L'esplanade des Mosquées à Jérusalem, au coeur des tensions entre musulmans et juifs, est à la fois un haut lieu de l'islam et un site sacré pour le judaïsme, au potentiel explosif depuis des décennies.

Elle s'étend sur 14 hectares au centre de la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur arabe annexé par Israël en 1967 et dont les Palestiniens réclament la souveraineté pour en faire la capitale de l'État qu'ils appellent de leurs voeux. Le site, appelé par les musulmans Al-Haram al-Charif (Noble Sanctuaire), héberge la mosquée d'Al-Aqsa et celle du Dôme du Rocher.

L'esplanade est le troisième lieu saint de l'islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du prophète de Médine en Arabie saoudite.

Elle a commencé à être construite au VIIe siècle, après la prise de Jérusalem par le calife Omar. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont le principal vestige est le Mur occidental, dit des Lamentations, principal lieu de pèlerinage du judaïsme.

L'Esplanade est appelée Mont du Temple par les juifs et les chrétiens. C'est le site le plus sacré du judaïsme au point que le rabbinat ultra-orthodoxe interdit aux fidèles de s'y rendre de crainte qu'ils ne foulent le «Saint des Saints».

Des groupuscules ultranationalistes juifs, qui veulent reconstruire le Temple, bravent régulièrement cet interdit, provoquant des heurts avec les musulmans.

Des dignitaires et des organisations musulmanes -en premier chef le «Mouvement islamique» en Israël- accusent ces groupuscules de chercher, avec la complicité des autorités qui le nient, à détruire l'esplanade et à reconstruire le Temple à son emplacement.

Déjà, en 1929, une vague sanglante d'émeutes avait déferlé en Palestine sous mandat britannique au nom de la défense du «Noble sanctuaire».

En 1996, le percement par la municipalité israélienne de Jérusalem, alors dirigée par le premier ministre Ehud Olmert, d'un tunnel longeant l'esplanade et aboutissant dans le quartier musulman, avait déclenché des émeutes sanglantes à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (plus de 80 morts parmi les Palestiniens et les Israéliens).

Le 28 septembre 2000, une visite -perçue comme provocatrice- du chef de la droite israélienne Ariel Sharon sur la même esplanade avait déclenché la seconde Intifada.

L'esplanade des Mosquées est gérée par l'Office des biens musulmans, le Waqf, indépendamment de l'administration israélienne, mais la police israélienne dispose d'un poste sur le site et en contrôle les accès.

Depuis 2003, la police autorise des visites de juifs en petits groupes, sans autorisation du Waqf, mais leur interdit d'y prier.