«Les arbres font partie du patrimoine urbain au même titre que les habitations. Et toutes les fois qu'un arbre mature et en santé est coupé, c'est un peu comme si on nous dépossédait d'un bien.» Au printemps 2009, Marie-Ève Martel a vécu comme un drame personnel l'abattage non autorisé de 18 arbres - dont certains plusieurs fois centenaires - sur un terrain privé situé en bordure du chemin Saint-Louis, dans le secteur Sainte-Foy. Le promoteur a été puni pour cette infraction, mais n'empêche que le mal était fait, déclare Mme Martel.

En réaction à cet événement, la résidente du chemin Saint-Louis qui étudie en sculpture a voulu sensibiliser les gens à l'importance du paysage forestier de nos villes en organisant une exposition thématique sur la forêt urbaine qu'elle a montée en collaboration avec la Maison des métiers d'art de Québec et sa directrice, Carole Baillargeon. Lancée le 16 mai à la bibliothèque Neufchâtel, l'exposition intitulée Mes voisins, mon arbre et moi exprime, à travers 13 sculptures, les liens étroits qui unissent les citoyens des villes à la forêt. Au total, 18 jeunes sculpteurs de la relève y présentent des oeuvres qui font ressortir leur émotion, leur perception de l'arbre en milieu urbain. Par exemple, certains les ont imaginés avec des jambes afin de fuir les dangers de la pollution et des scies mécaniques; d'autres les ont munis d'outils de défense comme des crocs, alors que beaucoup les ont simplement associés à la qualité de vie et à notre identité culturelle.

 

Parmi les sculptures d'avant-garde, l'oeuvre de Karine Pépin à laquelle ont participé cinq jeunes sculpteurs propose une pierre de 400 livres sur laquelle a poussé un germe de tilleul montrant que la nature arrive à pousser dans les pires conditions.

Et même si elles ont dû mettre les bouchées doubles pour concrétiser l'exposition, les commissaires Marie-Ève Martel et Carole Baillargeon se disent fières d'avoir relevé le défi «parce nous voulions profiter, disent-elles, de la commotion engendrée par la coupe illégale des arbres pour susciter une prise de conscience chez le maximum de personnes».

Mais avant de soumettre l'idée d'une exposition sur la forêt urbaine, Marie-Ève Martel dit s'être longuement interrogée sur les émotions qui l'avaient traversée le jour où elle a vu la vingtaine d'arbres couchés sur le sol. «Je me suis sentie dépossédée, dit-elle. C'était comme si on m'avait volé quelque chose. Une fois la colère et la tristesse passées, j'ai pensé à ce qu'on pourrait faire pour commémorer la disparation d'arbres qui avaient peut-être 200 ou 300 ans, qui étaient pleins de souvenirs, de beauté et de force. C'est là que l'idée de regrouper des sculptures m'est apparue comme un moyen de sensibiliser la population à l'importance de préserver le paysage urbain dans sa totalité.

L'exposition est jusqu'au 14 juin à la bibliothèque Neufchâtel, 4060, rue Blain, Québec. Elle prendra ensuite l'affiche à la bibliothèque Gabrielle-Roy, rue Saint-Joseph.