Après avoir réalisé, l'an passé, un zèbre dont l'oeil orange fixe les passants qui empruntent la rue Sainte-Claire, l'artiste underground Sylvain Michaud vient d'ajouter un arbre-serpent juste à côté de sa célèbre porte de garage zébrée. Toujours animé par ce désir d'améliorer le paysage urbain, l'artiste a ciblé, cette fois, un poteau de téléphone qu'il a recouvert d'écailles de cuir de toutes les couleurs et de salamandres à quatre doigts. Des fleurs complètent l'ensemble.

Un arbre-serpent, plus un zèbre apportent un petit air de savane africaine à ce bout de rue qui, avouons-le, n'est pas très verdoyant. Mais pour Sylvain Michaud la décoration du poteau représente avant tout de l'optimisme à peu de frais, puisque, de son atelier, il voyait constamment ce maud... poteau. Aussi, plutôt que de continuer à broyer du gris, l'artiste a décidé, au printemps, de passer à l'action. Comme il avait des retailles de cuir en quantité, l'idée d'orner le poteau de petites écailles de serpent s'est imposée et des fleurs s'y sont ajoutées.

Or, de manière toute personnelle, Sylvain Michaud veut démocratiser l'art de la rue en partageant ses créations avec la population. N'étant pas lui-même graffiteur, l'artiste dit cependant aimer exprimer sa vision des choses sur des façades et portes de garage qu'on l'autorise à décorer. Mais, en plus de la peinture, j'utilise différents matériaux, explique-t-il, afin d'obtenir des textures 3D et des volumes.

Selon lui, Québec devrait profiter des talents des jeunes graffiteurs de la ville en leur offrant des moyens de s'exprimer plutôt que de les étiqueter. «Par exemple, pourquoi ne pas ouvrir un concours dont l'objectif serait de décorer certains immeubles du centre-ville, des trottoirs du quartier Saint-Roch et même des places de stationnement?» lance-t-il. Des oeuvres qui, à ses yeux, pourraient devenir un attrait touristique des plus originaux.

Au lieu de «taguer» en cachette, les jeunes artistes auraient ainsi la possibilité de s'initier à d'autres techniques en plus de profiter d'une belle exposition sur rue, poursuit l'artiste, alors qu'en ce moment, ils réalisent en cachette des dessins éphémères sans l'autorisation des propriétaires. «De plus, le graffiti n'est pas environnemental, dit-il, parce que pour effacer de la peinture en aérosol, ça prend souvent des détersifs puissants donc nuisibles.»

Mais en attendant que ses rêves deviennent réalité, Sylvain Michaud a d'autres projets pour sa rue. Il est en train de concevoir un hibou sur un panneau de métal qu'il espère accrocher quelque part à la vue des passants. Et après tout, le hibou n'est-il pas un bel oiseau de nuit, comme bon nombre de résidants du quartier, qui devraient donc apprécier. Une histoire à suivre...

Sylvain Michaud, atelier underground - 418 473-9538