Au palmarès des besoins des propriétaires urbains, l'envie de lumière occupe la première place.

Au palmarès des besoins des propriétaires urbains, l'envie de lumière occupe la première place.

Selon le couple d'architectes montréalais Marie-Claude Hamelin et Loukas Yiacouvakis, les gens veulent plus de lumière, car les appartements montréalais - bâtis pour la plupart sur des lots étroits - sont généralement sombres.

L'idéal? Installer de grandes fenêtres filant sur deux étages afin d'obtenir une lumière zénithale. «Cette lumière est plus directe et plus vive que celle du rez-de-chaussée», précise Mme Hamelin.

«Je préfère une grande percée verticale à un puits de lumière. Ce dernier occasionne souvent des problèmes de surchauffe alors qu'il est facile de poser des stores à une grande fenêtre», enchaîne Loukas Yiacouvakis.

Autre demande des propriétaires urbains: le décloisonnement des pièces de vie, une solution éprouvée pour donner une impression d'agrandissement. «Nous tentons toujours de créer le même effet: dilater l'espace habitable», résume l'architecte.

L'ouverture des pièces du rez-de-chaussée vers l'extérieur, de préférence un jardin, est aussi très recherchée. Le défi des architectes est alors de trouver un juste équilibre entre l'ouverture maximale des espaces sur l'extérieur et la préservation de l'intimité des occupants. Autrement dit, posséder un logement au centre-ville tout en ayant un jardin (très) privé. D'où l'aménagement d'une cour intérieure murée ou clôturée. Dans le cas des balcons d'un petit immeuble, un garde-corps composé d'une toile solaire plutôt que d'un verre transparent permet aux occupants de voir sans être (trop) vus.

À l'intérieur, le même principe s'applique: le remplacement d'une cloison opaque par du verre givré laisse filtrer la lumière naturelle tout en préservant l'intimité.

Enfin, parmi les aménagements les plus recherchés, il y a la «pièce» supplémentaire située à l'extérieur. «Tout le monde veut un jardin, une grande terrasse ou un toit aménagé. L'ère du minibalcon (4 pi sur 8) est terminée!» constate Loukas Yiacouvakis.

Faire plus avec moins

Le duo d'architectes n'hésite pas à «retrancher» des pieds carrés à la superficie d'un logement afin de mieux faire pénétrer la lumière. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait avec brio dans sa propre maison (dite tour) située rue Bélanger Est, dans le quartier de la Petite Italie.

Ils ont agrandi une modeste maisonnette en un bloc lumineux à trois niveaux. Surtout, ils ont sacrifié 100 pieds carrés au premier étage afin d'obtenir une fenestration double hauteur. Côté rue, le verre est givré. Côté jardin, une porte de garage en bois permet à la famille de circuler sans entrave entre la cuisine et la table extérieure. Mieux, les planchers de la cuisine et de la terrasse sont en ipé et sans dénivelé. L'intérieur semble donc se prolonger vers l'intérieur. Conséquence: l'espace de la cuisine semble décuplé.

À l'autre extrémité de la cour, on accède à l'atelier des architectes installé dans les anciens garages des lieux. Un mur couvert de crépi et troué d'une porte en acier Corten «ferme» la cour et la rend très intime.

Le premier étage de la maison est doté d'un garde-corps métallique et comporte le salon et une salle de jeux pour les deux enfants. Quant aux chambres, elles ont été construites comme des cellules privées (séparées par des cloisons coulissantes) et sont situées au dernier niveau.

Espace de qualité

Dernièrement encore, les architectes d'YH2 ont utilisé les mêmes solutions architecturales pour rehausser l'intérieur d'une maison à demi-niveau, à Montréal. De prime abord, les propriétaires ont sourcillé en apprenant qu'ils «perdraient» 230 pieds carrés de superficie au sous-sol. Aujourd'hui, ils ne regrettent rien: leur nouvelle salle à manger est largement vitrée et possède un plafond de 13 pieds. En prime, des puits de lumière ont été installés dans la toiture à pignon et un faux-plafond en acrylique transparent a été construit afin de laisser passer la lumière librement.

Espace vital, lumière maximale: neuf techniques éprouvées

 Faire entrer plus de lumière dans la maison et ouvrir les pièces, idéalement sur un jardin. Voilà en gros ce que désirent les propriétaires urbains sur le point de commencer d'importants travaux. Mais quels sont les procédés appropriés pour décloisonner des pièces de vie, illuminer un appartement et le faire paraître plus grand? Les architectes de l'atelier YH2 et Paul Bernier nous refilent des techniques éprouvées pour y arriver.

 Plus de lumière

 Souvent étroits et dotés d'un long corridor, les appartements montréalais sont plutôt sombres. Solution? Percer de grandes fenêtres dans la façade arrière et élever, si possible, les plafonds. Lors de la transformation d'un duplex en cottage ou d'un agrandissement en hauteur, il est concevable d'installer des fenêtres s'élevant sur deux niveaux. Dans leur maison, les architectes de l'atelier YH2 ont retranché 100 pieds carrés au premier étage afin d'aménager des pièces en mezzanine et, surtout, une fenestration double hauteur. «Pour ne pas perdre de la superficie habitable à l'étage, on choisit un aménagement laissant filtrer la lumière, comme un caillebotis», suggère Loukas Yiacouvakis d'YH2. Autre solution: un corridor en lattes de bois à claire-voie. L'architecte Paul Bernier en a réalisé un en lames de merisier arrondies dans sa maison du Plateau-Mont-Royal.

 Grandes fenêtres et intimité

 Les propriétaires urbains désirent «ouvrir» le plus possible les pièces de jour vers l'extérieur sans être (trop) vus. D'où l'importance d'avoir une cour clôturée ou même murée. Pour une rénovation dans le quartier Villeray, l'architecte Yiacouvakis a par ailleurs conçu, en guise d'écran, un grand treillis métallique couvert de lierre devant un bandeau de fenêtres verticales, côté rue. L'été, l'intimité est préservée et la surchauffe évitée.

 Pièces décloisonnées

 Le décloisonnement des pièces de vie (cuisine, salle à manger, séjour, salon) donne un effet d'agrandissement fulgurant. «Et la lumière circule mieux», ajoute Paul Bernier.

 Transparence

 La transparence des matériaux procure un effet d'agrandissement. D'où l'utilisation du verre dans l'aménagement de certaines pièces comme le bureau (verre transparent) ou la salle de bains (verre givré). Autre exemple: un escalier sans contremarche procure un effet de légèreté.

 Mobilier intégré

 Pour gagner de l'espace, rien de mieux que du mobilier intégré (au bâtiment) à double fonction. Exemple: le meuble-paravent qui, sous forme de bibliothèque, peut servir de séparateur et de rangement tout en laissant filtrer la lumière du jour dans un bureau ou dans le sous-sol. Les architectes d'YH2 font appel à des ébénistes pour créer du mobilier qui s'intègre parfaitement au projet. «En plus, les ébénistes ont accès à une variété de couleurs et de matériaux, ce qui permet une réalisation de meilleure qualité», fait remarquer l'un d'eux.

 Comptoir de service

 Inspirée par le secrétaire muni d'un panneau rabattable, Marie-Claude Hamelin a conçu un rangement de cuisine ingénieux pour un couple propriétaire de Rivière-des-Prairies: un comptoir de service. Aménagé derrière des portes coulissantes, il est composé de tiroirs et d'un plan de travail sur lequel on place les petits électroménagers qui encombrent la cuisine. Lors de l'arrivée impromptue de parents ou d'amis, il suffit de fermer les portes pour faire disparaître le fouillis!

 Îlot convoité

 L'îlot de cuisine est recherché. Tout le monde en veut un, constatent les architectes. Raison? Il s'impose comme LA pièce de mobilier de la convivialité. Sans compter qu'il a remplacé la dînette.

 Garde-manger utile

 Le garde-manger est de plus en plus coté. «Les gens veulent de grandes dépenses, car ils cuisinent beaucoup», observe M. Bernier. Tendance émergente? Marie-Claude Hamelin a imaginé une «dépense idéale» pour petit logement: toute en largeur, cachée derrière deux portes coulissantes face à l'îlot, elle contient le réfrigérateur et une multitude de tablettes. Une fois le repas terminé, il ne reste qu'à fermer les portes pour tout dissimuler!

 Flexibilité recherchée

 Les pièces à vocation unique sont dépassées. Flexibles, elles s'adaptent dorénavant aux changements familiaux et aux besoins nouveaux. «J'ai pris soin d'insonoriser et d'isoler la salle de jeux de mes deux enfants qui, à l'adolescence, pourront l'utiliser à leur guise et y écouter leur musique», explique Paul Bernier. L'architecte, qui a aménagé un bureau au dernier niveau de son triplex, peut également transformer cette pièce en chambre, s'il le faut.

 

Photo Robert Mailloux, La Presse

Il a fallu retrancher 100 pieds carrés au premier étage afin de laisser filer les fenêtres jusqu'à 18 pieds (5,5 m) de hauteur. Le verre dépoli et l'ajout de stores en bois préservent l'intimité des occupants et évitent la surchauffe en été.