Traditionnellement utilisé de manière industrielle, le béton est devenu un matériau de choix en décoration.

Il y a près de deux ans, Natalie Feltham a commencé à chercher un récipient simple et minimal pour brûler de l’encens dans sa maison.

Elle voulait quelque chose de plus austère que les options en argile ou en céramique qu’elle avait vues, avec « des lignes propres, symétriques et nettes ». Mais cela « n’existait pas vraiment », dit-elle. Mme Feltham, 27 ans, qui vit à Hitchin, en Angleterre, a donc décidé de fabriquer son propre modèle en utilisant du béton.

L’acquisition des matériaux nécessaires n’a pas été très difficile, dit-elle. Pour fabriquer du béton, il suffit de trois ingrédients : du ciment, de l’eau et des granulats, qui sont de petites particules de sable, de gravier ou de pierre. Le ciment est mélangé à l’eau pour former une pâte, qui est combinée aux granulats et versée dans un moule. En durcissant, le mélange devient du béton.

« C’est un matériau assez facile à mélanger et à fabriquer », estime Mme Feltham, qui avait remarqué que le béton était utilisé pour créer des comptoirs et des carreaux, mais « pas vraiment de petites pièces de maison ».

PHOTO RYAN JENQ, THE NEW YORK TIMES

Un brûleur d’encens de Concrete Goods

Après avoir terminé le brûleur d’encens, Mme Feltham a commencé à utiliser le matériau pour fabriquer d’autres objets de décoration et, au début de 2020, elle a commencé à vendre des pièces avec sa marque, Concrete Goods. Son petit ami, James Goodwin Davies, 30 ans, a quitté son emploi de graphiste plus tard dans l’année pour devenir le copropriétaire de Concrete Goods, qui vend maintenant des bougeoirs, des bols, des assiettes, des porte-savons et, bien sûr, des brûleurs d’encens.

Je pense que le béton est en train de se frayer un chemin dans l’espace de la céramique. Des choses qui étaient autrefois fabriquées en argile ou en terre cuite pourraient être fabriquées en béton assez facilement.

William Losleben, artisan à Sultan, dans l’État de Washington

Si Losleben utilise le matériau pour fabriquer des meubles, notamment des tables basses, des bureaux et des chaises pour Concrete Project, il vend également des plateaux, des bols et même des boîtes fabriqués en béton.

Emma McDowall, 28 ans, artiste à Édimbourg, en Écosse, qui utilise le béton pour créer des bougeoirs, des vases et d’autres pièces pour sa gamme Studio Emma, a déclaré que le matériau a une qualité imprévisible qui peut être attrayante à la fois pour les artisans et les consommateurs, car des changements subtils dans le processus de fabrication d’un objet en béton peuvent changer la pièce finie.

L’ajout d’eau peut entraîner des fissures dans la finition, la façon dont il est mélangé peut donner lieu à plus (ou moins) de bulles d’air visibles, et le type de granulat utilisé peut affecter la texture et le ton.

« Vous n’obtiendriez pas cela avec une pièce en céramique », soutient Mme McDowall.

Une « histoire d’amour »…

Joe Mitchell, 35 ans, géomètre à Holmfirth, en Angleterre, a déclaré que le brûleur d’encens qu’il a acheté chez Concrete Goods en 2020 a « déclenché son histoire d’amour » avec le matériau, et qu’il a depuis acquis d’autres éléments en béton, notamment des plateaux et même une table à manger qui le mettent en valeur.

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Un plateau conçu par Concrete Goods

« Le béton peut être lisse comme du verre, ou rugueux et tactile », fait remarquer Mitchell, qui a noté que cette gamme de textures fait partie de ce qui l’attire dans ce matériau.

Candace Molatore, 26 ans, spécialiste du marketing qui vit à Portland, dans l’Oregon, souligne qu’elle avait commencé à acheter des vases en béton et d’autres récipients pendant le confinement. Elle a été attirée par ce matériau en raison de ses tons sourds, qui, selon elle, contribuent à donner aux espaces « une impression d’aération, de clarté et de lumière » et à les faire ressembler davantage à ceux des maisons scandinaves.

Le béton remonte à des milliers d’années. L’un des plus anciens vestiges de ce matériau, qui daterait de 5600 ans avant J.-C., a été découvert au milieu des années 1960 le long du Danube, en Serbie, et est composé de sable, de gravier, d’eau et de calcaire, selon le livre History of Concrete — A Very Old and Modern Material de Per Jahren et Tongbo Sui One.

Les auteurs écrivent qu’une grande partie du béton utilisé aujourd’hui est créé à partir du ciment Portland, pour lequel Joseph Aspdin, un maçon de Leeds, en Angleterre, a obtenu un brevet au XIXe siècle. Il est généralement fabriqué dans un four à partir de calcaire, d’argile et d’autres minéraux.

Kate Balsis, 37 ans, directrice créative et copropriétaire de Concrete Collaborative, une entreprise de finition architecturale située à San Marcos, en Californie, souligne que l’évolution du béton, qui est passé d’un matériau industriel à un matériau utilisé pour faire de la déco, coïncide avec un « intérêt croissant pour l’architecture et le design qui se produit pour la personne moyenne, qui n’existait pas il y a 10 ans ».

« Je ne sais pas si c’est Instagram ou autre chose, mais tout le monde s’y intéresse beaucoup plus », a déclaré Balsis, dont l’entreprise a lancé en 2017 une marque sœur, Concrete Love, qui vend des bijoux en béton, des bols, des jardinières et d’autres petits objets.

Elle pense que l’intérêt pour le matériau provient également d’un désir accru de se connecter aux objets placés dans une maison. « Les gens veulent vraiment une histoire derrière le produit », avance Mme Balsis.

PHOTO RYAN JENQ, NYT

Sous-verres, blanc et noir, signés Into Concrete

Le béton offre cette possibilité, car les pièces qui en sont faites sont souvent créées à la main en petites séries, alors que le processus de fabrication de la porcelaine ou d’autres céramiques peut être « vraiment automatisé », signale Mario Guagnelli, 52 ans, cofondateur d’IntoConcrete, qui vend des produits fabriqués en béton par des artisans du monde entier.

Pour cette raison, il arrive souvent que deux produits en béton ne soient pas exactement les mêmes.

« Le béton a quelque chose de très particulier, et nous avons appris au fil des ans qu’il est difficile de le produire en série », explique M. Guagnelli.

Lisez l’article original du New York Times (en anglais)