La Turquie et l'Arménie, opposées depuis des années sur la question des massacres d'Arméniens par les Ottomans qu'Erevan qualifie de «génocide», signeront le 10 octobre un accord en vue d'établir des relations diplomatiques, a annoncé Ankara dimanche.

«Les ministres des Affaires étrangères se réuniront le 10 octobre et signeront le document qui a été préparé», a déclaré à la presse le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, sans autres détails.

La signature par les ministres turc Ahmet Davutoglu et arménien Edouard Nalbandian doit avoir lieu à Zurich (Suisse), avait indiqué auparavant un responsable gouvernemental turc à l'AFP.

Les ministres signeront deux protocoles, dont les contenus ont déjà été acceptés de part et d'autre lors d'un processus de rapprochement encouragé par plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis.

La ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, dont le pays a fait l'intermédiaire entre Ankara et Erevan, sera probablement présente, a ajouté le responsable turc.

À Berne, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué qu'il «est possible que la cérémonie ait lieu en Suisse».

Aucun officiel n'était joignable sur le moment à Erevan pour commenter cette information d'Ankara.

Opposées de longue date par une histoire commune sanglante, la Turquie et l'Arménie ont annoncé le mois dernier avoir convenu de deux protocoles qui envisagent d'une part l'établissement de relations diplomatiques et la réouverture de la frontière commune, d'autre part la mise en place d'un calendrier pour une série de mesures d'amélioration des liens mutuels.

Mais pour devenir effectifs, ces deux protocoles doivent être ratifiés par les parlements des deux pays, ce qui devrait prendre du temps.

Les efforts de rapprochement en cours sont critiqués par les oppositions des deux pays, qui accusent leur gouvernement de faire trop de concessions.

La Turquie et l'Arménie s'opposent sur la question des massacres d'Arméniens par l'armée ottomane, pendant la Première guerre mondiale, massacres qu'Erevan qualifie de génocide.

Les massacres et déportations d'Arméniens pendant cette période ont fait plus d'un million et demi de morts selon les Arméniens, 300 000 à 500 000 selon la Turquie, qui récuse catégoriquement la notion de génocide reconnue par la France, le Canada et le Parlement européen.

La Turquie a aussi fermé sa frontière avec l'Arménie en 1993 en soutien à l'Azerbaïdjan, en conflit avec Erevan pour le contrôle de la région du Nagorny Karabakh, enclave peuplée d'Arméniens en territoire azerbaïdjanais.

Le premier ministre turc a déclaré à plusieurs reprises que son pays n'ouvrirait pas ses frontières avec l'Arménie tant qu'elle ne retirerait pas ses troupes de cette région séparatiste de l'Azerbaïdjan, pays turcophone et proche allié d'Ankara.

Dans le cadre des efforts de rapprochement, le président turc Abdullah G-l a invité son homologue arménien, Serge Sarkissian, au match de football Arménie-Turquie de qualification pour le mondial 2010, prévu le 14 octobre à Boursa (ouest de la Turquie).

M. Sarkissian n'a pas pour l'instant annoncé sa venue en Turquie.

M. G-l avait fait en septembre 2008 une visite historique en Arménie, la première d'un chef d'État turc dans ce pays, à l'occasion du match aller entre les équipes nationales.