présente jusqu'au 7 mars au Centre MATERIA, angle Charest et de la Couronne, les textiles aux surfaces luisantes, brodées, sérigraphiées portent des noms évocateurs liés à la lumière, à la lune et à l'eau. Ils ont aussi de la teneur, de la profondeur et de la luminosité. Mais il s'agit ici de lumières textiles qui ont l'éclat d'un bijou délicat ou d'un objet enfoui sous l'eau vu à travers la transparence des tissus d'organza.

«Or la broderie se situe au coeur de ma création, souligne Ute Wolff, parce que cet art porte un bagage culturel et traditionnel très important, nous renvoyant l'image de nos grand-mères en train de broder au petit point des fleurs, des papillons et autres fantaisies.»

Brodeuse industrielle

Mais au-delà du background patrimonial, la designer a voulu savoir jusqu'où on pouvait aller avec cet art qu'elle définit minimalement comme «un tissu dans lequel je passe un fil». La simplicité des mots lui a permis d'aller explorer la machine industrielle qui, de par sa programmation, est faite pour reproduire un patron à des milliers d'exemplaires. Mais si on disait à la machine de travailler autrement, de suivre d'autres paramètres, qu'arriverait-il ? Ute Wolff a poussé la brodeuse industrielle à ses limites techniques. «Et le résultat a surpris tout le monde, dit-elle, à commencer par les travailleurs d'usine, qui avaient l'habitude de voir et d'entendre ronronner leur machine sur une certaine musique, mais qui n'auraient jamais pu imaginer qu'elle était capable de prouesses et surtout, de créativité.»

Parmi les dizaines d'oeuvres de l'exposition, Ute Wolff a conçu des lampes «méduses» qui expriment une poésie des profondeurs qu'on a envie de s'approprier. Mais il y a aussi ces cadres textiles lumineux à travers lesquels on peut observer que le point dans toutes ses facettes, qu'il soit imprimé, cousu, brodé ou perforé, est aussi important dans l'expression des créations de Ute Wolff que le fil lui-même.

Par ses broderies textiles, Mme Wolff dit vouloir éveiller notre conscience et développer la richesse de nos sens. Mais c'est aussi un art qu'elle enseigne à la Maison des métiers d'art du Québec. Pour voir autrement les textiles, les broderies, les fils, les tissus et les formes que tout cela peut prendre, l'exposition se tient jusqu'au 7 mars, du mercredi au dimanche de 12h à 17h, et jusqu'à 21h les jeudis.