1860. Quelque part entre Lyon et Genève, un artisan se lance dans la fabrication de chaises sans se douter qu’il pose ainsi les jalons d’une marque que ses héritiers rendront célèbre. Cinq générations plus tard, Ligne Roset représente l’élégance, le savoir-faire et une modernité intemporelle. Rencontre avec l’un des gardiens de ce patrimoine, Antoine Roset.

« Un siège ou un meuble Ligne Roset, c’est toujours plus que du bois et de la mousse », martèle la maison Roset. C’est d’ailleurs ce que l’on constate en prenant place dans un modèle Ploum pour cet entretien. Notre propre canapé manque clairement d’atouts, se dit-on en se calant dans l’assise… Un coup d’œil à son prix nous rappelle à l’ordre : Ligne Roset est une marque haut de gamme. Notre canapé a d’autres mérites.

La qualité et la contemporanéité font partie de l’ADN de la marque, relève l’arrière-arrière-petit-fils du fondateur, en ajoutant ce pilier essentiel : la famille.

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Antoine Roset, directeur du marketing de la maison française de mobilier Ligne Roset

On essaie de rester vraiment collé à la définition pure du mot design, qui est de rendre un objet de tous les jours plus beau et plus intéressant dans sa fonction.

Antoine Roset, directeur du marketing de Ligne Roset

Avec 700 points de vente dans le monde et 160 ans après ses débuts, Ligne Roset est toujours dirigée par le même clan qui en a fait le plus grand éditeur-fabricant-distributeur de mobilier contemporain en France. Et c’est encore dans le département de l’Ain, où tout a commencé, que la maison fabrique ses produits avec un savoir-faire enraciné dans le patrimoine artisanal français.

« C’est la clé de la qualité, estime Antoine Roset. Ça nous permet de contrôler tout ce qu’on fait de A à Z et d’être libres. De cette façon, on peut pousser la créativité toujours plus loin. Une centaine de designers de partout dans le monde travaillent avec la marque, ce qui nous permet d’avoir une vraie richesse par rapport au design et d’offrir une mixité de styles et de formes. »

Réimaginer l’assise

Après la guerre, Ligne Roset s’est investie dans le mobilier scandinave qui était, à l’époque, ce qui se faisait de plus contemporain. C’est toutefois dans les années 1960 que s’est révélée sa véritable identité. Jean Roset rencontre Michel Ducaroy, alors fraîchement sorti des Beaux-Arts de Lyon et doté d’une vision particulièrement moderne du design. Le créateur arrive avec cette idée que la mousse peut contribuer à la structure d’un canapé et pas uniquement à son confort.

De cette alliance naissent des sièges aux lignes distinctes comme l’Asmara, qui peut être assemblé pour créer différentes plateformes d’assises, le Marsala, fauteuil dodu qu’on souhaiterait ne jamais quitter, ou l’Asana, tout en courbes. Chacun présente, à sa manière, « une autre façon de s’asseoir ». Le Togo, sorti en 1973, pousse le concept plus loin.

Adieu pétard, bonjour cigare !

« À sa sortie, le Togo a été accueilli assez froidement, relève le directeur du marketing de la marque en rapportant les anecdotes de son grand-père. On disait : “Ton produit, il n’est pas fini. Il lui manque un truc !” » Des pieds, notamment. C’est pourtant ce qui expliquera une partie de son succès, trois ans plus tard.

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Révolutionnaire pour l’époque, l’emblématique Togo reste inchangé à ce jour. Il incarne toujours une modernité qui est indissociable de l’image de la marque.

La campagne publicitaire du Togo adopte le slogan « Adieu pétard, bonjour cigare ! », qui cible directement les soixante-huitards. Après avoir fait la révolution, cette génération se range graduellement sans pour autant vouloir faire comme ses parents. Togo arrive avec une vision du confort et de la qualité à des lieues du mobilier traditionnel. L’idée plaît.

La personnalité Roset

« J’imagine notre client comme quelqu’un d’urbain, d’ouvert d’esprit, qui aime la culture dans son sens large et qui a voyagé. Il est jeune, pas nécessairement en âge, mais dans sa vision du monde », réfléchit Antoine Roset en admettant que ce portrait est assez proche de sa personne.

L’héritier a lui-même travaillé 11 ans à New York, d’abord dans le domaine des montres de luxe, puis pour Ligne Roset, avant de s’installer à Lyon avec sa famille, il y a quatre ans. « Je suis un peu comme Obélix. Il est vrai que je suis tombé dedans quand j’étais petit. Les ballots de mousse étaient mon terrain de jeu. »

  • Le Ploum est le résultat d’une recherche sur le confort. Les designers R. & E. Boullerec ont combiné dans ce modèle un matériau élastique et une mousse hypersouple.

    PHOTO FOURNIE PAR LIGNE ROSET

    Le Ploum est le résultat d’une recherche sur le confort. Les designers R. & E. Boullerec ont combiné dans ce modèle un matériau élastique et une mousse hypersouple.

  • La base de lit Ruché, par Inga Sempé, marie le traditionnel à l’originalité.

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    La base de lit Ruché, par Inga Sempé, marie le traditionnel à l’originalité.

  • La collection Taru dessinée par le designer allemand Sebastian Herkner

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    La collection Taru dessinée par le designer allemand Sebastian Herkner

  • Tellen, par Christian Werner, s’inspire du jardin zen japonais.

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    Tellen, par Christian Werner, s’inspire du jardin zen japonais.

  • La table Ennea s’appuie sur trois triangles identiques en bois massif. Elle est signée par le designer Vincent Tordjman.

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    La table Ennea s’appuie sur trois triangles identiques en bois massif. Elle est signée par le designer Vincent Tordjman.

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« Nos produits ne sont pas accessibles à tous », convient-il encore en soulignant qu’un produit signé Roset est cependant une garantie de longévité. « Le Togo passe de génération en génération. Certains héritent d’un modèle qui a plus de 40 ans. Forcément, nos clients ont les moyens d’acheter nos produits, mais certains font également le choix d’épargner parce qu’ils en reconnaissent les qualités intrinsèques. »

À une époque où tout passe vite — y compris les modes —, la maison mise sur d’autres valeurs. « A-t-on besoin du canapé rose qu’on voit partout sur Instagram ? Pas si notre canapé bleu nous plaît, répond le dirigeant sans attendre la réponse. Ayons de la personnalité ! » On achète un Ligne Roset pour sa signature contemporaine, son confort, sa qualité. Surtout, on achète un Ligne Roset pour le garder.

Antoine Roset en quatre questions 

À quoi ressemble votre aménagement intérieur ?

C’est un mixte entre le contemporain pour l’ameublement et le classicisme haussmannien. Mon épouse et moi sommes aussi de petits collectionneurs d’art.

Votre définition du style ?

Ça doit être quelque chose d’élégant, de qualité et dans lequel on se sent bien. Malheureusement, je pense que l’élégance a disparu dans notre perception du confort…

Un plaisir « coupable » en déco ?

J’adore les luminaires et j’ai une petite collection chez moi. La lumière peut tout changer dans une pièce. J’y accorde beaucoup d’attention.

Quel est le plus grand faux pas en aménagement d’intérieur, selon vous ?

La vitesse. Vouloir tout, tout de suite ! Un décor qui a un sens et de la personnalité se construit avec le temps.

Consultez le site de Ligne Roset