L'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, candidat réformateur à la présidentielle du 12 juin en Iran, s'est engagé dans une interview à l'AFP à poursuivre un programme «modéré» de réformes s'il était élu, afin de ne pas provoquer ses adversaires conservateurs.

«Je serai modéré. Je suivrai une voie médiane», a dit ce religieux de 72 ans, critiquant le «radicalisme» qui a marqué selon lui la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005).

M. Karoubi, qui reçoit la presse dans un modeste bureau du nord de Téhéran, est resté discret sur le type de réformes qu'il entendait lui-même introduire, dans un système économique contrôlé à près de 80% par l'État.

«La première tâche est de contrôler la détérioration de la situation économique» a-t-il affirmé, alors que l'inflation annuelle atteint environ 25% avec le taux officiel de chômage 13%.

Il n'a pas fourni de remède à ces maux, mais a pointé du doigt les travers de l'administration du président Mahmoud Ahmadinejad qui en sont la cause selon lui.

«Ce genre de prise de décisions par un seul homme, cette façon de distribuer de l'argent, et de se servir de sommes substantielles du fonds de réserve en devises, et le renvoi de personnalités économiques de qualité, sont des choses que je ne continuerai pas de faire», a dit M. Karoubi.

Le chef de l'État ultraconservateur a été critiqué à de multiples reprises par des économistes à cause de sa politique dispendieuse et inflationniste. Ses adversaires politiques lui reprochent aussi de privilégier la fidélité à sa personne plutôt que la compétence.

Selon M. Karoubi, «les remaniements ministériels sous M. Ahmadinejad ont été sans précédent. En moins de quatre ans nous avons eu trois nouveaux directeurs de la banque centrale, au moins trois ministres de l'Intérieur et deux de l'Economie».

Il a en outre promis d'engager une politique de «détente» avec l'étranger afin d'attirer les investissements.

Quant au dossier du nucléaire iranien, qui vaut à l'Iran des sanctions de l'ONU, il a simplement affirmé qu'«il ne relève pas de mon domaine (...) c'est celui du guide suprême», l'ayatollah Ali Khamenei.

Mais le programme nucléaire «ne sera pas arrêté», a-t-il souligné.

La seule réforme concrète qu'il s'est proposé d'engager porte sur la suppression des patrouilles censées surveiller depuis plus d'un an le respect par les femmes du code vestimentaire islamique. «Si je deviens président je retirerai complètement les véhicules de la police de la moralité des rues».

Les femmes en Iran sont tenues de couvrir leur chevelure et de dissimuler leurs formes sous un manteau ample.

Le candidat s'est aussi engagé à traiter les questions sociales «d'une façon amicale, compassionnelle et raisonnable».

Mais ces engagements sont à tempérer avec son analyse de l'échec, selon lui, de M. Khatami à mener ses réformes.

«La principale raison était l'ignorance de certains réformateurs. Ils étaient soient incapables soient ignorants de la façon d'utiliser cette opportunité», a dit M. Karoubi, en mettant en cause leur supposé «radicalisme».

À l'inverse, des partisans de M. Khatami ont estimé qu'il avait péché par manque de fermeté.

M. Karoubi n'a pas indiqué comment il composerait avec un camp conservateur qui domine actuellement le parlement, le Conseil des gardiens de la constitution et le pouvoir judiciaire.

Quant à la campagne électorale, il a critiqué la couverture «sélective, destructrice et déformée» de ses discours par la télévision d'État.