On a tous vu de belles enseignes sur la façade d'un magasin général ou d'un commerce d'antiquités. Généralement, ce sont de grandes lettres sculptées sur un support de bois suspendu à une poterne. Mais, de nos jours, la conception de l'enseigne dépasse largement les limites du simple lettrage pour intégrer l'environnement, le design, l'architecture.

«On ne fait plus des enseignes comme il y a 40 ans», déclare Jean Miller, qui a touché à toutes les facettes du métier d'artiste commercial avant de revenir à l'enseigne comme outil de communication graphique.

 

Après ses débuts en graphisme, M. Miller effectuait une entrée dans le monde de la publicité alors en pleine ébullition. «Après avoir passé des années aux commandes de mon entreprise, Miller Graphistes Conseils, j'ai eu le goût au tournant de l'année 2000 de retourner aux bases de mon métier», dit-il en entrevue.

Or, cela fait maintenant 10 ans que sa conjointe, la peintre Claire Lemieux, et lui s'emploient à moderniser l'enseigne et à lui faire profiter de concepts visuels d'avant-garde. Leur approche est empirique. Elle s'appuie sur l'expérience et l'observation.

«Avant même d'effectuer la moindre esquisse, nous nous rendons sur place pour étudier la topographie des lieux, les contraintes visuelles et physiques du paysage ainsi que l'architecture des alentours. L'enseigne doit être en harmonie avec son environnement. Elle ne peut en être exclue», déclare sans hésiter Claire Lemieux.

C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'ils ont réalisé le concept du mémorial Hommage aux combattants de 1759-1760 qui fut inauguré en octobre sur les plaines d'Abraham. Ce n'est pas seulement la signalisation du site ou l'apparence graphique des textes qu'ils ont imaginée mais bien tout le concept, incluant le mémorial lui-même, sa forme, les colonnes qui l'entourent, la disposition du sentier, des bancs, des végétaux.

«Or, peu importe que ce soit une enseigne à l'entrée d'une municipalité ou des panneaux d'interprétation dans un sentier pédestre, nos préoccupations vont toujours vers l'utilisateur», souligne le couple. «On se met à la place du visiteur ou du client qui devra repérer l'information rapidement de façon à bien comprendre la vocation du lieu et les consignes qui lui sont données.» À titre d'exemple, Jean Miller souligne que les illustrations botaniques du Domaine de Maizerets, à Québec, ont toutes été exécutées à l'aquarelle par Claire parce qu'il n'y avait pas d'autres moyens de reproduire les végétaux de façon nette et précise.

Or, sans mettre de côté l'expression artisanale de l'enseigne, le couple Miller n'hésite pas quand c'est nécessaire à utiliser les nouveaux matériaux. À leurs yeux, le support de l'enseigne est tout aussi important que l'enseigne elle-même parce qu'ils forment un tout. «C'est là qu'intervient le de-sign, le souci du détail», disent-ils. Dans certains cas, il leur est même arrivé de modifier la devanture d'une vitrine pour mieux camper la vocation de l'établissement.

Un peu partout

Si vous cherchez leur empreinte visuelle, elle apparaît un peu partout dans la grande région de Québec. Ainsi, au nombre de leurs réalisations, on retrouve les enseignes du Mont-Sainte-Anne et du Marché du Vieux-Port et celles identifiant l'entrée des municipalités de Boischatel, de Saint-Ferréol-les-Neiges, de L'Ange-Gardien, de Beaupré pour ne nommer que celles-là ainsi que de nombreuses autres au-dessus de commerces et de restaurants. Ce qui leur a d'ailleurs valu le Prix du patrimoine 2009 des régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches.