(Damas) Le chef de l’OMS a déclaré dimanche que le président syrien Bachar al-Assad s’était montré prêt à envisager l’ouverture de nouveaux points de passages frontaliers pour acheminer l’aide aux victimes du séisme dans le nord-ouest du pays, zone tenue par les rebelles.

Tedros Adhanom Ghebreyesus s’est entretenu dans l’après-midi avec Bachar al-Assad sur l’aide à apporter aux victimes du séisme dévastateur du 6 février qui a frappé le sud-est de la Turquie et la Syrie, en particulier les zones rebelles du nord-ouest.

« Les crises cumulées du conflit, de la COVID-19, du choléra, du déclin économique et maintenant du tremblement de terre ont fait des ravages insupportables », a déclaré M. Tedros, qui s’est rendu la veille à Alep, lors d’une téléconférence de presse depuis Damas.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ajouté qu’il « attendait de franchir les lignes pour se rendre dans le nord-ouest, où l’on nous a dit que l’impact était encore pire ».

Le seul point de passage opérationnel depuis la Turquie vers les zones rebelles ravagées par le séisme, Bab al-Hawa, a été endommagé pendant le tremblement de terre. L’aide y transite à nouveau depuis jeudi, mais des appels se multiplient pour que d’autres points de passage frontaliers soient ouverts.

« Cet après-midi, j’ai rencontré Son Excellence le président Assad, qui a indiqué être ouvert à l’idée d’envisager des points d’accès transfrontaliers pour cette urgence », a affirmé M. Tedros.  

L’aide humanitaire parvient dans les zones rebelles via la Turquie dans le cadre d’un mécanisme transfrontalier créé en 2014 par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Damas et son allié Moscou s’y sont longtemps opposés, arguant d’une violation de souveraineté. Sous pression de la Russie et de la Chine, le nombre de points de passage a été réduit de quatre à un.

Le reste de l’aide doit transiter via le territoire sous contrôle du régime syrien, et Damas a annoncé cette semaine avoir donné son feu vert au passage de l’aide internationale destinée aux zones rebelles.

M. Tedros a salué « l’approbation générale donnée récemment par le gouvernement syrien aux convois transfrontaliers de l’ONU », tout en précisant que l’OMS attendait toujours le feu vert des autorités des zones rebelles pour y entrer.  

« Nous sommes en attente », a-t-il déclaré.

Vendredi soir, le chef du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), Abou Mohammad al-Jolani, a exprimé son refus de faire parvenir des aides depuis les territoires contrôlés par le régime syrien.

« Nous n’avons pas d’équipes prêtes à sécuriser ces aides des zones du régime jusqu’ici », a argué le chef du HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda lors d’une conférence de presse, publiée samedi sur Telegram.

« Bab al-Hawa existe. Nous n’avons pas besoin d’apprêter des équipes spécialement pour que l’aide pénètre via les zones du régime », a-t-il ajouté,  

Pour le directeur de l’OMS pour la région de la Méditerranée orientale, Richard Brennan, « il n’y a eu aucune livraison d’aide depuis le séisme » en zone rebelle depuis les territoires contrôlés par le régime.

« Une était prévue il y a quelques jours. Nous négocions toujours », a-t-il déclaré à la presse.

Avant le séisme, l’ONU était autorisée à un convoi d’aide par mois, insuffisant, a-t-il indiqué.  

« Maintenant, évidemment, il y a un caractère d’urgence bien supérieur », a ajouté M. Brennan. « Ce dont nous avons besoin c’est d’un accès massif », a renchéri Michael Ryan, chargé de la gestion des situations d’urgence sanitaire à l’OMS.