À trop abattre de cloisons, on se retrouve souvent dans l’obligation d’en dresser. Tout le monde veut une aire ouverte, mais qui souhaite avoir l’impression de manger dans le salon ? Pour délimiter un espace sans le cloisonner, la paroi ajourée est une solution de plus en plus prisée.

L’aire ouverte a ses avantages, mais aussi ses défis quand vient le temps d’aménager et de délimiter un espace. Pouvoir jeter un œil sur les enfants qui font leurs devoirs pendant qu’on prépare le souper, c’est pratique. Mais regarder la télévision assis dans la salle à manger, moins. Pour résoudre ces casse-têtes d’aménagement, les designers d’intérieur et les architectes ont de plus en plus recours aux cloisons ajourées, ou claustras comme on les appelle souvent en Europe, où elles sont utilisées depuis de nombreuses années.

PHOTO RAPHAËL THIBODEAU, FOURNIE PAR CATHERINE CATHERINE

La paroi ajourée laisse passer la lumière qui pénètre dans le loft par la porte d’entrée.

Composée de lattes de bois, de fils d’acier ou même de laine à tricoter (pourquoi pas !), la paroi ajourée laisse place à la créativité.

« J’aime beaucoup la cloison ajourée parce qu’assez souvent, on décloisonne des maisons et, à un moment donné, elles ont plus ou moins d’identité », constate Daniel Corbin, designer-propriétaire de la firme D-Cor. 

« Ce qui est le fun avec la cloison ajourée, c’est qu’elle subdivise des pièces tout en ne les privant pas de lumière et elle peut donner beaucoup de caractère à un espace. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Dans cette maison, rénovée par Marie-Jeanne Rivard dans le cadre de l’émission Flip de filles, la cloison ajourée permet de séparer l’entrée du salon, tout en créant un espace pour accrocher les manteaux.

Daniel Corbin a souvent utilisé de telles cloisons dans ses projets, dont certains présentés dans le cadre de l’émission Vendre ou rénover au Québec, qu’il coanime. Elles ont pris la forme d’une paroi en lattes de bois dans un chalet, d’un garde-corps pour une cage d’escalier en fils d’acier et même d’une cloison en laine à tricoter, réalisée de façon très économique avec des œillets de métal accrochés au sol et au plafond.

Séparer l’entrée et le salon

Dans son projet Loft Hochelaga, réalisé l’an dernier, le tandem de designers de la firme Catherine Catherine a choisi une forme plus traditionnelle, en lattes de bois de merisier. La paroi, qui est reliée à un meuble intégré, sert à diviser l’espace entre le salon et l’entrée principale de l’appartement. « Le salon était côte à côte avec l’entrée, c’était un peu problématique, observe Catherine Breton-Potvin. Les clientes avaient l’impression d’arriver dans leur salon. » Ériger un mur plein aurait toutefois privé le salon de la lumière qui entre par la porte d’entrée vitrée.

PHOTO FOURNIE PAR D-COR

La laine à tricoter est une option très économique pour diviser un espace, souligne le designer d’intérieur Daniel Corbin.

« On voulait voir à travers [la paroi], reconnaître qui entre dans la maison, que la lumière passe bien, mais en créant quand même une intimité », poursuit Catherine Gomes-Aubin, de la firme Catherine Catherine.

Sur la baguette horizontale, du côté de l’entrée, des crochets ont été fixés pour accrocher des manteaux.

PHOTO FOURNIE PAR D-COR

Il est courant de voir une paroi ajourée habiller un escalier, comme dans ce projet de la firme D-Cor.

La paroi a été réalisée par un ébéniste en atelier et assemblée sur place. « Mais ça prend quand même une bonne expertise en ébénisterie pour que ce soit droit et que les montants verticaux résistent aux courbures avec le temps », souligne Catherine Gomes-Aubin. Selon elle, il faut compter entre 2000 $ et 3000 $ pour un tel ouvrage conçu par un ébéniste, ce qui demeure tout de même plus abordable qu’une verrière en acier.

Daniel Corbin croit pour sa part qu’un entrepreneur général peut réaliser le travail « avec du bois de qualité, une bonne lame de finition, de la colle à bois, un bon gun à clous et du talent, bien entendu ».