Ils arrivent en masse avant Noël dans les supermarchés, les quincailleries et les fleuristes, puis disparaissent aussitôt la nouvelle année commencée. Mais vos poinsettias peuvent devenir de jolies plantes vertes, pourvu que vous sachiez en prendre (un peu) soin. Conseils pour leur éviter de finir au compost…

La ferme Grover, à Laval, a produit cette année 278 000 plants de poinsettias, ce qui en fait l’un des plus importants producteurs au pays. Après avoir décoré des milliers de foyers, la très vaste majorité d’entre eux disparaîtront avec le sapin de Noël, avant même que leurs jolies feuilles rouges commencent à se décolorer. Même chez les Grover, pourtant, certains ont pris l’habitude de leur donner un petit sursis. « Ma grand-mère gardait fièrement les siens jusqu’à Pâques, se souvient Joëlle Grover, copropriétaire de la ferme. La plante était encore très belle, mais ses feuilles n’étaient plus rouges du tout. »

Après sa floraison hivernale, le poinsettia peut en effet se transformer en jolie plante d’intérieur, qui demande relativement peu de soins ou de lumière.

Si le bord de la fenêtre est déjà occupé par d’autres plantes, on pourra placer le poinsettia plus loin, il s’en contentera très bien.

Joëlle Grover, copropriétaire de la ferme Grover

Au Jardin botanique de Montréal, des employés s’amusaient autrefois à laisser pousser certains poinsettias jusqu’à ce qu’ils deviennent des arbustes, se rappelle la biologiste Marie-France Larochelle. « Il y en avait qui faisaient plus de 1 mètre de haut », raconte-t-elle.

La clé pour favoriser la croissance de la plante, c’est de l’arroser adéquatement : abondamment, mais pas trop souvent. « Quand les deux, trois premiers centimètres du terreau sont bien secs, explique Marie-France Larochelle, on arrose le plant comme il faut. » Le terreau doit cependant être bien drainé pour éviter la pourriture des racines. Trente minutes après l’arrosage, il ne devrait donc pas rester d’eau dans la soucoupe sous le pot.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les poinsettias sont de retour comme par enchantement chaque année dès la deuxième semaine de novembre.

Autre élément important : la température. Le poinsettia résiste très mal aux courants d’air, tant ceux qui sont soufflés par un système de chauffage que ceux qui se faufilent par une porte ouverte en plein hiver. Un coup de froid entre l’épicerie et votre salon pourrait d’ailleurs lui être fatal (des feuilles qui ramollissent en sont un signe). Une température nocturne fraîche (autour de 16 °C) favorisera toutefois une floraison plus durable, avec des bractées (les feuilles colorées qui entourent les minuscules fleurs de la plante) encore bien rouges longtemps après les derniers cadeaux.

Tôt ou tard, toutes les feuilles finiront quand même par verdir. Avec le temps aussi, le plant deviendra moins touffu. Au printemps, une bonne coupe (le tiers supérieur des tiges) favorisera l’émergence de nouvelles pousses pour un port plus compact. Le poinsettia se plaît aussi à passer l’été au grand air, un peu à l’ombre, surtout s’il est rempoté et un peu fertilisé. À noter que les feuilles et le latex (sève) de la plante sont légèrement toxiques et pourraient incommoder un enfant ou un animal qui les ingérerait.

Pour faire fleurir de nouveau son poinsettia à Noël, en revanche, la tâche sera nettement plus complexe. « Le poinsettia est une plante de jours courts, explique Marie-France Larochelle, et sa floraison est provoquée par des nuits d’au moins 14 heures, pendant 8 à 10 semaines. » Le moindre faisceau lumineux nocturne trompe le plant et empêche les feuilles de rougir. « Pour déclencher la floraison, il faut couvrir chaque jour son plant avec une boîte de 18 h à 8 h, explique la biologiste. Ça peut être un défi intéressant pour certains, mais mieux vaut ne pas avoir de trop grandes attentes ! »

Si vous manquez votre coup, rassurez-vous, les poinsettias bien rouges seront de retour comme par enchantement un peu partout dès la deuxième semaine de novembre l’an prochain, promet Joëlle Grover. C’est un peu ça, la magie de Noël…

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