«Avec certaines collections de meubles contemporains, ça prend obligatoirement des walk-ins, constate Luc Frédéric, vendeur chez Roche-Bobois, à Québec. Avec leurs minitiroirs, les commodes et les tables de chevet sont parfois plus design que pratiques. Il faut donc que les gens aient d'autres solutions pour leurs vêtements.»

«Avec certaines collections de meubles contemporains, ça prend obligatoirement des walk-ins, constate Luc Frédéric, vendeur chez Roche-Bobois, à Québec. Avec leurs minitiroirs, les commodes et les tables de chevet sont parfois plus design que pratiques. Il faut donc que les gens aient d'autres solutions pour leurs vêtements.»

Et une de ces «solutions», ce sont les systèmes de rangement. Roche-Bobois fait affaire avec la compagnie italienne Silenia, qui propose deux séries sophistiquées de penderies sur mesure: Libre Ensemble, vaguement zen, et Écrin Total, d'esprit scandinave. «Le concept est en train de se développer ici, observe M. Frédéric. Ça nous est de plus en plus demandé, bien que les gens de Québec, encore aujourd'hui, accordent moins d'importance à leur chambre qu'à leur salon.»

L'audacieux qui introduira pareil rangement dans sa chambre à coucher doit savoir qu'il n'y a rien de standard. «L'achat se fait en plusieurs étapes, poursuit Luc Frédéric. Il faut évaluer les besoins de la personne et l'espace dont elle dispose.» Son rangement pourra être installé dans une pièce à part, servir de cloison entre la salle de bains, par exemple, ou s'inscrire dans l'esprit des garde-robes traditionnelles, mais avec un souci maximal d'organisation. Nous voici bien loin des paniers d'osier et des boîtes de carton décoratives.

Portes coulissantes, tiroirs vitrés, casiers sur mesure, tringles métalliques superposées, étagères ouvertes: le raffinement et l'efficacité n'ont pas de limite. Tout trouver en un coup d'oeil. Les fringues de monsieur à gauche, celles de madame à droite. Les vêtements d'hiver au nord, ceux d'été au sud. Jamais de grand chambardement à la veille des changements de saison. L'ordre s'est transformé en art. La penderie est devenue design.

Design et organisation

«Quand tu es organisé, la maison paraît plus grande», philosophe Diane Clermont, de California Closet, une entreprise américaine qui a ouvert une franchise à Montréal il y a 15 ans. Les débuts ont été plutôt lents. Mais maintenant? «Oh my God! On est tellement occupé, affirme-t-elle. Les délais sont de plus d'un mois, juste pour une consultation.»

Les «non-Montréalais» ne sont pas en reste. Ils n'ont qu'à remplir un formulaire dans lequel ils précisent leurs besoins, leur nombre de jupes, de vestons, de pantalons, de cravates, de sacs à mains, de chemisiers, de ceintures, etc. Un designer les contacte ensuite, puis se rend chez eux, si nécessaire. «Au lieu de vendre leur maison, les gens préfèrent souvent s'organiser», constate Diane Clermont.

La penderie est devenue design. (Photo: Ktêma)

S'organiser, oui! Et embellir leur intérieur par la même occasion. Claude Konikow, de Ktêma, à Montréal, jure que les rangements de l'entreprise italienne Progetti donnent souvent le ton à la décoration d'un lieu. Plus qu'un walk-in, ils éliminent les commodes, tout en laissant davantage d'espace aux vêtements.

«On peut y agencer des vases, des chaises, et ménager des ouvertures pour circuler d'une pièce à l'autre», mentionne-t-il. Parfait pour les lofts sans division ni placard. Beaux du dedans comme du dehors, avec leurs finis laqués, patinés ou en bois, ils s'affichent aussi fièrement qu'un lit ou qu'une jolie coiffeuse. Faciles à démonter, ils peuvent être déménagés.

Le designer Dennis Plante observe cet engouement pour le rangement depuis une dizaine d'années. «Oui, c'est un luxe», convient-il. Surtout si le client succombe au tek. Mais, règle générale, il se contente de mélamine au fini bois. Il demandera parfois une table, pour y déposer chemise et cravate qu'il agencera parfaitement. À défaut de la lumière du jour, un bon éclairage est donc essentiel. Un fluorescent avec rendu de couleur de plus de 85 % permettra d'éviter de confondre le noir avec le marine.

À l'occasion, les acheteurs de maisons neuves lui demandent de leur installer, dans la salle de bains, des tiroirs pour les sous-vêtements. Décidément, les commodes et les chiffonniers deviennent obsolètes. «C'est out!», décrète Dennis Plante.

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