L'historien Michel Lessard vit depuis 20 ans dans un bungalow de Lévis qui lui révèle «le côté insolite de Québec», ainsi qu'un profil inhabituel du Château Frontenac. Entouré de livres, de beaux meubles et d'oeuvres d'art, ce fou du patrimoine puise son équilibre dans la lumière et le paysage. «C'est la Côte d'Azur ici», glisse-t-il.

L'historien Michel Lessard vit depuis 20 ans dans un bungalow de Lévis qui lui révèle «le côté insolite de Québec», ainsi qu'un profil inhabituel du Château Frontenac. Entouré de livres, de beaux meubles et d'oeuvres d'art, ce fou du patrimoine puise son équilibre dans la lumière et le paysage. «C'est la Côte d'Azur ici», glisse-t-il.

 «Cette maison ne répondait pas à nos goûts esthétiques, confie Michel Lessard. Mais elle avait les paramètres de base que ma compagne et moi jugions essentiels : l'ouverture à la lumière et au paysage, l'ouverture des espaces intérieurs et une orientation logique en rapport avec la lumière.»

Cet auteur de nombreux ouvrages, dont la Nouvelle Encyclopédie des antiquités du Québec, assume à 100 % le fait d'habiter un bungalow. Loin de lui l'intention de se défaire des armoires en pointe de diamant ou du comptoir de formica de la cuisine. Même le mur de pierre du sous-sol a finalement trouvé grâce à ses yeux.

 S'il a apporté quelques changements, c'est pour mieux jouir de la lumière. Il a fait agrandir les fenêtres des chambres, au sud. Et il a transformé une salle de lavage en une charmante dînette où il fait bon prolonger le petit déjeuner.

 Au sous-sol, où il a son bureau, il a fait abattre un mur qu'il a remplacé par une paroi de verre. De son pupitre, au plus profond de ce rez-de-jardin, il a une connexion visuelle directe avec le Château Frontenac. Une grande table et des chaises de teck scandinaves servent lors des réunions avec les collègues qui l'assistent dans la réalisation de ses ouvrages.

Maîtres de l'éclectisme

 Dans une pièce attenante à son bureau, il désigne un «fauteuil de curé» Arts and Crafts dégoté dans un presbytère de Saint- David. Sa base de bois est percée de motifs néogothiques en forme d'ogives. L'historien n'a de cesse de s'émerveiller de la créativité des artisans québécois qui parvenaient à réinventer les styles en les mariant.

 M. Lessard possède ainsi une causeuse et des chaises Louis XV fabriquées vers 1870 par l'ébéniste de Québec Philippe Vallière. Elles sont de style éclectique, un terme qu'il préfère à celui de victorien québécois. «Les Québécois ont été des grands maîtres de l'éclectisme, affirme-t-il. Ils ont fait flyer ça!»

Secondés par une machinerie qui leur permettait de fabriquer des beaux meubles pour tout le monde, et plus seulement pour l'élite, les artisans ont par exemple repris le mobilier Louis XV en y intégrant «une grammaire décorative différente». Michel Lessard aura passé une grande partie de sa vie à expliquer et diffuser ce savoir-faire d'ici.

 Parmi ses 1001 projets figure celui d'écrire un livre sur les métiers d'art. «J'ai toujours été bien dans le moderne, confie-t-il. J'aime les métiers d'art. Chaque année, je vais au Salon des métiers d'art, à Montréal, et j'achète des beaux objets.»

 «Pour saluer notre créativité», Michel Lessard rêve aussi d'aménager des period rooms dans sa maison. Chaque pièce serait le reflet d'un style ou d'une époque. Il a déjà commencé avec un boudoir d'inspiration chinoise qui contient, outre de beaux meubles laqués, une étagère éclectique ayant appartenu à sa mère et portant le nom évocateur de What's not (qu'est-ce que ça n'est pas). Elle renferme quelques-unes des boîtes de sa collection. «J'ai vraiment un problème avec les boîtes», blague-t-il.

Michel Lessard soutient pourtant qu'il n'est pas un collectionneur. Mais il finit par mentionner ses jumelles et ses lunettes télescopiques. Puis on remarque quelques caméras anciennes et de magnifiques lampes, «des copies de Tiffany», précise-t-il.

 Il y a aussi l'argenterie et les nappes de dentelle, avec lesquelles il fait des belles tables en toute occasion. Comme celle de la dînette, qu'il a dressée pour ses invités, par simple délicatesse.

 

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

Le «fauteuil de curé» et la lampe «mission», des objets d'un style qui se marient bien avec le mobilier scandinave, pense l'historien Michel Lessard.