Si l’attaque de l’Iran contre Israël était attendue, ses conséquences pourraient tout de même transformer la situation géopolitique au Moyen-Orient. La Presse en a discuté avec deux experts de la région.

Faut-il craindre une explosion du conflit ?

De l’avis de Sami Aoun, spécialiste du Moyen-Orient et membre de la Chaire Raoul-Dandurand, une possible escalade dépend de nombreux facteurs, dont les dommages causés par l’attaque iranienne. « On ne sait pas en ce moment. » De son côté, Hani Faris, spécialiste de la politique du Moyen-Orient de l’Université de la Colombie-Britannique, croit qu’Israël pourrait prendre cette attaque comme une opportunité de mettre de la pression sur les États-Unis afin qu’ils attaquent l’Iran. « Si ça se produit, on pourrait voir une conflagration majeure au Moyen-Orient, voire une guerre entre plusieurs partis qui pourrait être destructrice pour le futur de la région », s’inquiète-t-il.

Est-ce que l’attaque de l’Iran était une surprise pour Israël ?

« Depuis le 7 octobre, Israël veut provoquer l’Iran pour le tirer dans la guerre, d’où cette frappe [le 1er avril] contre le consulat iranien à Damas », affirme Sami Aoun. Pour lui, la réplique iranienne a été mesurée. « Il y a eu beaucoup de tractations entre Américains et Iraniens, par l’entremise de médiateurs, pour se mettre d’accord que la réplique iranienne soit limitée. Il n’y a pas d’effet de surprise, mais l’ajout de missiles rend ça certainement plus risqué et dangereux », soutient M. Aoun.

En quoi l’Iran pose-t-il une menace pour Israël ?

Israël considère l’Iran comme le seul pays qui puisse lui tenir tête dans la région, affirme Hani Faris. « Dans la région, l’Iran est le seul pays qui s’est toujours rangé du côté des Palestiniens. De plus, l’Iran est un pays très avancé technologiquement doté de scientifiques et de diplomates très éduqués. En plus, c’est en train de devenir une société industrialisée, très riche en pétrole », estime M. Faris. L’Iran peut aussi compter sur la collaboration d’un « réseau tentaculaire de milices » comme le Hezbollah irakien et le Hezbollah libanais, qui s’opposent à Israël, ajoute le spécialiste.