La calligraphie et l'enluminure sont des métiers vieux comme le monde qui allient l'histoire, le dessin et la lenteur du geste. Myriam Chesseboeuf les pratique tous les deux, en les maintenant en vie à bout de bras et en s'efforçant de transmettre son savoir.

La calligraphie et l'enluminure sont des métiers vieux comme le monde qui allient l'histoire, le dessin et la lenteur du geste. Myriam Chesseboeuf les pratique tous les deux, en les maintenant en vie à bout de bras et en s'efforçant de transmettre son savoir.

«L'art de la belle écriture»: ça fait drôle de taper ces mots sur un clavier d'ordinateur qui forme des @ impeccables et des & parfaits. Le calligraphe, lui, mouille sa plume dans l'encrier et trace des lettres ornementées, avec des rondes, des arches, des fûts et des diagonales stylisés. C'est archaïque mais charmant.

L'enlumineur «apporte de la lumière à un écrit». Il travaille avec des plumes et des pinceaux, des pigments de couleur en poudre, des feuilles d'or et de l'or minéral 24 carats, des parchemins de chèvre, de veau ou d'agneau, et de très beaux papiers imitant le parchemin.

L'enlumineur peut dessiner, dans un O majuscule gros comme un sou noir, un saint Augustin donnant son cours magistral à deux élèves. Les détails sont si minuscules qu'il faut une loupe pour les observer. Et ce O n'est que la première lettre d'un texte qui court dans des entrelacs de feuilles et d'animaux, d'une finesse émouvante.

Originaire de la ville de Poitiers, en France, Myriam Chesseboeuf s'est installée au Québec en juillet 2004, avec son mari et leurs deux enfants. «On est arrivés sans idée de retour», résume-t-elle, en saluant la qualité de l'accueil des Québécois.

Euphorie pour des signets

«Instable professionnellement» dans son Poitou natal, elle se consacre désormais à son art à temps plein. Elle a vite constaté que la calligraphie et l'enluminure étaient peu connues ici. En revanche, toutes les fois où elle a participé aux Fêtes de la Nouvelle-France, c'était «l'euphorie» à son stand, les curieux s'arrachant les signets à 2 $ qu'elle calligraphiait à leurs prénoms.

Le mois dernier, à sa première présence au Salon des artisans de Québec, les choses ont été moins faciles. Pour Myriam Chesseboeuf, ce fut néanmoins une belle vitrine qui lui a permis de mousser ses cours et de démystifier son métier.

Son atelier, baptisé le Parchemin du Roy, est situé dans un immeuble à logements de l'avenue Holland, dans le quartier Saint-Sacrement, à Québec. Lumineux à souhait, il lui fournit la quiétude dont elle a besoin pour créer, et la visibilité nécessaire à sa survie.

Elle y expose les affiches, les cartes de souhaits, les arbres généalogiques, les petits tableaux, les cartes-enveloppes et les feuilles à marges enluminées qui composent une partie de sa production. Il y a aussi les oeufs (autruche, émeu, cane, oie, pintade) sur lesquels elle a appris à dessiner, il y a 25 ans. «J'avais sympathisé avec le directeur du zoo de Poitiers qui me fournissait en oeufs», raconte-t-elle avec amusement.

Alors que les enlumineurs de Montréal tendent à une interprétation contemporaine, Myriam Chesseboeuf tient à préserver le caractère historique de ses créations. «Ils ne veulent pas de moi dans leur association», confie-t-elle. Elle n'est pas historienne et elle ne prétend pas donner de cours sur l'histoire du livre et de l'écrit. Mais à force de mettre des textes anciens en valeur, elle en est venue à «donner une vision historique» à chacune de ses oeuvres.

Elle se rappelle qu'enfant, elle recopiait les livres que sa grand-mère refusait de lui prêter. «Elle m'a habituée à écrire», constate-t-elle, reconnaissante. Et quand elle s'est mise sérieusement à peindre et à calligraphier, elle s'est souvenue de son grand-père maternel, peintre en bâtiment et artisan en lettrage commercial. «J'ai hérité de son talent», dit-elle, en rêvant maintenant de le propager à Québec.

Pour en savoir plus: www.leparcheminduroy.com ou 418 688-4433

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

Une série de feuilles à marges enluminées créées par Myriam Chesseboeuf.