À première vue, cet oreiller ressemble à un gros coussin bien dodu. Mais il ne faut pas se laisser duper par son apparente simplicité. «Ça m'a pris plus de temps que je pensais à le faire», a raconté la dame. Et pour cause! D'abord, il est composé de 54 carreaux de lin, assemblés comme une courtepointe. Mais pas n'importe quel lin: le plus pâle a été récupéré chez un antiquaire de Deschambault, tandis que le neuf a été acheté chez Dial Textile, après des jours de magasinage pour dénicher le tissu parfait.

À première vue, cet oreiller ressemble à un gros coussin bien dodu. Mais il ne faut pas se laisser duper par son apparente simplicité. «Ça m'a pris plus de temps que je pensais à le faire», a raconté la dame. Et pour cause! D'abord, il est composé de 54 carreaux de lin, assemblés comme une courtepointe. Mais pas n'importe quel lin: le plus pâle a été récupéré chez un antiquaire de Deschambault, tandis que le neuf a été acheté chez Dial Textile, après des jours de magasinage pour dénicher le tissu parfait.

Les quatre épaisseurs de lin sont armées de broches qui lui donnent son aspect bombé. Vous imaginez le mal que la couturière s'est donné pour quadriller son oreiller de coulisses!

L'artiste de Cap-Santé Colette Matte

L'originalité de cet objet réside dans les petits carrés de verre insérés au centre de chacun des 54 carreaux de tissu. Des graines de lin sont enfermées par groupes de trois, de cinq ou de huit, entre les deux couches de verre superposées. Elles évoquent la semence, le mûrissement.

Maintenant, regardons l'oreiller à travers le filtre de caméra polarisant suspendu au-dessus de lui, et faisons tourner la lentille. Tadam! La lumière se décompose, comme dans un kaléidoscope. Et l'oreiller se pare de 1000 couleurs changeantes, au gré de la rotation de la lentille et des déplacements du spectateur. Colette Matte explique: «Le filtre polarisant laisse passer la lumière et coupe la longueur d'onde.»

À l'instar de huit autres oeuvres, cet oreiller est exposé au Moulin de la Chevrotière, à Deschambault, l'un des quatre lieux de la région de Portneuf dédiés au lin, jusqu'au 2 octobre. Les artistes français et québécois qui les ont fabriquées devaient s'inspirer des mots Toute votre âme sur l'oreiller, tirés de la chanson Sur l'oreiller, de Juliette Nourredine. Leurs créations devaient être composées à 75 % de lin.

Verre et lumière

Rosace suspendue devant une fenêtre, intitulée «Kaleid'eauscope».

Dans sa maison de Cap-Santé, Colette Matte s'accoutume à sa retraite toute récente. Elle a enseigné les sciences et les mathématiques, puis les arts plastiques, à la commission scolaire de Portneuf. Mais elle s'était bien préparée à son départ des salles de classe, en allant chercher, en 1994, un baccalauréat en arts plastiques à l'Université du Québec à Trois-Rivières. «Aujourd'hui, le travail du verre à froid et à chaud, fusionné, soufflé, coulé ou moulé, sert de prétexte à ma création, mentionne-t-elle. La lumière fait partie intégrante de chacune de mes oeuvres. Et depuis plusieurs années, je m'amuse à la décomposer, à la filtrer. Je présente ainsi au public une oeuvre active, animée pour le plaisir de la découverte.»

De toute évidence, son atelier, au sous-sol, lui sert depuis belle lurette. Elle y a conçu des oeuvres surprenantes, telle cette immense rosace suspendue devant une fenêtre, baptisée Kaleid'eauscope. Très noire et piquée de petits hexagones de verre transparent, elle intrigue sans séduire. «Prenez ces lunettes polarisantes achetées chez Canadian Tire», nous intime l'artiste verrier. L'oeuvre en noir et blanc, soudain, devient bigarrée, en vertu du même principe que son oreiller magique. «Ce fut mon premier grand projet», glisse-t-elle. Fascinant!