À peine un an après avoir complété sa formation en céramique à la Maison des métiers d'art, elle est déjà une étoile montante à Québec. «Il s'est passé tellement de choses en un an, que j'ai à peine le temps de reprendre mon souffle», dit l'énergique jeune femme.

À peine un an après avoir complété sa formation en céramique à la Maison des métiers d'art, elle est déjà une étoile montante à Québec. «Il s'est passé tellement de choses en un an, que j'ai à peine le temps de reprendre mon souffle», dit l'énergique jeune femme.

L'artiste céramiste n'a pas chômé depuis août dernier, alors qu'un important contrat a tout déclenché.

Les propriétaires du Laurie Raphaël restaurant/atelier/boutique lui ont demandé de créer la nouvelle ligne de vaisselle pour l'établissement, qui n'est plus seulement un lieu de restauration, mais une véritable vitrine du talent des artisans québécois.

Kathleen ne partait pas de loin. Elle avait déjà fait des pièces pour les restaurants Kimono et Yuzu, en plus d'avoir créé, pendant sa formation, des plateaux gravés aux motifs arabesques. La céramiste a donc décidé de se lancer tête première dans l'aventure, même si les délais étaient très courts.

«Un prof m'a dit que je n'y arriverais jamais, se souvient Kathleen. J'ai donc décidé d'engager des gens pour m'aider.»

Grâce au mouleur professionnel de la Beauce, Richard Lambert, et à deux assistants, Nicolas Coulombe et Karine Blanchet, elle a réussi un tour de force: créer 1500 pièces en moins de quatre mois de production.

«Habituellement, ça prend presque un an avant que le processus de production soit parfaitement rodé. J'ai condensé tout ça en quelques mois!» raconte Kathleen, qui a également pu compter sur le chimiste Simon Robert, expert en glaçures et professeur à la Maison des métiers d'art de Québec (MMAQ), pour donner la touche finale à sa vaisselle crème aux lignes nippones.

Une partie de la production a d'ailleurs été réalisée dans les ateliers de la MMAQ. «C'était impossible de le faire dans l'atelier que j'avais aménagé à la maison, explique Kathleen. Il y avait beaucoup trop de vaisselle!»

Elle a également dû faire presser les plus imposantes pièces -comme ses majestueuses barquettes- à Montréal car les presses de la MMAQ n'étaient pas assez grandes.

Elle a vu ses frais de production grimper à cause de cela, mais elle a réalisé, du même souffle, qu'il y avait un besoin à Québec d'une presse à vaisselle grand format. Ces machines permettent de créer de la vaisselle standardisée et très solide comparativement à la vaisselle faite entièrement à la main. Les restaurateurs cherchent d'ailleurs ce type de couverts.

«Il n'y a que deux presses comme celle-là, à Montréal», indique la céramiste.

Avec sa fougue communicative, il lui a fallu peu de temps pour convaincre ses acolytes Simon Robert et Karine Blanchet de se lancer en affaires ensemble. Leur but: créer une entreprise d'art design qui aura à sa disposition une grande presse à vaisselle. Kathleen pourra réaliser tous les projets qu'elle a en tête et répondre aux nombreuses commandes qui atterrissent sur son bureau. Mais elle veut également offrir la possibilité à d'autres céramistes d'utiliser la machine qui coûte 40 000 $.

«Je pense qu'il y a un bon potentiel pour ce type de vaisselle. C'est du travail d'artiste, mais fait en série et d'une façon qui rend la vaisselle durable et aussi résistante que celle qui vient de Chine», indique Kathleen, qui souligne que la production de masse permet également de réduire les coûts de production, et donc le prix de vente.

Les trois associés vont déposer leur projet à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) prochainement et sont confiants de pouvoir démarrer leur atelier à la fin de l'année.

D'ici là, Kathleen va continuer de travailler à vive allure. Elle prépare des lampes et une mosaïque pour la Société Cigare, voisine du Cosmos sur la Grande Allée, et a plusieurs commandes dans son carnet. Elle confectionnera également de la vaisselle pour une exposition qui sera inaugurée à la mi-juin à Materia. Six céramistes seront jumelés à des restaurants pour présenter de la vaisselle «savoureuse».

L'aventure de Kathleen Proulx avec le Laurie Raphaël lui a apporté une expertise dont peu de céramistes disposent à Québec. Gageons qu'on n'a pas fini d'entendre parler d'elle.

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Les créations de Kathleen Proulx sont en vente au Laurie Raphaël ainsi qu'à la boutique Urbanités, 249, rue Saint-Vallier Est.