(Washington) Le djihadiste Seïf al-Adl, un ancien membre des Forces spéciales égyptiennes basé en Iran, est le chef d’Al-Qaïda depuis qu’Ayman al-Zawahiri a été tué à l’été 2022, a dit mercredi le département d’État américain.

Téhéran a réagi jeudi à cette annonce en dénonçant des « désinformations » et en jugeant « risible » de « lier le chef d’Al-Qaïda à l’Iran ». « Les créateurs d’Al-Qaïda et du groupe État islamique sont responsables de la croissance du terrorisme dans le monde », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en mettant en cause les États-Unis dans un tweet.

La veille, un porte-parole de la diplomatie américaine avait indiqué que l’évaluation de son pays était « la même que celle de l’ON – -à savoir que le nouveau dirigeant de facto d’Al-Qaïda Seïf al-Adl est basé en Iran ».

Il faisait référence à un rapport des Nations unies publié mardi qui indiquait que le point de vue dominant chez les États membres était que Seïf al-Adl était « maintenant le dirigeant de facto d’Al-Qaïda, représentant la continuité pour l’instant ».

Mais, selon ce texte, le groupe ne l’a pas formellement déclaré « émir » pour deux raisons : d’abord parce que c’est un sujet délicat vis-à-vis des autorités talibanes en Afghanistan, qui n’ont pas voulu reconnaître que Zawahiri a été tué par les Américains dans une maison à Kaboul l’an dernier.

Ensuite parce que Seïf al-Adl réside en Iran, pays majoritairement chiite, alors qu’Al-Qaïda est un groupe sunnite.

« L’endroit où il est basé soulève des questions qui pèsent sur les ambitions d’Al-Qaïda en vue d’affirmer son leadership d’un mouvement mondial face aux défis de l’EI », le groupe rival État islamique, dit le rapport de l’ONU.

Seïf al-Adl, aujourd’hui sexagénaire, était jadis lieutenant-colonel dans les Forces spéciales égyptiennes. Il est une figure de la vieille garde d’Al-Qaïda.

Il a aidé à bâtir les capacités opérationnelles du groupe et a formé certains des pirates de l’air qui ont pris part aux attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis, selon le Counter Extremism Project.

Il est en Iran depuis 2002 ou 2003 et si au départ il était en résidence surveillée, il a pu plus tard faire des voyages au Pakistan, d’après Ali Soufan, un ancien enquêteur du FBI.

« Seïf est l’un des soldats professionnels les plus expérimentés du mouvement djihadiste mondial, et son corps porte les traces du combat », a-t-il écrit en 2021 dans le CTC Journal.