Défier les modes. C'est vraiment l'impression qui se dégage à l'occasion d'une telle visite. Les propriétaires de cette demeure ont combiné les saveurs d'un décor outremontais typique à des accents résolument contemporains. Avec des choix très personnels, des coups de coeur, ils ont aménagé une résidence stylée, pas trop chargée et où l'on respire.

Défier les modes. C'est vraiment l'impression qui se dégage à l'occasion d'une telle visite. Les propriétaires de cette demeure ont combiné les saveurs d'un décor outremontais typique à des accents résolument contemporains. Avec des choix très personnels, des coups de coeur, ils ont aménagé une résidence stylée, pas trop chargée et où l'on respire.

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« Tout ça, c'est du temps qu'on n'a pas passé avec un décorateur », confie la propriétaire qui, comme son conjoint, a véritablement l'oeil exercé pour reconnaître ce qui lui plaît. « Il faut être spontané, mais on est spontané aussi quand on a vu ça ailleurs... » Ils ont plutôt fait appel à un ami de la famille architecte pour les gros travaux.

Il fallait y croire au moment de l'achat. La maison était sombre, la lumière était entravée par une débauche de vitraux, avec un premier étage étouffant surplombé d'un grenier. C'est la hauteur des plafonds qui a fait pencher la balance. « On avait vu le potentiel. Les plafonds font 11 pieds et 3 pouces (environ 3,5 mètres). C'est extraordinaire », souligne pour sa part le propriétaire.

Mur abattu, escalier déplacé

Le gros du travail à l'intérieur s'est résumé à trois phases importantes : en premier lieu, les modifications du rez-de-chaussée. On a démoli une partie du mur du couloir qui mène de l'entrée à la cuisine. Le mur abattu, la partie salle à manger devenait beaucoup plus dégagée et claire. Les propriétaires ont également déplacé l'escalier de la cuisine descendant au sous-sol vers la salle à manger. La cuisine est maintenant beaucoup plus spacieuse. Il faut savoir qu'à la place du nouvel escalier du sous-sol s'élevait un escalier de service montant à l'étage qui, lui, a été démoli.

Ensuite, au premier étage, la portion avant côté rue, anciennement réservée aux maîtres de maison, est plus vaste que la partie du fond dominée par un couloir étroit. Pour faire respirer l'espace davantage, on a carrément défoncé le plafond pour faire place à un immense puits de lumière. En grimpant le grand escalier, la clarté s'impose désormais sur les grands murs clairs garnis de toiles naïves. Pour le look, et pour avoir un accès facile à l'éclairage, le propriétaire a disposé deux grandes fenêtres, reprenant ainsi l'idée de la cour intérieure.

Le « travail de titan », selon l'expression du propriétaire, s'est également déroulé au cours de la réfection des murs. Il était impossible de les réparer avec des panneaux de gypse car ceux-ci débordaient sur les plinthes de 15 pouces (38 cm) ! « Il a fallu refaire tout le plâtre à la main. Quinze mille pieds carrés de plâtre ! » de préciser le propriétaire.

Le coût

Cette rénovation date de 1997 mais ne fait pas son âge. Le mobilier de qualité, indémodable, dans certains cas dessiné par le propriétaire, ainsi que le choix des objets de décoration y sont pour beaucoup. En 1997, les propriétaires ont payé 365 000 $ et engagé 300 000 $ en rénovations. Aujourd'hui, selon le propriétaire, des travaux pareils seraient impossibles à réaliser puisque trois fois plus coûteux.

Préserver le caractère de la maison

Des boiseries très présentes et des vitraux très ornementés. L'effort de restauration a été dirigé pour redonner à ces deux éléments majeurs de la maison tout leur attrait. En fouillant dans ses papiers, le propriétaire a retrouvé pour nous le nom de la firme d'architectes qui a dessiné les plans de la maison bâtie en 1912 : Gauthier-Daoust, spécialisée dans le domaine de la construction religieuse.

Louis-Zéphirin Gauthier ou son fils Joseph, lui aussi architecte, ont-ils vécu dans cette maison ? Difficile à dire, mais le père, en tout cas, a à son actif une liste impressionnante de bâtiments religieux, ayant notamment participé à la conception de l'église de la paroisse Saint-Louis-de-France, rue Roy, et à celle de Saint-Viateur d'Outremont.

On comprend mieux alors l'abondance des vitraux et l'importance de leur conservation. Il a fallu pourtant en sacrifier quelques-uns, situés à l'arrière de la maison, car ils assombrissaient un peu trop l'espace au goût des propriétaires.

En revanche, les occupants ont tout fait pour éviter de devoir retrancher ne serait-ce qu'une « lamelle » de boiseries. Mieux, ils en ont rajouté ! Dans l'escalier principal, notamment, anciennement complètement tapissé, ils ont « inventé » les marches dans un bois qui a le même fini que les moulures. Dans certains cas, ils ont reproduit des morceaux de plinthes et de moulures manquantes.

Les maisons d'Outremont étaient généralement garnies de boiseries plutôt foncées (couleur noyer), mais « dans notre demeure, le bois n'était pas précieux. C'était du pin, mais qui avait été traité avec un faux-fini blond. Nous sommes allés rechercher exactement la même teinte », indique le propriétaire.

La hauteur des plafonds, qui offre naturellement un certain décorum, était parfaite pour loger du mobilier contemporain relativement imposant. Mais il fallait aérer davantage, et l'un des moyens entrepris pour y arriver a été de démolir l'escalier de cuisine menant à la cave, vite remplacé par un nouvel escalier dans la salle à manger. Pour recréer exactement le style de la rampe de l'escalier principal, les propriétaires ont fait appel à un ébéniste du Richelieu.