Dans un décor éclectique, un lustre de cristal ne jure pas au-dessus d'une armoire antique. Et une chaise Louis XVI fait la fofolle sous la soie tissée d'une brillance toute contemporaine. «C'est pointu», concède la spécialiste du design chez Roche-Bobois. «Ça prend une folie, une affaire drôle, qui dynamise même le style classique, poursuit-elle. Les Anglais appellent ça a conversation piece, un item qui fait jaser.»

Dans un décor éclectique, un lustre de cristal ne jure pas au-dessus d'une armoire antique. Et une chaise Louis XVI fait la fofolle sous la soie tissée d'une brillance toute contemporaine. «C'est pointu», concède la spécialiste du design chez Roche-Bobois. «Ça prend une folie, une affaire drôle, qui dynamise même le style classique, poursuit-elle. Les Anglais appellent ça a conversation piece, un item qui fait jaser.»

Les motifs géométriques des années 70 ornent les tissus qui affichent des couleurs vibrantes et contrastées. (Photo: Benjamin Moore)

Les marchands de tapis ont ramené de Las Vegas le fameux shag, oui, ce tapis à long poil qui a connu ses heures de gloire dans les années 70. Mais le shag de 2006 est distingué et on n'a pas du tout envie d'en tapisser l'intérieur de nos bagnoles. Il a de la texture, et ses grosses boucles de laine et de soie ressemblent parfois à de rigolos Q-Tips géants.

Lisa Hallé, conseillère-designer chez Tapis du monde, exhibe une carpette en peau de vache : effet boeuf garanti devant le foyer! Mario Labrecque, propriétaire du distributeur de tissus Kravet, confirme: «C'est l'effervescence!» Le tissu de vraie peau de vache ose se parer de motifs de zèbre, de léopard, d'ocelot, de girafe, de guépard. Sur un pouf ou sur un meuble d'appoint, il sera vachement tendance.

Le liège, adopté depuis quelques années comme revêtement de plancher, prend du galon. Les créateurs de tissus en ont tiré une étoffe qui sied aussi bien aux meubles qu'aux murs. (Photo: Kravet)

Le liège aussi prend du galon. On l'a adopté depuis quelques années comme revêtement de plancher. Mais voilà que les créateurs de tissus en ont tiré une étoffe qui sied aux meubles, aux murs et aux panneaux coulissants. Le liège s'inscrit dans la vague actuelle du retour à l'épuré.

Des fenêtres très habillées

Les fenêtres seront très habillées. On multiplie les superpositions, avec des voilages et de sobres tentures de chaque côté. (Photo: Hunter Douglas)

Cette tendance se manifeste d'une curieuse façon devant nos fenêtres. «On les habille beaucoup, mentionne Mario Labrecque. On multiplie les superpositions, avec des voilages et de sobres tentures de chaque côté.»

Si les tissus abandonnent les motifs, ils gagnent en richesse et en relief, grâce à «leur effet taffetas» et à leurs broderies. Les tringles décoratives abondent, alors que les lambrequins s'effacent, à l'instar des ornements de bijoux et de perles. Cependant, les stores de bambou et les toiles romaines participent plus que jamais au jeu des superpositions.

Les gros imprimés végétaux sont dans la note. (Photo: Lee Jofa)

Les gros imprimés végétaux sont dans la note. Les motifs géométriques des années 70 s'insinuent sur les tissus, avec des couleurs vibrantes et contrastées, comme du rose sur du noir. Sur le papier peint, on observe à l'occasion le retour des dessins psychédéliques.

Beiges grisonnants

«Les beiges grisonnent, a noté Mario Labrecque. Ils vont vers le taupe et le grège.» Célébrons aussi la renaissance du noir, et le mariage des violets à l'orangé et au rouge chinois. La laque blanche fera une percée, souvent en insertion sur des meubles de bois, couleur «caramel blond» cette année, prédit Nathalie Dugré. Ça nous changera du brun chocolat et de l'acajou! La popularité du cuir ne se dément pas.

Dans la chambre à coucher, le couvre-lit est en voie de supplanter l'édredon. Les coussins sont encore de mise, mais on les dispose de façon symétrique. (Photo: Baronet)

Dans la chambre à coucher, le couvre-lit est en voie de supplanter l'édredon. Les coussins ont encore de l'allant, mais on les dispose dorénavant de façon symétrique. Au pied du lit, un demi-jeté vous gardera les pieds au chaud.

Place à la lumière

Maintenant, place à la lumière! Elle court partout dans nos intérieurs décloisonnés. Elle se répercute sur la laque blanche de nos meubles et sur les surfaces claires de nos murs. Elle magnifie la beauté des tableaux et des plantes. Elle produit des ombres étonnantes. Elle est même intégrée à la vaisselle des bien nantis.

Josée Laforest, de Transit, prévoit qu'un jour, l'éclairage architectural, de plus en plus populaire en Europe, sera introduit ici. «C'est un éclairage dont on ne voit pas la source, explique-t-elle. Il est encastré à même le sol et les murs.» Selon elle, 2006 sera marquée par l'arrivée du DEL (diode électroluminescente) dans les résidences. Les lampes au DEL consomment peu d'énergie, elles sont quasi éternelles et elles produisent une lumière bleutée. Mais actuellement, seules les lampes haut de gamme sont assez puissantes pour convenir à la lecture.

Dans ce décor éclectique, le canapé classique se marie au look plus contemporain des fenêtres. (Photo: Hunter Douglas)

Josée Laforest croit que le DEL révolutionnera l'éclairage au même titre que les halogènes. «Depuis quelques années, on ne recevait aucune nouveauté, raconte-t-elle. C'est comme si tout le monde était occupé à faire de la recherche et du développement sur le DEL.»

Elle décrète que «le métal brossé, c'est fini». Très forts en Europe, le noir et le doré sont à nos portes. «Philippe Starck a lancé un chandelier de verre noir qui a fait fureur», rappelle-t-elle. Osez! Ce ne sera pas un sacrilège de plaquer une touche dorée à travers du chrome ou de l'inox.

Ergonomie

Dans la cuisine et la salle de bains, la tendance est à l'ergonomie. MAAX proposera des douches avec siège, repose-pied, sauna et radio intégrés. L'entreprise planchera aussi sur des douches et des baignoires qui conviendront aux baby-boomers vieillissants: elles seront munies, par exemple, de barres design «qui n'auront pas une allure institutionnelle», promet Alexandre Marchand, chef de produits.

Les tissus gagnent en richesse et en relief, grâce à «leur effet taffetas» et à leurs broderies. (Photo: Kravet)

Les comptoirs de cuisine s'habilleront de granit, les armoires seront en bois, en merisier surtout, et «on fera encore un petit bout avec l'inox», croit Nicolas Baron, des Armoires G. Baron. Les consommateurs ont de l'expérience, ils sont au fait des matériaux durables, résistants et faciles d'entretien. Ils se préoccupent maintenant d'ergonomie: ils veulent que chaque objet soit rangé à la bonne place, ils achètent des tiroirs qui coulissent bien et ils souhaitent un aménagement fonctionnel. Bref, ils agissent avec intelligence, en pensant à moyen et à long terme.

LES IN

- Le shag

- La peau de vache

- L'inox

- Le papier peint psychédélique

- Les gros motifs végétaux

- Le couvre-lit

- Le noir et le gris

- Le bois «caramel blond»

- Les jets de corps

- Les lampes au DEL

LES OUT

- Le métal brossé

- Le style champêtre

- La calligraphie asiatique

- La couleur acajou

- Les pièces cloisonnées

- Les décors surchargés

- Les lambrequins

- La (trop) belle vaisselle qui ne sert pas