Après avoir consacré 30 ans de sa vie à faire du 9 à 5 dans un bureau du centre-ville de Montréal, André Dufort s'est finalement donné la liberté d'exercer avec passion le métier de tourneur de bois. «J'aurais peut-être dû faire ça avant, dit-il avec une pointe de regret, mais l'important, c'est que ça soit arrivé.»

Parmi toutes les formes d'art qu'il lui a été donné de toucher, c'est toujours le bois qui s'est imposé. Comme la plupart des gens, André Dufort a fait ses premiers pas dans la menuiserie en construisant des patios, des galeries, des décorations de chambre à coucher. «Après, je me suis dirigé du côté de la sculpture», dit-il, jusqu'au jour où, par hasard, il découvre le tour à bois. «Ce fut une révélation. Et c'est là que mon esprit artistique a vraiment commencé à s'exprimer.»

Essais et erreurs

Mais on ne devient pas un habile tourneur du jour au lendemain. André Dufort a fait ses classes en suivant des ateliers, des séminaires et la pratique a fait le reste. Beaucoup d'essais et d'erreurs lui ont permis de se forger une spécialité dans la fabrication de vases segmentés. Contrairement au tournage traditionnel, sa méthode repose sur l'utilisation de petits morceaux de trois à sept centimètres qu'il colle ensemble pour former des cercles de différentes grandeurs. Cercles que l'artisan superpose ensuite les uns aux autres en prenant soin de fermer une extrémité. Il en résulte une sculpture pleine de colle qu'André Dufort va arrondir et peaufiner sur le tour à bois.

«L'oeuvre qui en sort est unique, précise l'artiste parce que le mélange des essences de bois, des teintes et des motifs diffère chaque fois.» Ses sources d'inspiration lui viennent du quotidien, de la nature ou de sa propre imagination. Par exemple, certains vases présentent un effet mosaïques qu'on pourrait associer à de la céramique ou à d'autres matériaux. «Quand on me dit ça, dit-il, je suis plutôt flatté parce que ça signifie que le travail est très bien exécuté.»

Mais le tournage de vases en bois segmenté laisse très peu de place à l'erreur. «Surtout quand vous avez plus de 1000 petites pièces à assembler dans un de- sign qui s'imprime dans votre tête au fur et à mesure, explique encore M. Dufort. Ce qui lui fait dire qu'il vaut mieux calculer deux fois parce qu'on ne coupe qu'une fois. Malgré l'extrême rigueur qu'exige le travail au tour, André Dufort croit posséder la patience et la constance liées à cette forme d'artisanat.

Ciseaux et couteaux

Il en est tellement convaincu qu'il s'est donné les moyens de pratiquer son art avec plaisir. D'abord, l'homme a progressivement transformé son garage en atelier, si bien qu'aujourd'hui, il possède une multitude de ciseaux et de couteaux bien affûtés.

Maintenant qu'il peut s'adonner à plein temps au tournage du bois, André Dufort se sent habité par un besoin de créer. «J'en rêve même la nuit», dit-il. Et bien qu'il ne pense pas devenir millionnaire grâce à cette activité, M. Dufort souhaite néanmoins exposer ses oeuvres dans les salons ou dans d'autres événements culturels. Et secrètement, il aimerait enseigner sa méthode de tournage à des groupes qui lui en feraient la demande.

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