L'art de la table

Les céramistes Denise Goyer et Alain Bonneau s'intéressent à l'art de la table depuis 35 ans. Elle se dit «architecte» de leurs oeuvres, alors qu'elle voit en lui l'«ingénieur». Les artistes sont reconnus pour leur approche fonctionnelle de la céramique. Le centre d'art Materia accueille leurs créations jusqu'au 24 mai à Québec.

Les céramistes Denise Goyer et Alain Bonneau s'intéressent à l'art de la table depuis 35 ans. Elle se dit «architecte» de leurs oeuvres, alors qu'elle voit en lui l'«ingénieur». Les artistes sont reconnus pour leur approche fonctionnelle de la céramique. Le centre d'art Materia accueille leurs créations jusqu'au 24 mai à Québec.

 Le centre Materia reçoit de la grande visite, celle des céramistes Goyer Bonneau, qui présentent la rétrospective d'une carrière en tandem échelonnée sur près de 35 ans. De la théière devenue icône, au vase communicant qui donne son nom à l'exposition, l'art de la table se révèle sous son jour le plus sophistiqué.

 Denise Goyer et Alain Bonneau se sont investis dans une production liée aux tendances culinaires. Ils se sont adaptés aux époques, sans jamais cesser d'apporter une touche ludique à leurs pichets, leurs tasses, leurs bols. «Nos pièces sont toujours pensées en fonction du fait qu'elles vont être touchées et manipulées», a résumé Alain Bonneau.

Dans la belle salle d'exposition du quartier Saint-Roch, à Québec, les 30 morceaux sélectionnés par la commissaire Sylvie Royer invitent à la caresse, tant leurs textures et leurs formes sont révélatrices d'une recherche pour atteindre la beauté et la perfection.

 Sur un grand mur au centre de la salle, des dessins de Denise Goyer ont été agrandis, puis reproduits, pour lever le voile sur le processus créatif. «Ça part d'une phrase, d'un geste, a-t-elle expliqué en entrevue téléphonique. Je développe mon idée avec des dessins dans mon livre d'atelier.»

 Ils se sont rencontrés sur une plage de Plattsburgh, aux États-Unis, à la fin de leurs études secondaires. Elle rêvait d'une carrière en design industriel, lui d'arts graphiques. Elle l'a initié à la céramique et ils ont commencé à travailler ensemble en 1975, alors que la pratique du design de céramique n'était pas très répandue au Québec et au Canada.

 Ils vivent et travaillent à Carignan, sur la Rive-Nord, près de Montréal. «Notre façon de faire est artisanale, affirme Denise Goyer. Mais notre production s'approche du niveau industriel.» De l'idée à la réalisation, ils font tout à deux. «On garde le contrôle de l'objet jusqu'à sa mise en marché», dit-elle.

 Diffusion internationale

 Depuis 1996, ils privilégient le Buyers Market de Philadelphie, un salon spécialisé où ils présentent leurs dernières créations à des connaisseurs venus de partout. Cette année, ils ont accepté une invitation à Baltimore, pour un salon habituellement réservé aux artisans américains. Leur diffusion est internationale, les salons américains rayonnant jusque chez les Chinois.

Gourmands et gourmets, Goyer et Bonneau se sont intéressés à la façon dont les gens manipulent la vaisselle. Ainsi, leur «service de table idéal» de faïence (1983) se transforme, «par le jeu des formes et des motifs», en fonction de leur disposition sur une table.

 Au fil des ans, le couple a constaté que les duos d'objets revenaient souvent dans leur production. «C'est surprenant», a confié Denise Goyer, en donnant comme exemple le Vase communicant (2008), la théière blanche à deux becs (2002) ou les Jumeaux, deux vases de porcelaine créés en 1998, l'année où leur fille a donné naissance à des jumeaux. Même le Bol du divorce (1989) évoque avec un certain humour le morcellement d'un couple.

 Denise Goyer et Alain Bonneau ont toujours prôné la démocratisation de leur art. Ils le prouvent ce printemps avec la création d'une bourse à leurs noms qui sera remise, le 3 mai, à huit céramistes de la relève dont les oeuvres sont exposées à la boutique Materia. «Il y a moyen de gagner sa vie en métier d'art», plaident-ils.

 _________________

L'exposition Goyer Bonneau ou Les vases communicants se tiendra jusqu'au 24 mai, du dimanche au mercredi, de 12h à 17h, au centre Materia, au 395, boul. Charest Est, à Québec. L'entrée est libre.